LE LIVRE NOIR DE LA CIA, Yvonnick Denoël

*Kennedy esquissa un de ses sourires cyniques.
peut-être était-il une des rares personnes à déjà
savoir que, dans le monde des renseignements,
vérité et CIA étaient bien trop souvent opposées
une de l’autre. *
(Extrait : LE LIVRE NOIR DE LA CIA, YVONNICK DENOËL,
avec la collaboration de Gordon Thomas, Nouveau MND
éditeur, 2017. J’ai lu 2009, 444 pages. Pour la présente,
Nouveau Monde, 2007 en format numérique, 400 pages)

En 1947, le président américain Harry S. Truman fait passer un décret appelé NATIONAL SECURITY ACT qui créée officiellement l’agence centrale de renseignement, appellation officielle américaine : CIA, une des agences de renseignements les plus connues dans le monde. Elle sera chargée de l’acquisition du renseignement, l’organisation et la réalisation des opérations clandestines hors du territoire américain. Elle a le statut juridique d’une agence indépendante du gouvernement.

Selon WIKIPÉDIA, D’après un document fourni par Edward Snowden, le budget alloué à la CIA pour l’année 2012 s’élève à 15,3 milliards de dollars. Son budget en 2010 avait été évalué à 10 milliards de dollars américains, sur un programme de renseignement national s’élevant à 53 milliards. En 2009, l’ensemble des seize agences – aujourd’hui dix-sept – de l’Intelligence Community avait un budget annuel de 75 milliards de dollars et employait quelque 200 000 personnes dans le monde, y compris des entrepreneurs privés.

Assassinats de dirigeants étrangers, coups d’État, trafic d’armes et de drogues, soutien à des groupes terroristes, détentions abusives et tortures, expérimentations d’armes. Depuis sa création, la CIA n’a cessé de multiplier les infractions à la loi. Elle déclassifie une partie de ses archives arguant que les dérapages de la guerre froide sont aujourd’hui révolus. Ce livre montre qu’il n’en est rien. Cet ouvrage dresse un bilan aussi exhaustif que possible des méthodes douteuses de l’Agence, des origines à nos jours. Il reproduit les archives permettant d’approcher la vérité. On trouve ici de nombreuses anecdotes inédites sur des épisodes que l’on croit connaître.

Une évidente dérive
Malgré les 23 000 espions et analyste qu’elle emploie,
la CIA apparait dans ces documents comme une agence
rongée par le doute, les récriminations internes et les
échecs. Cette vérité s’est cachée derrière un demi-
siècle de livres et de films romanesques présentant la
CIA comme le super-espion du monde libre.
(Extrait)

Il est difficile de commenter un tel livre et encore plus de le critiquer. Après tout, ce n’est qu’un recueil de faits avérés. Là où ça peut être intéressant pour les amateurs d’histoire, entre autres, c’est que ce livre réunit la collection complète des coups tordus d’une agence américaine qui dérive depuis sa création.

Il n’y a jamais eu d’enfants de chœur dans cette agence spécialisée dans l’accomplissement des basses œuvres du gouvernement américain et si j’en juge par les succès de l’agence, pas très flatteurs, il n’y a pas eu beaucoup de stratèges efficaces :

*Mais, tout comme il existe des flics véreux, la CIA a eu plus que sa part d’officiers corrompus. Contre toute attente, on a même découvert une taupe en son sein, en pleine ère Gorbatchev. Certains agents sont devenus alcooliques, d’autres sont sortis mentalement malades d’opération secrètes qui furent ensuite encensées pour ajouter à la légende de la CIA. * (Extrait)

Le volume comprend l’historique des opérations et les documents à l’appui… supposés secrets, qui prennent plus de 50% de la place dans le livre. Étonnant que l’agence SECRÈTE ait laissé sortir autant d’informations sensibles. Ceci dit, l’ensemble est très instructif.

Des centaines d’histoires incroyables circulent sur le compte de la CIA. Le livre de Denoël réunit les plus marquantes. Le livre évoque entre autres la protection des criminels de guerre nazis, l’expérimentation de drogues et de la torture sur des innocents, les nombreuses tentatives de meurtre sur la personne de Fidel Castro.

À cela s’ajoutent le *nettoyage* du Vietnam et du Laos, l’affaire Watergate, sans oublier la célèbre fable des armes de destruction massive en Irak…armes qu’on a toujours pas retrouvés. Le livre est divisé par suite de règnes présidentiels : Les années Truman-Eisenhower, Kennedy-Johnson, Nixon-Ford, Reagan-Bush sr et les années Clinton et Bush.

Plusieurs éléments découlant de l’historique des opérations et des témoignages m’ont simplement sidéré. Le fait par exemple qu’on planifie des assassinats avec autant de scrupules que si on planifiait une liste d’épicerie, les sommes colossales d’argent englouties par l’Agence pendant la guerre froide La chasse aux sorcières qui devait empêcher le communisme de gagner du terrain dans le monde a été le prétexte aux pires excès.

J’ai été aussi surpris du peu de contrôle exercé sur la CIA, allant même jusqu’à me demander qui gouverne aux États-Unis. J’ai compris qu’une agence de renseignements est indispensable dans une saine démocratie au moins pour voir venir les coups durs. Mais je m’explique mal une telle série de dérapages.

Les témoignages m’ont donné l’impression, sinon la conviction que la CIA échappait aux lois américaines ou les contournait joyeusement. Pas très reluisant comme palmarès.

Quant à la présentation du livre, à l’écriture et à l’originalité, je dirais que l’ensemble est plutôt indigeste car pour comprendre le positionnement de la CIA, il faut comprendre l’administration américaine et c’est un véritable panier de crabes.

Beaucoup d’instances politiques et administratives, beaucoup d’agences, une bureaucratie lourde et tentaculaire, le tout opacifié par le trafic d’influence, la recherche du pouvoir, l’ambition et j’en passe. Les non-initiés risquent d’y perdre leur latin.

Par contre, je le rappelle, l’ouvrage est instructif et s’annonce très intéressant pour les amateurs d’histoire, particulièrement ceux qui s’intéressent aux enjeux de la guerre froide. Personnellement, j’ai perdu mes illusions. Comme vu plus haut, le livre est très documenté, tellement qu’il devient opaque, difficile à lire.

À lire dans le calme, avec des pauses et de la patience. Livre intéressant spécialement sur le plan historique.

Suggestion de lecture : MOMENTUM, Patrick de Friberg

Spécialiste du renseignement, Gordon Thomas photo , est l’auteur de plus de quarante ouvrages traduits dans le monde entier, dont les best-sellers Histoire secrète du Mossad et Les armes secrètes de la CIA. Il est également journaliste d’investigation, collaborant avec le Sunday Express ou la BBC. Yvonnick Denoël est historien et éditeur.

Bonne lecture
JAILU/Claude Lambert
Le samedi 15 octobre 2022

LA CONSTELLATION DU LYNX, Louis Hamelin

*5 octobre 1970, enlèvement du délégué commercial de Grande Bretagne, John Travers par le Front de libération du Québec.
10 octobre, enlèvement du numéro 2 du Gouvernement québécois.
15 octobre, la force mobile de l’Armée canadienne intervient au Québec.
16 octobre, proclamation de la loi sur les mesures de guerre par le gouvernement central du Canada, suspension des libertés civiles…près de 500 citoyens détenus sans mandat.
17 octobre, le corps du numéro 2 est retrouvé dans le coffre d’une voiture… *

(Extrait : LA CONSTYELLATION DU LYNX, Louis Hamelin, à l’origine, papier, Boréal, 2011. Version audio : Audible Studios éditeur, durée d’écoute : 17 heures 5 minutes, narrateur : Maxim Gaudette.)

En 2001: l’écrivain Samuel Nihilo décide de poursuivre les recherches de son professeur sur la crise d’octobre 1970. De Montréal jusqu’au village mexicain de Zopilote, où les chemins de Nihilo et d’un ex-felquiste se croiseront, en passant par l’Abitibi des grands espaces, les recherches de Samuel vont rapidement se concentrer sur le rôle joué en 70 par les services secrets, l’escouade antiterroriste, et toute une panoplie de personnages pas nets, dont le spectre quasi shakespearien du ministre assassiné!

Québec se souvient
d’un certain mois d’octobre
*Ils s’étaient d’abord baptisés les <octobristes> un calque
des <décembristes> russes rencontrés dans Tolstoï. Puis à
force de descendre des rivières et des rivières de bière dans
leurs abreuvoirs de prédilections de la rue Ontario, le mot
<octobiériste> avait fini par s’imposer de lui-même.*
(Extrait)

C’est un premier roman sur la crise d’octobre qui a plongé le Québec dans la noirceur en 1970. Personnellement je le considère essentiellement comme un thriller politique. L’idée de base est intéressante.

Un écrivain décide de poursuivre des recherches sur la crise d’octobre laissée en plan par un ancien prof de l’écrivain, le poète Chevalier Branlequeue. C’est un nom de plume évidemment. Pour moi c’est un choix incompréhensible mais je passe. Chevalier a vu de façon catégorique, la crise d’octobre comme une vaste machination politique.

L’écrivain appelé Samuel enquête afin de savoir s’il doit valider ce jugement ou pas. Son investigation l’amène à croiser des anciens felquistes et apprendra l’existence d’une batterie de personnages qui sont loin d’être des enfants de choeur. Il fera des découvertes parfois surprenantes.

C’est un roman très documenté, un énorme travail de reconstitution historique bien évidemment assorti d’un caractère romanesque qui camoufle toutefois des tendances éditoriales. J’ai senti comme un *parti pris* de l’auteur.

Il faut faire attention dans l’écoute du récit car il est truffé de sauts temporels qui mêlent le passé et le présent. Tous les noms des personnages ont été changés. Le récit est surtout concentré sur Paul Lavoie, le ministre du travail qui comme on le sait finira assassiné et ici l’auteur développe tout un schéma de pensée sur les circonstances de la mort du ministre.

Il passe en revue ses états d’âme pendant sa captivité et le fait que sa mort arrangeait plusieurs hautes pointures du gouvernement. Le diplomate britannique James Cross devenu John Travers dans le récit, n’était pas très net lui non plus mais comme on le sait, il s’en est tiré. Tout le long du récit, l’auteur m’a semblé s’en tenir à la machination, la manipulation et la conspiration politique :

*Nous vivions à une époque où l’idée même de conspiration avait été réduite…à la permanente caricature d’elle-même, discréditant d’avance toute tentative de réflexion un peu soutenue sur le thème des manipulations politiques* (Extrait)

Je sors de cette écoute mitigé mais satisfait du choix de l’auteur d’avoir empreint son récit d’une forme romanesque de préférence à l’essai par exemple. Toutefois, ce n’est pas un récit aisé à suivre à cause de ses multiples flash-backs et imbrications du passé dans le présent dont je n’ai pas vraiment saisi la logique. Cette façon d’écrire dilue l’aspect évènementiel et par la bande, la compréhension de l’histoire.

La grande agitation qui caractérisait la Société est palpable mais je n’ai pu sortir de cette écoute avec une complète compréhension de ce qu’il raconte. La succession des chapitres m’a paru étrange et j’ai noté des redondances et de la répétition. Excellente recherche quant à la psychologie des personnages mais l’histoire est très centrée sur les terroristes.

J’aurais souhaité une meilleure pénétration des coulisses du pouvoir. Je ne peux pas vraiment adhérer à l’opinion de l’auteur et son récit ne m’a pas vraiment permis de m’en faire une. Je crois tout de même que c’est un roman d’une grande valeur. De plus, le narrateur Maxim Gaudette a raconté l’histoire comme s’il ne s’adressait qu’à moi… un enchantement.

C’est d’ailleurs l’énergie narrative de Maxim qui a rendu presque comique à mes oreilles la crudité du langage qui caractérise l’œuvre. Enfin, la Société de l’époque est bien dépeinte  mais pas toujours de façon gentille :

*Dans quelle autre nation du globe vit-on s’édifier des quasi-cathédrales dans des villages dont la population, même en comptant les pas fins et les moitiés de sauvages installés au fond des rangs, n’a jamais excédé 3 000 âmes?* (Extrait) Non seulement le sujet développé est intéressant malgré quelques faiblesses, mais la narration fût une vraie petite fête pour mes oreilles.

Suggestion de lecture :  LA THÉORIE DES DOMINOS, Alex Scarrow

Louis Hamelin est né à Grand-Mère (maintenant Shawinigan) en Mauricie. Dès la fin des années 1980, il se consacre à l’écriture. En 1989, il reçoit le Prix du Gouverneur général pour son premier roman, La Rage. Chroniqueur littéraire au Devoir et à Ici Montréal, ses textes sont publiés en 1999 aux Éditions du Boréal, sous le titre Le Voyage en pot. Louis Hamelin a collaboré à une quinzaine de journaux et de revues et publié près d’une dizaine de livres. Tous s’accordent pour dire que Louis Hamelin occupe une place de choix dans l’univers littéraire québécois. La Constellation du lynx a reçu le prix des libraires du Québec 2011 et le prix littéraire des collégiens 2011.

Pour en savoir plus sur la crise d’octobre 1970, cliquez ici.

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 17 septembre 2022

LE POISON SECRET, Francis Leblanc

Tome 1 : LA FAUX FANTÔME

*Écorché de partout, l’homme émergea dans une flaque d’eau sale et plissa les yeux pour mieux distinguer les silhouettes. L’une d’entre elles était celle de sa mère ; l’autre, derrière elle, était celle de Vysper Salaman, l’un des élites les plus efficace dont disposaient les empoisonneurs. Ce dernier appuyait une lame contre la gorge de sa femme. *  

Extrait du prologue LE POISON SECRET, 1 : LA FAUX FANTÔME Francis Leblanc, Éditions ADA 20018, version numérique, 313 pages.

Depuis 600 ans, le monde est aux prises avec la faux fantôme, une épidémie mortelle qui frappe dès que la population du continent excède les 50 millions d’habitants. C’est pour cette raison qu’ont été créés les Marécages, une organisation d’empoisonneurs dont le rôle est de préserver l’équilibre des morts et des naissances afin de limiter les ravages de la pandémie. Chaque saison, des élections ont lieu partout afin de déterminer quels seront les malheureux élus qui devront être sacrifiés pour le bien commun. Skill Venial, 18 ans, vient tout juste de terminer ses études d’empoisonnement et s’apprête à prendre part à son dernier stage.

Il est envoyé à Syrak, la capitale d’Insectia, afin d’éliminer la famille royale, pour qui la majorité des habitants a voté lors des dernières élections. Mais le jeune réussira-t-il à satisfaire les attentes de son sinistre et dangereux mentor, Vysper Salaman? Résoudra-t-il le mystère du poison secret, dont dépend l’avenir du monde entier?  

Trop de monde dans le monde
*Désormais, que dirait leur mère si elle apprenait
qu’ils savaient extraire le venin des araignées ?
Qu’en cours d’animaux venimeux, ils avaient
passé un examen qui consistait à être ensevelis
sous une horde de mygales, de veuves noires et
d’araignées errantes sans paniquer ?
(Extrait)

LE POISON SECRET est un roman de type fantasy pour les 13-18 ans. Toutefois en tant qu’adulte je l’ai trouvé très intéressant car il développe un thème qui hante les populations en général et les scientifiques en particulier : la surpopulation et les risques potentiels de catastrophes naturelles ou artificielles susceptibles de ramener le nombre d’êtres humains à des proportions acceptables pour la planète.

Selon le professeur Will Steffen de l’Université d’Australie, la population que la Terre peut supporter est estimée à 9 milliards de personnes. Si le thème est récurrent en littérature, voire un peu usé, je dois dire qu’il est développé avec beaucoup d’imagination dans LE POISON SECRET, LA FAUX FANTÔME car il repose sur une intrigue qui donne au récit un cachet très actuel.

Sur une petite planète, dans une société du futur, dès que la population dépasse 50 millions de personnes, une épidémie mortelle frappe pour baisser le nombre d’individus à un niveau acceptable. Pour préserver l’équilibre morts/naissances et limiter la pandémie, on a créé LES MARÉCAGES, une organisation d’empoisonneurs surentraînés.

Les victimes sont choisies au hasard et le hasard a délégué entre autres à la mort la famille royale d’Insectia. C’est curieux à dire mais ce choix va provoquer un spectaculaire affrontement entre empoisonneurs professionnels. Tout ça pour limiter les effets de LA FAUX FANTÔMES qui n’est pas là par hasard.

*Notre continent est surpeuplé, Lydia, ne t’en rends-tu pas compte ? Nous souffrons constamment de guerre et de famine, et la seule raison pour laquelle nous y survivons, c’est justement grâce à la faux fantôme. Parce que chaque famille choisit d’avoir près d’une dizaine d’enfants, malgré toutes les potions contraceptives que nous offrent les Marécages !  (Extrait)

Le cœur du récit est un peu dans ce dernier extrait mais il y a plus, LA FAUX FANTÔME est au cœur de l’intrigue et ça fait de l’histoire quelque chose d’un peu plus complexe et plus abouti qu’une simple guerre de sarbacanes. Histoire intéressante mais un peu difficile à suivre car il y a une grande quantité de personnages qui ne sont pas beaucoup travaillés et le fil conducteur est fragile.

En dire plus sur LA FAUX FANTÔME reviendrait à trahir l’auteur mais j’ai été agréablement surpris. Il y a de bonnes idées, de belles trouvailles. Bien sûr, j’avais parfois l’impression d’être plongé dans le manuel du parfait empoisonneur. Le poison est omniprésent. L’histoire même commence par un match amical d’empoisonneurs.

Éviter l’empoisonnement est un exploit qui relève d’une imagination très fertile et ce n’est pas l’imagination qui manque dans cette histoire. Les humains ne sont jamais allés aussi loin dans ce domaine. Mais le poison ça nous connaît. Lisez l’histoire de Rome, vous allez comprendre.

Vous n’aurez peut-être pas besoin de remonter aussi loin car la finale de cette histoire nous réserve une petite surprise qui nous ramène à notre terrible réalité : le terrorisme. Je ne peux pas en dire plus, mais la finale de cette histoire consacre un caractère des plus actuels à l’ensemble du récit. Ma satisfaction a été complète quand j’ai réalisé que la table avait été mise pour une suite.

Donc un livre intéressant. Faiblesses : psychologie des personnages, parfois difficile à suivre. Je suis un peu mitigé quant au développement contextuel. Forces : Trame originale, beaucoup d’imagination, lien intéressant avec l’actualité, bon rythme, excellente finale. J’ai été satisfait de ma lecture.

Pour en savoir plus sur la surpopulation, visitez levif.be

Suggestion de lecture, sur le thème de la surpopulation : TOUS À ZANZIBAR de John Brunner


L’auteur Francis Leblanc

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 28 août 2022

 

APOCALYPSE SUR COMMANDE, de KEN FOLLETT

*Dans le vignoble, l’eau monte jusqu’aux genoux des Travailleurs, jusqu’à leur taille, jusqu’à leur cou. Il essaie de crier pour prévenir ceux qu’il aime, leur dire de bouger maintenant, vite, dans les secondes à venir ! Mais il a beau ouvrir la bouche et faire des efforts désespérés, aucun son ne sort. La terreur le submerge. L’eau vient clapoter dans sa bouche ouverte. À ce moment-là, il se réveille.*

(Extrait : APOCALYPSE SUR COMMANDE, Ken Follett, le livre de poche,  1998, édition numérique. 432 pages, best-seller, éd. originale : Robert Lafont)

Des terroristes d’un nouveau genre provoquent des catastrophes naturelles. Allons-nous être menacés par des tremblements de terre, des éruptions volcaniques ou des raz de marée ? Sur l’écran du célèbre sismologue Michael Quercus, tout indique que le dernier tremblement de terre californien a été provoqué artificiellement. Les Soldats du Paradis, terroristes jusqu’alors inconnus, auraient-ils raison lorsqu’ils affirment être les auteurs du cataclysme ? Un deuxième séisme ébranle une petite ville, tuant les habitants et semant une panique meurtrière. Mais que veulent les Soldats du Paradis ? Comment s’y prennent-ils, jusqu’où iront-ils ? Et qui peut les arrêter ? 

Les soldats du paradis
C’est un lieu saint. Protégé par le secret
et les prières. Il est resté pur. Ceux qui Y
vivent sont libres tandis qu’au-delà de la
vallée, le monde a sombré dans la
corruption, l’hypocrisie, la déchéance et
la cupidité.
(Extrait)

C’est un thriller intéressant mais en-deçà du talent de Ken Follett, surtout spécialisé dans les thrillers politiques et historiques. Voyons le contenu : Une communauté hippie qui se fait appelée LES SOLDATS DU PARADIS squatte une vallée isolée de la Californie. Or cette vallée est choisie pour un projet de construction de barrage menaçant ainsi le petit paradis de la communauté dirigée par un psychopathe : Richard Priest.

Pour sauver sa vallée, Priest eut l’idée de voler un vibrateur sismique lui donnant le pouvoir de provoquer des tremblements de terre afin de forcer le gouverneur de l’État à négocier. L’idée est de déclencher des tremblements de terre de plus en plus puissants en utilisant un camion de sismologie abritant le puissant vibrateur, volé à une entreprise pétrolière.

Je crois que c’est l’originalité de l’histoire qui sauve l’ensemble. Provoquer des tremblements de terre sur commande est une trouvaille même si c’est peu crédible sur le plan scientifique. Le roman traîne en longueur dans sa première partie malgré l’action  soutenue.

Le récit comporte des irritants et des failles (sans jeu de mot) des sous-thèmes usés : une agente du FBI qui se bat à la fois contre un écoterroriste et ses chefs, cette même agente qui tombe en amour avec un expert en sismographie…banal et prévisible. La façon dont Priest échappe continuellement à ses poursuivants est toutefois bien travaillée.

Si les sous-thèmes sont surexploités, on ne peut pas en dire autant du thème principal. Le mot APOCALYPSE est nettement exagéré. Je n’ai pas senti d’intensité dramatique…pas d’éléments anxiogène. L’action n’est issue que de la course-poursuite.

L’histoire de la communauté qui vit à l’écart de la Société dans un espèce de jardin d’Eden est aussi un thème usé mais la façon dont Follet le développe est intéressant. Malheureusement, le tout se banalise avec le caractère psychopathe du gourou qui mène la barque. Retour à la case de départ. J’aurais souhaité que l’ensemble soit mieux travaillé, mieux abouti avec une intensité dramatique digne du thème.

Un tremblement de terre qui peut provoquer des milliers de mort, ce n’est pas rien. La menace écoterroriste fait de plus en plus partie de la triste réalité des capacités humaines à verser dans le mal. Donc je crois qu’une touche de réalisme n’aurait pas fait tort à l’histoire. Quelques rebondissements, des revirements, mais peu d’émotions. 

Enfin, Une petite communauté, vivant dans un petit lopin de terre bordé par une rivière, prête à tuer des milliers d’êtres humains pour sauver un paradis remplaçable…ça parait très gros. Évidemment ça met en évidence la folie du gourou. Les gourous cinglés pullulent dans l’histoire et dans la littérature. Le jeu n’en vaut tout simplement pas la chandelle.

Je continue d’apprécier Ken Follett car il nous a donné entre autres deux séries extraordinaires : LES PILLIERS DE LA TERRE une des meilleures trilogies historiques de la littérature et la trilogie LE SIÈCLE. Plusieurs autres livres ont fait époque dont LE RÉSEAU CORNEILLE et CODE ZÉRO. Pour ce qui est de APOCALYPSE SUR COMMANDE, j’ai pas aimé, tout simplement.

Ken Follett est un écrivain gallois spécialisé dans les thrillers politiques. Il est né le 5 juin 1949. Alors qu’il était étudiant pendant la guerre du Vietnam, il s’est pris peu à peu de passion pour  la politique et le journalisme. L’écriture suit rapidement. Si le succès tarde un peu à venir, déjà en 1978, son livre L’ARME À L’ŒIL connait un succès foudroyant et devient le premier d’une longue série de best-seller.

Le point culminant de sa carrière est atteint avec LES PILIERS DE LA TERRE qui devient rien de moins qu’un succès planétaire. Fort de ce succès, il entreprend dès 2009 l’écriture de la trilogie LE SIÈCLE. Parallèlement, Follett dirige un institut de dyslexie et soutient une association de lutte contre l’analphabétisme.

SUGGESTIONS DE LECTURE’, DU MÊME AUTEUR :

Pour lire mon commentaire sur la trilogie LE SIÈCLE, cliquez ici
Pour lire mon commentaire sur CODE ZÉRO, cliquez ici

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 15 août 2021

HAUTE TENSION, le livre de RICHARD CASTLE

*Comment c’est possible ça ? Elle avait du sang partout sur elle quand tu l’as trouvée. Elle se vidait. Mais elle a quand même réussi à appeler les secours sans en perdre ne serait-ce qu’une goutte sur le téléphone.*

(Extrait : HAUTE TENSION de Richard Castle, City editions, 2016, édition numérique, 350 pages.)

New-York connaît une vague de terreur : dans la ville symbole de la liberté, les islamistes radicaux de Daech viennent de décapiter une journaliste américaine en direct à la télévision. Et c’est Nikki Heat qui est chargée de l’enquête.  Pour la détective, cette affaire est capitale.

Et surtout, le groupe terroriste vient d’annoncer sa prochaine cible : ce sera Jameson Rook, le célèbre journaliste qui n’est autre que le mari de Nikki Heat dont la vie se complique encore lorsqu’elle aperçoit fugacement, au détour d’une rue, une femme qui ressemble étrangement à sa mère. Sa mère qui est morte vingt ans plus tôt…

Un roman multipiste

*Quelque part, l’inimaginable se produirait.
Pendant un instant, personne ne bougea. On
aurait dit que la veillée funèbre avait commencé*
(Extrait : HAUTE TENSION)

Ce livre développe un sujet en surchauffe : le terrorisme islamique. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, beaucoup d’éditeurs ont fait du terrorisme leurs choux gras. Il devient difficile d’être original dans l’écriture d’un roman ayant le terrorisme comme toile de fond. Richard Castle a bien essayé, mais le résultat est un peu étrange.

Au départ, des islamistes radicaux décapitent une journaliste devant caméra. Nikki Heat prend connaissance de la vidéo et apprend que la prochaine victime annoncée est…son amant, Jameson Rook.

Parallèlement, tout à fait par hasard, Nikki aperçoit, au détour d’une rue, sa mère…sa mère morte vingt ans plus tôt : *Sa mère était bien morte dans ses bras non ? Son sang s’était bien vidé sur son chemisier non ? Nikki avait bien vu le couteau planté dans son dos non ? * (Extrait) 

Outre l’enquête sur la décapitation de la journaliste Tam Svejda, plusieurs volets sont développés en parallèle dont l’élection présidentielle américaine et le développement très graduel d’une conspiration majeure. J’avoue que par moment, j’avais de la difficulté à suivre tellement les volets s’imbriquent et s’entremêlent.

L’auteur en a peut-être pris conscience en écrivant une petite remarque qui en dit long sur l’état d’esprit de son enquêteur-vedette. Je ne pouvais qu’être d’accord : *Cette fois, ce n’était pas à cause de l’obscurité. C’était parce que, furieuse, elle gardait le regard rivé sur le pare-brise dans l’espoir de parvenir à trouver une logique dans l’enchaînement chaotique de tous ces évènements. * (Extrait) 

Il m’a fallu beaucoup de temps et de pages avant d’entrer dans l’histoire Le roman comportant des longueurs irritantes relatives, en particulier à la complicité entre les deux héros Nikki et Jameson et sur leurs petites manœuvres sexuelles. On commence à les connaître, HAUTE TENSION étant le huitième tome des enquêtes de Nikki Heat.

L’histoire n’est pas claire, comme si elle était sous-développé. Pour moi, ça constitue une zone grise dans le roman. Ça devient un peu plus clair vers la fin, mais l’incertitude et le questionnement sont demeurés. 

Tout n’est pas négatif au contraire. Si l’histoire est développée avec une plume un peu naïve et met à l’épreuve la patience du lecteur, je me suis tout de même laissé aller à son rythme jusqu’à la finale que j’ai trouvé intéressante et bien pensée. Le dernier quart de l’histoire réserve quelques rebondissements assez forts et une conclusion assez spectaculaire. 

Pour ce qui est de la mère de Nikki, Cynthia, il faut bien y revenir, car la conclusion du livre qui est presque brutale, laisse à penser qu’elle est vivante. Elle était agente secrète et vivait dangereusement. Nikki l’a vu mourir. C’est tout.

Voilà qui garantit la suite. On aura peut-être le fin mot de l’histoire dans le tome 9 des aventures de Nikki Heat : ORAGE DE CHALEUR qui entraîne le lecteur dans le trafic de fausse monnaie, le blanchiment d’argent et diverses activités criminelles d’une redoutable organisation mafieuse. 

J’ai suivi le rythme et j’ai pu profiter d’une finale satisfaisante. Mais je ne peux pas dire que cette histoire m’a emballé. Peut-être que pour l’apprécier davantage, il faut lire toute la série, même si les tomes peuvent être lus indépendamment. À la lecture de HAUTE TENSION, je n’en ai pas développé le goût tout simplement . 

Bref, un livre plutôt ordinaire mais avec une finale très bien imaginée. Amis lecteurs, amies lectrices, c’est maintenant à vous de voir…

Suggestion de lecture : SUR LE PONT DU LOUP, de James Patterson

Castle est l’auteur de 26 romans policiers, et autant de livres à succès, les plus connus étant ceux composant la série de « Derrick Storm ». La série commence alors que Castle commence à se lasser de son personnage et choisit de le tuer dans son dernier roman paru, décision critiquée aussi bien par les lecteurs que les collègues écrivains de Castle. Il retrouve l’inspiration à travers un poste de consultant auprès de la police de New York, notamment l’inspectrice Kate Beckett, poste qu’il obtient grâce à son amitié avec le maire de la ville.

Ça lui inspire le personnage de « Nikki Hard » (Nikki Heat dans la version originale), personnage décrié en public par son modèle, Beckett estimant qu’elle a « un nom de prostituée ». (source : wikipédia)

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 23 mai 2021

PARIS BRÛLERA-T-IL ? livre de ÉRIC ROBINNE

*Il lut le message qui était inscrit à l’écran et crut
aussitôt à une plaisanterie. Il le relut…Dune détente
subite, il se rejeta dans son fauteuil qui recula sur ses
roulettes. Maurice n’
en croyait pas ses yeux. Ce n’était
plus de la stupéfaction
qui lanimait mais une crainte
violente
une onde de peur venait de lenvahir !
(Extrait : PARIS BRÛLERA-T-IL ? Éric Robinne, Éditions AO,
2017, édition numérique et papier, 375 pages)

Le 11 septembre 2009…La date n’est pas choisie au hasard par le mystérieux groupe M3W pour adresser par mail un ultimatum au Président de la république, Nicolas Sarkozy. Si les conditions posées ne sont pas respectées, Paris pourrait bien brûler d’ici quelques jours. Ce roman met en scène un personnage devenu récurrent dans l’œuvre d’Éric Robinne, le lieutenant Mathieu Guillaume et son enquête s’annonce corsée…genre *course contre la montre*…

UN BON TOURNE-PAGE
*Sarkozy lut le texte, les sourcils froncés…
Ses interlocuteurs attendaient en retenant
leur souffle qu’il leur en dise plus. Il
redressa la tête et afficha un sourire jaune.
La nouvelle devait être mauvaise.*
(Extrait : PARIS BRÛLERA-T-IL ?)

PARIS BRÛLERA-T-IL est un roman-catastrophe dont on a pas envie d’abandonner la lecture : chapitres très courts, rythme très élevé, intensité dramatique allant crescendo, sujet lié à l’actualité sous le thème du terrorisme et participation de têtes chaudes de la politique française au moment de l’écriture du livre, comme le président de la république, Nicolas Sarkozy dont l’auteur confirme le sale caractère et le côté un peu gauche.

Un autre point intéressant : c’est la première fois que je lis Éric Robinne mais je sais, pour avoir lu sa petite histoire que le lieutenant Mathieu Guillaume est un personnage récurrent de son œuvre. L’ombrageux policier est de retour dans PARIS BRÛLERA-T-IL.

Le point fort du récit est certainement l’intensité du drame vécu par le milieu policier à défaut du public puisqu’on réussit péniblement à garder secrète l’information, à savoir la destruction imminente de Paris :

*Écoutez-moi bien ! Nous sommes peut-être le dernier rempart qui protégera cette ville et sa population. Le temps joue contre nous et nous n’éviterons probablement pas les premiers décès…Cela me parait impossible. Mais nous avons cinq jours pour trouver ce fils de pute et pour empêcher un massacre général. Je ne sais pas ce que nous allons vivre au cours de ces jours maudits…  (Extrait)

L’autre point fort du récit est son lien avec la grande actualité. Son développement vient nous rappeler qu’il n’y a pas grand-chose pour arrêter un individu ou un groupe réellement décidé à semer la terreur, déstabiliser, tuer. À ce sujet, les évènements du 11 septembre 2001 hantent toujours la planète et l’auteur ne manque aucune occasion d’établir un lien avec cette tare de l’histoire.

L’auteur a travaillé davantage les personnages qui organisent la destruction de Paris avec une froideur, une indifférence à la vie humaine et un savoir-faire qui ébranle le lecteur. L’ajustement du récit avec l’actualité a un effet un peu hypnotique et même addictif car si des avion-kamikazes peuvent détruire des gratte-ciel de 80 étages, un génie du mal peut bien subtiliser une petite bombe nucléaire aux russes et l’amorcer où ça leur chante. En résumé, le rythme très élevé de la chaîne d’évènements capte et retient l’attention du lecteur qui ne pense qu’à une chose, tourner la page pour connaître la suite.

Ce qui m’a le plus déçu dans ce livre est sa finale. Je ne peux évidemment pas dire de quoi il s’agit mais je l’ai trouvé expédiée et bâclée. Les opinions émises sur le livre de Robinne n’en font à peu près pas mention. Peut-être le lectorat a-t-il jugé qu’il n’était pas nécessaire d’aller plus loin. L’équilibre était atteint, c’est ce qui compte. Peut-être…peut-être suis-je trop dur.

Pas vraiment d’explications, de résultats d’enquête mais évidemment beaucoup de congratulations, de tapes dans le dos, de nominations, de départ à la retraite et le sommet de l’ordinaire : l’annonce d’un mariage…*policier*… je n’ai pas compris ce choix de l’auteur qui m’a donné l’impression d’avoir été au bout de son inspiration à quelques pages de la fin.

Peut-être dois-je mettre de côté cette déception et garder en mémoire que j’ai passé un bon moment de lecture presque ininterrompue… que j’ai apprécié les rebondissements, les revirements de situation, l’imagination déployée par l’auteur dans le projet des terroristes qui sont, je le rappelle, complètement dénués de sentiments. Le livre vaut la peine d’être lu. C’est au lecteur ou à la lectrice d’imaginer la meilleure finale possible.

Né en 1955 à Rouen, Éric Robinne est marié. Il a trois enfants et autant de petits-enfants. Ingénieur agricole, il accomplit son service national comme coopérant au Gabon. 

Un jour, son fils lui demande s’il serait capable de lui écrire un scénario…ainsi nait le premier roman d’Éric Robinne: LE SILENCE DES LOUPS qui s’est vendu à 100,000 exemplaires. Devenu accro à l’écriture, il a publié plusieurs ouvrages par la suite dont JEUX FATALS en 2016, OPÉRATION DIAMANT NOIR en 2015 et bien sûr PARIS BRÛLERA-T-IL en 2017.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 8 août 2020

LIEUTENANT EVE DALLAS, de NORA ROBERTS

-Démence du crime
-Préméditation du crime
*Une mise en garde…-De quel genre ? aboya Eve .
Enfermez-vous chez vous? Fuyez la ville ?… ne sortez
plus faire vos courses au cas où le magasin où vous vous
rendrez soit visé ? Semer la panique, voilà l’objectif
de ces ordures.*
(Extrait : DÉMENCE DU CRIME, Nora Roberts, t.f. Éditions
J’ai lu, 2014, édition de papier, 800 pages en co-publication
avec PRÉMÉDITATION DU CRIME)

Dans un bar chic de Manhattan, une folie contagieuse fait une véritable boucherie : 83 morts. Eve Dallas interroge les rescapés, terrorisés, qui lui relatent l’apparition d’un monstre et d’abeilles par centaines. Eve traque le moindre indice pour trouver le coupable jusqu’à déterrer des souvenirs qu’elle croyait enfouis pour toujours. Après cette affaire, Dallas n’aura guère le temps de reprendre ses esprits car elle doit élucider la mort d’une comptable appréciée et sans histoire. Quand des dossiers confidentiels de la défunte disparaissent, Ève n’a d’autres choix que de s’immiscer dans le monde impitoyable des affaires…

AVANT-PROPOS :
le lieutenant de police Eve Dallas consacre sa vie à traquer des criminels. Dans son métier, pas de place pour les sentiments. Alors, les cauchemars qui hantent ses nuits, elle les oublie…elle essaie…comme son passé, un passé pas simple…un passé qui, forcément va s’amalgamer avec plusieurs de ses enquêtes, c’est inévitable.

Nora Roberts a publié cinquante-cinq titres dans la série LIEUTENANT EVE DALLAS, en grande partie sous le pseudonyme J.D. Robb. Chaque titre de la série comprend le mot CRIME : AU BÉNÉFICE DU CRIME (#3), LA LOI DU CRIME (#11), HANTÉ PAR LE CRIME (#22), CONFUSION DU CRIME (#42), etc


DES ANGLES DU CRIME

*Tout s’est passé si vite. Ce salaud avait une façon de bouger-
rapide, agile. Il a soulevé le gamin d’une main, cogné le père
du coude gauche, pivoté sur lui-même et lancé. Ce type a joué
au football… Il est fort. Le gosse devait peser une dizaine de
kilos.*
(Extrait : #36 PRÉMÉDITATION DU CRIME)

Je n’ai lu que deux livres de la série LIEUTENANT ÈVE DALLAS, laquelle série compte 55 tomes qui peuvent se lire indépendamment. Je ne peux donc pas dire si DALLAS a évolué au cours des années. Je peux cependant affirmer que le personnage est bien campé : Dallas est très intelligente, intuitive, minutieuse, curieuse, un peu froide, agressive, tenace.

J’ai eu de la difficulté à m’attacher au personnage, peut-être à cause de son côté un peu roublard, imbu, peut-être aussi à cause de sa précision militaire et son petit côté parfait. Bref, elle m’énerve. Mais le cadre dans lequel elle a été installée est très intéressant à cause de l’histoire qui est à saveur de terrorisme, donc très ajustée avec l’actualité.

Au tout début du récit, Roberts frappe fort. Dans un grand restaurant, une folie contagieuse éclate subitement. D’abord une hallucination collective puis une paranoïa généralisée amène tout le monde à s’entretuer avec une violence innommable.

Résultat de cette incroyable boucherie : 83 morts et des blessés. L’auteure m’a accroché immédiatement à cause de l’intrigue et à cause du mobile qui est mis en lumière à la petite cuillère jusqu’à la fin qui m’a coupé le souffle.

Les possibilités sont nombreuses, le ou les tueurs sans pitié : *Qui a pu commettre un acte pareil?…Peut-être ciblait-il une ou plusieurs victimes en particulier, mais provoquer un tel massacre dans un bar en quelques minutes, Ça l’a forcément excité. Êtes-vous d’accord docteur Mira? Absolument. Tuer des gens si vite et de surcroit les manipuler comme des marionnettes. Probablement sans se salir les mains…* (Extrait)

Ce n’est pas du tout le lieutenant Dallas qui m’a fasciné dans ce récit, mais bien l’intensité dramatique de l’histoire qui amène le lecteur de rebondissement en revirement jusqu’à une seconde hécatombe qui fera une cinquantaine de morts. Comment décrire un tel meurtrier ? *Notre tueur jongle avec la colère, la cruauté, un mépris total à l’égard de l’humanité- et plus encore à l’égard de ceux qu’il côtoie chaque jour.* (Extrait)

Ce qui m’amène à vous parler d’un autre aspect du récit qui m’a fasciné : l’omniprésence du profilage. En criminologie, le profileur établit le profil psychologique d’un individu recherché en fonction des indices recueillis par les services d’enquête. C’est la première fois que je lis un roman policier dans lequel est développé et expliqué le profilage psychologique prévisionnel. J’ai donc appris quelque chose qui m’a accroché.

Maintenant, pour le tome 36, PRÉMÉDITATION DU CRIME, il est assez bien fait mais beaucoup moins intense et dramatique que dans le tome précédent. L’action se déroule dans le monde des affaires, des sociétés qui s’imbriquent les une dans les autres avec leurs clientèles…et quand des audits sont réclamés, beaucoup de financiers sont pris par surprise parce qu’ils ont beaucoup à cacher…et puis un meurtre en appelle un autre.

On s’y perd un peu tellement ce monde est tentaculaire et impitoyable. Ça donne tout de même une enquête tricotée serrée avec un lieutenant Dallas toujours aussi opiniâtre et directif. Un point en commun avec l’épisode précédent : La vie de Dallas : boulot pour 90%, du sexe pour le reste avec Connors, l’amant parfait qui gagne à être connu.

En conclusion, sans être emballé, j’ai trouvé ces deux lectures intéressantes. Je ne serais pas surpris que DÉMENCE DU CRIME soit un épisode très à part dans le monde du lieutenant Dallas. Je ne serais pas plus surpris si le fait de se lancer dans la lecture des 55 épisodes deviennent singulièrement ennuyant. Toutefois, DÉMENCE DU CRIME vaut bien qu’on s’y arrête.

voir la liste complète des tomes ici

Nora Roberts (de son vrai nom Eleanor Marie Robertson) est une romancière américaine spécialisée dans les romans sentimentaux et les thrillers psychologiques, née en 1950 dans le Maryland. Elle commence à écrire pendant une tempête de neige en février 1979 et son premier roman L’INVITÉE IRLANDAISE est publié en 1981. Nora Roberts est une auteure particulièrement prolifique. Près d’une dizaine de nouveaux romans sortent chaque année. Elle a vendu plus de 100 millions de livres et est traduite en plus de 25 langues.

QUELQUES ÉPISODES DE *LIEUTENANT ÈVE DALLAS*

           

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 4 avril 2020

TERREUR DOMESTIQUE, de GUILLAUME MORRISSETTE

*-Christian, j’ai devant moi au moins cinq cents
bûches appuyées contre le mur d’une maison,
c’est sûr que je ne les ai pas toutes retournées!
Vous m’avez dit que la nitroglycérine pouvait
exploser si on la secouait, j’ai vite perdu l’envie
de faire tomber du bois!*
(Extrait : TERREUR DOMESTIQUE, Guillaume
Morrissette, Guy St-Jean éditeur, 2015, version
numérique, 665 pages)

Une série d’explosions jette la ville de Trois-Rivières dans un horrible climat de paniques. Ce sont des attaques brutales qui touchent indifféremment enfants, adultes et personnes âgées. L’inspecteur Jean-Sébastien Héroux est chargée de l’enquête car ces explosions pourraient très bien avoir été provoquées par un groupe terroriste. Pourquoi Trois-Rivières? Pourquoi autant de morts? La peur paralyse maintenant la ville, Héroux doit trouver les réponses et le temps joue contre lui. Entre-temps, trois dangereux délinquants semblent vouloir faire la pluie et le beau temps. 

LA PEUR EST PARTOUT
*Comment allaient réagir les suspects? Ils pouvaient
tirer à travers les murs ou même tout faire sauter
s’ils n’avaient rien à perdre. La confrontation était
à éviter tant que Brigitte était près d’eux. Il fallait
gagner un peu de temps.*
(Extrait : TERREUR DOMESTIQUE)

TERREUR DOMESTIQUE est un livre qui m’a accroché pour plusieurs raisons. D’abord son sujet est d’actualité et vient nous rappeler que le terrorisme n’est pas exclusivement une réalité des grandes villes du monde mais qu’il peut toucher aussi des villes improbables et même des villages.

J’ai été vite conquis aussi parce que l’action se déroule à Trois-Rivières. Étant moi-même natif de la Mauricie, Trois-Rivières est une ville que je connais très bien. La plume très alerte de Guillaume Morrissette me donnait l’impression que l’action se déroulait chez moi et comme vous le savez, on voit les choses un peu différemment quand le drame se déroule dans notre cour.

Donc, dans TERREUR DOMESTIQUE, Trois-Rivières est prise pour cible : meurtre, explosions, intimidation, terreur. L’auteur installe lentement mais sûrement la peur et la panique dans son récit. On sait que Guillaume Morrissette s’est particulièrement intéressé aux jeunes attirés par le terrorisme. Comment par exemple, des enfants peuvent être attirés dans le piège du Djihadisme?

C’est ainsi que l’auteur a créé de jeunes personnages frustrés et déconnectés des réalités sociales et qui posent des gestes horribles avec une flagrante indifférence. Comme vous le savez, pour moi un bon livre donne toujours matière à réflexion. Dans TERREUR DOMESTIQUE, on est pas sans réfléchir sur l’énorme pouvoir que détiennent les intervenants sociaux de terrain sur les jeunes esprits.

Les ados ont en général un esprit malléable, influençable, ouvert. L’influence des intervenants est déterminante. Heureusement, il se fait un travail remarquable à ce niveau au Québec. Mais ça ne nous met malheureusement pas à l’abri des esprits tordus.

Autre matière à réflexion : la réalité du terrorisme et sa montée un peu partout dans le monde. On sait maintenant qu’il peut frapper n’importe où :

*J’en conviens. Ils peuvent être deux, dix ou cent. La milice traditionnelle est morte, le gangstérisme et le terrorisme sont maintenant des vocations sournoises et patientes. Et de la terreur, ça en est! Moi c’est la seule façon que je m’explique des crimes comme ceux-là. Ce que tu trouves épeurant, c’est que ça soit rendu chez nous.* (Extrait)

Pour ceux que ça intéresse, j’ai noté deux petites faiblesses dans le récit. J’ai trouvé que la trame est prévisible. J’anticipais facilement ce qui allait se passer, mais j’admets que cette perception peut varier beaucoup d’un lecteur à l’autre. Ensuite, j’ai trouvé que l’auteur faisait peu de cas des réactions de la population.

Comme l’action était très loin de se dérouler dans une mégapole (Trois-Rivières ne compte qu’environ 135,000 habitants) j’aurais pensé que l’auteur aurait mis plus d’emphase sur les peurs, les craintes, les réactions et les attitudes de monsieur et madame tout le monde, du commun des mortels…du simple citoyen quoi!

En dehors de ce détail, je crois que TERREUR DOMESTIQUE est une réussite…pas de temps morts, pas de longueurs, une plume habile et rythmée et des personnages attachants dont l’inspecteur Jean-Sébastien Héroux, personnage créé dans le premier roman de Morrissette L’AFFAIRE MÉLODIE CORMIER et qui a valu à l’auteur le prix du premier polar 2015.

Je recommande sans hésiter TERREUR DOMESTIQUE. C’est un roman d’une grande actualité, à l’action ininterrompue et qui a une qualité particulière que j’apprécie beaucoup dans un polar : il est plausible.

Suggestion de lecture : HANTISE : LA MAISON HANTÉE, de Shirley Jackson

Guillaume Morrissette est un auteur québécois, résident de Trois-Rivières en Mauricie. Polymathe, c’est-à-dire doté d’une culture poussée et large, Guillaume est chargé de cours à l’université du Québec à Trois-Rivières, récipiendaire du prix d’excellence en enseignement 2012, la plus haute distinction honorifique remise à un chargé de cours. Il est membre actif de Mensa Canada qui fait la promotion de la paix.

Il publie LA MAISON DES VÉRITÉS EN 2013, suivi de L’AFFAIRE MÉLODIE CORMIER qui marque le début des aventures de Jean-Sébastien Héroux, le fameux inspecteur qu’on retrouve avec plaisir dans TERREUR DOMESTIQUE.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 25 novembre 2018

LE BAISER DU SERPENT, livre de MARK TERRY

*La première balle atteignit Frank McMillan sur le
côté gauche…le long des côtes flottantes. La douleur
le fit pivoter, mais réagissant comme il avait été
entraîné à le faire, McMillan chuta en adoptant une
position de Weaver classique, les deux mains sur son
revolver, retournant le tir. Et ce fut l’enfer sur terre.*
(Extrait : LE BAISER DU SERPENT, Mark Terry, éditions AdA,
2007, t.f. 2008, édition de papier, 525 pages)

Nouvelle de dernière heure
Cinquante-deux personnes ont perdu la vie dans une attaque fatale au gaz sarin dans un restaurant du centre-ville de Détroit, à 8 h, ce matin. Détroit : 10 h 50
Je suis le Serpent. Trois millions de dollars doivent être versés dans le compte 84-532-6887 d’ici 11h45 ; sinon, plusieurs autres personnes mourront. Détroit : 11 h 47
Le Serpent frappera de nouveau. Dans cinq minutes. Ils en sont responsables.

Nouvelles de dernière heure
À midi, quarante-trois personnes ont été trouvées mortes dans une salle de conférence de la Wayne State University. Cet incident paraît être le deuxième de nombreuses attaques bioterroristes déterminées d’avance sur la ville de Détroit.
Détroit est à court de temps. Il est temps de faire intervenir Derek Stillwater.

La crainte nourrie du bioterrorisme
*Rien ne se produisit. Ils se retournèrent devant
la maison. –Peut-être n’était-ce qu’une alarme,
supposa Jill. La résidence éclata, la vitre et le bois
explosant vers l’extérieur. La vague de compression
leur fit perdre l’équilibre. Au moment où ils
reprenaient leurs sens, la petite habitation se
voyait engloutie par les flammes.
(EXTRAIT : LE BAISER DU SERPENT)

Ce n’est pas ce que j’appellerais une œuvre magistrale, mais c’est un bon roman policier. Son sujet demeure résolument populaire, mais il est un peu usé et renouveler le genre n’est pas facile. En effet, il est question ici de terrorisme.

Le Docteur Derek Stillwater, cet agent très spécial et pas très discipliné qu’on a connu  dans LA FOURCHE DU DIABLE est de retour pour combattre un dangereux terroriste qui organise des attaques mortelles au gaz sarin. Les pistes sont minces…le criminel est habile…le temps presse et les morts s’accumulent.

Comme dans la plupart des histoires de ce genre, nous avons ici une course contre la montre. Dans LE BAISER DU SERPENT, tout se déroule à la vitesse grand V. L’histoire est très ventilée, les chapitres sont courts, il y a de nombreux rebondissements et revirements et surtout, beaucoup de fausses pistes. Tous les ingrédients sont réunis pour garder le lecteur alerte et captif.

Toutefois, j’ai été agacé par cette impression de déjà vu ou devrais-je dire de déjà lu qui ne m’a pas quitté tout au long de ma lecture. Je pense que Mark Terry n’a pas fait grand-chose pour dépoussiérer le genre même s’il a donné à son personnage principal beaucoup de caractère et un don particulier pour briser les règles et les procédures…une particularité qui devient irritante à la longue.

Je dirai donc que l’ensemble manque d’originalité mais demeure tout de même très actuel à notre époque où le terrorisme est devenu une préoccupation mondiale.

La finale de l’histoire laisse supposer une suite, mais étrangement, celle-ci n’est jamais venue. En fait, au moment d’écrire ces lignes, il y a plusieurs années que je n’ai pas eu de nouvelles de Mark Terry.

En bref, LE BAISER DU SERPENT est une histoire bien bâtie, avec beaucoup d’action. Le rythme est élevé. Somme toute, ce livre m’a procuré un bon divertissement.

Suggestion de lecture : LE POISON SECRET, de Francis Leblanc

Mark Terry est un auteur américain, né en 1964, diplômé de l’Université d’État du Michigan. Après avoir passé 18 ans à travailler dans la génétique, il se tourne vers l’écriture à plein temps. LE BAISER DU SERPENT est son deuxième roman, publié un an après LA FOURCHE DU DIABLE publié en 2007. Son diplôme en microbiologie et son expérience dans le domaine des maladies infectieuses et en génétique lui ont été très utiles jusqu’à maintenant dans sa nouvelle carrière d’écrivain. Toutefois, au moment d’écrire ces lignes, il n’y a pas de titre récent à signaler. 

À LIRE: le bioterrorisme selon INTERPOL

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 27 août 2017

LA TRAHISON PROMÉTHÉE, le livre de Robert Ludlum

 *Restez couchée! Souffla Bryson en levant son Uzi pour tirer une rafale dans la direction générale de son ennemi. Mais sans grand effet; le tueur continuait à approcher de son allure tranquille.* (Extrait : LA TRAHISON PROMÉTHÉE, Robert Ludlum, t.f. : Éditions Grasset et Fasquelle, 2001, 730 pages.)

Après 15 ans au service d’une agence ultrasecrète américaine appelée LE DIRECTORAT, l’agent Nicholas Bryson apprend que son employeur n’est pas du tout au service du gouvernement américain, mais plutôt associé à un mystérieux groupe terroriste appelé PROMÉTHÉE, profondément infiltré dans les plus hautes sphères des puissances économiques et militaires, telles la Chine, la Russie, la France et bien sûr les États-Unis.  

Bryson, dont la désillusion est cruelle, est recruté par la CIA pour mettre fin aux agissements de cet envahisseur tentaculaire qui s’étend telle une infection et dont les agissements confinent à la folie et au cauchemar en utilisant les technologies les plus raffinées pour manipuler, déstabiliser et tuer. Devant les complots, les trahisons et la paranoïa, la vie de Bryson ne tient qu’à un fil.

DES ESPIONS QUI ESPIONNENT DES ESPIONS
*-Et pour finir, la dernière gâterie, lui
murmura la blonde à son oreille.
Il eut à peine le temps de voir le
fil de fer tranchant comme une
lame qu’elle passait en un éclair
autour de son cou…*
(Extrait : LA TRAHISON PROMÉTHÉE)

C’est un livre intéressant, très captivant mais il faut le lire avec attention et concentration car le récit, changeant parfois de direction, est développé sous le thème complexe de l’espionnage et du contre-espionnage. Suite à la lecture de ce livre, j’ai fait une recherche et j’ai réalisé que Ludlum s’est bien documenté.

En effet, dans les pays du G7 on ne compte plus les agences de renseignements, services secrets et autres obscurs départements dont certains existent sans avoir d’existence officielle et même des agences qui surveillent d’autres agences. Je me suis même demandé si l’administration des salaires de ces gouvernements savaient qui ils payaient et pourquoi?

Le coup de génie de Ludlum repose sur la vraisemblance et l’actualité du sujet. PROMÉTHÉE est en effet une organisation extrêmement puissante, riche et influente qui se propose d’installer un système de surveillance très étroite des individus, et ce à l’échelle planétaire faisant ainsi de la vie privée rien d’autre qu’une chimère.

Or, tout le monde sait que, qui contrôle l’information parfaitement contrôle tout le reste. Pour donner une couverture légale à son action, PROMÉTHÉE tente de faire voter par un maximum de pays un traité de surveillance et de sécurité qui n’est rien d’autre qu’un système de surveillance planétaire rendant les gouvernements obsolètes.

Le héros de l’histoire, Nicholas Bryson est un agent que le directorat, une autre de ces obscures agences ultra secrètes, a manipulé pendant plus de 15 ans. Je ne vais pas dévoiler ici de quelle façon, mais Bryson a connaissance du complot PROMÉTHÉE et c’est ici que le fil conducteur de l’histoire devient d’une remarquable efficacité : Bryson risquera le tout pour le tout afin d’empêcher la catastrophe.

il ira de pays en pays, subissant de multiples blessures, frôlant la mort, victime de trahison et de tromperie. L’auteur ne lui réserve que peu de repos. Plusieurs critiques comparent Bryson à James Bond mais je crois qu’il est infiniment plus malmené et dispose de moins de moyens. Il ne sait plus à qui se fier, la trahison et la mort l’entourent.

Une fois que j’ai bien saisi l’enchevêtrement des arcanes de cet incroyable pouvoir menant au contrôle de la planète, je me suis laissé emporter par le rythme soutenu imposé par l’auteur : beaucoup d’action, de rebondissements et s’ajoute à cela de la violence, de la haute technologie et enfin une plume tellement habile qu’elle propulse le lecteur dans l’histoire lui donnant l’impression d’être un personnage du livre.

J’ai dévoré ce livre, d’autant qu’il touche une corde sensible de notre société : la protection de la vie privée et des renseignements. J’ai été comblé par l’histoire mais je me suis retrouvé à la fin avec des questionnements dont je crains un peu les réponses si jamais on venait à me les donner : quel héritage ai-je laissé sur Internet, mes courriels, mes comptes électroniques?

À quel point ma signature électronique peut se retourner contre moi? N’importe qui, mal intentionné ou non peut-il tout savoir sur moi? Suis-je surveillé?

Remarquez que je n’ai pas développé de paranoïa, mais LA TRAHISON PROMÉTHÉE est un livre qui, en plus de nous propulser dans une action soutenue et de forte intensité est aussi porteur de questionnement sur les éléments qui contrôlent notre vie et sur le pouvoir magistral donné à celui ou ceux qui contrôlent l’information.

C’est un bon livre…il sent la décadence, mais il est fort excitant.

Suggestion de lecture : LE DOSSIER MÉTÉORE, de Benjamin Faucon

Robert Ludlum (1927-2001) était un écrivain américain connu aussi sous les pseudonymes de Jonathan Ryder et Michel Shepherd. Très tôt, il est attiré par le théâtre mais la carrière militaire prend le dessus. Après la guerre, il devient comédien, metteur en scène avant de se tourner vers l’écriture au début des années 70.

Depuis L’HÉRITAGE SCARLATTI publié en 1971, plusieurs de ses romans seront considérés comme des chefs d’œuvre. L’ensemble de son œuvre comprend 26 romans traduits dans 32 langues, l’adaptation au cinéma de quatre livres de la série JASON BOURNE et plusieurs films tirés de ses autres romans dont LE WEEK-END OSTERMAN par Sam Peckinpah .

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2016