IL PLEUVAIT DES OISEAUX, Jocelyne Saucier

*…où il sera question de grands disparus, de pacte
de mort qui donne son sel à la vie, du puissant
appel de la forêt et de l’amour qui donne aussi
son prix à la vie…*
(Extrait : IL PLEUVAIT DES
OISEAUX, Jocelyne Saucier, à l’origine, XYZ éditeur,
179 pages, 2011. version audio : Audible studios
éditeur, 2018. Durée d’écoute : 4 heures 57 minutes,
narrateurs : Jacques Clermont et Dominique Petin.)

Une photographe du Herald Tribune part réaliser un reportage sur la région du Témiscamingue, dont les forêts ont été ravagées par de gigantesques incendies au début du XXe siècle. Elle y trouve une communauté de marginaux fantasques et solitaires, dont Tom et Charlie, deux vieillards qui ont survécu à l’incendie et vivent en ermites au fond des bois. D’abord méfiants puis déterminés à aider la photographe dans son enquête, les deux hommes voient leur quotidien chamboulé.

Et, soudain, lorsqu’arrive Marie-Desneiges, octogénaire énigmatique tout juste échappée de sa maison de retraite, la vie, puis contre toute attente l’amour, reprend peu à peu ses droits.

Poétique et vert
*Dans son visage tout ridé, il y avait la peur
et la fascination de la peur. D’un mince doigt
gracile, elle a désigné le monstre empaillé de
fureur blonde. Elle n’avait aucune idée de ce
que c’était…  *
(Extrait)

C’est un roman d’une belle profondeur, bien bâti et fortement imprégné de douceur, de chaleur et d’émotion et avec, comme toile de fond les incendies de forêts les plus meurtriers de l’histoire du Canada au début du XXe siècle, incendies qui ont détruit de gigantesques espaces dans le nord de l’Ontario jusqu’à Cochrane et Matheson, touchant durement une partie de l’Abitibi-Témiscamingue.

Une photographe du Herald est chargée de se rendre à Matheson pour recueillir les témoignages d’hommes et de femmes qui sont devenus aujourd’hui des vieillards. Elle veut particulièrement recueillir les propos de trois vieillards, Tom et Charlie mais le troisième, Boychuck n’est plus là,  Il est mort. Pourtant, ce sera le personnage qui induira le plus d’empathie dans le récit de Jocelyne Saucier…

Boychuk, 14 ans au moment des grands feux et qui, agressé par les flammes et la fumée, aveugle, marche et cherche son amoureuse avec l’énergie du désespoir. Il faut voir et entendre comment la photographe bouleversera la vie des vieillards. Et voilà qu’arrive le personnage le plus énigmatique et le plus original de l’histoire.

Marie-Desneiges a 82 ans. Libérée après 66 ans à l’asile et elle se souvient…elle se souvient qu’il pleuvait des oiseaux. En tant qu’auditeur, une brise chaude est venue m’envelopper. C’est le caractère humain du récit qui est surtout venu me chercher.

C’est ainsi que le récit, assis sur un inimaginable drame humain et environnemental devient une chronique des souvenirs de vieillards, des hommes qui ont choisi la forêt pour y vivre et mourir au moment qu’eux-mêmes auront choisi.

Le récit développe les difficultés et les misères de la vieillesse vivant à l’écart de la Société bien sûr, mais aussi l’amour, continuellement mis en attente et qui est pourtant ardent, spécialement dans le coeur de Boychuck que j’ai trouvé particulièrement attachant. J’irai plus loin en disant que l’auteur jette un regard critique sur notre Société et ses vieux et ses vieilles qui donnent parfois l’impression d’être dans une voix de garage.

À cet effet, j’ai beaucoup apprécié la plume de l’auteur, exempte de jugements, de propos moralisateurs et de philosophie bon marché. Il pleuvait des oiseaux est un hommage à la vie et à la liberté. C’est aussi une réflexion sur les choix qu’imposent une fin de vie. ll y a beaucoup d’émotion dans l’histoire.

Quand j’ai entendu qu’il pleuvait des oiseaux, j’ai eu un long frisson tout le long du dos et jusqu’au coeur. L’auteur m’a figé et elle m’a emmené où elle voulait. À l’audition, vous ne tarderez pas à saisir le sens du titre. Et là, l’addiction vous guette.

C’est une belle histoire, émouvante et sensible. J’y note très peu de faiblesse à part peut-être la question du choix de la mort, le choix du moment, le choix de la façon, le poison en particulier. La fin de vie est abordée avec une légèreté un peu irritante.

Finalement, une introduction un peu longue, teintée d’indécision et une finale qui m’a semblé un peu expédiée. Entre les deux, un récit addictif avec un un fil conducteur solide que symbolise le courageux Boychuck. La beauté de l’écriture est à la limite de la poésie.

<Tout est là, ce pétillement de lumière rose dans les yeux d’une petite vieille qui s’amuse avec son âge et cette image d’une pluie d’oiseaux sous un ciel noir…séduite et intriguée par toutes ces vieilles personnes qui avaient la tête peuplée des mêmes images, la photographe… en était venue à les aimer plus qu’elle n’aurait cru. >  Extrait…

L’écoute n’est pas trop longue et j’ai trouvé la narration de Jacques Clermont et Dominique Petin très agréable même si je me suis questionné sur la nécessité de mettre deux voix là-dessus. Enfin, je crois que je vais me rappeler longtemps de ce livre. J’ai vu le film aussi, je ne ferai pas de commentaire sur l’adaptation à part que je préfère de loin le livre audio.

Suggestion de lecture : LES MONDES CACHÉS, bande dessinée de Denis-Pierre Filippi et Silvio Camboni

IL PLEUVAIT DES OISEAUX au cinéma

IL PLEUVAIT DES OISEAUX a été adapté à l’écran en 2019. Scénarisé et réalisé par Louise Archambault, Le film réunit à l’écran Andrée Lachapelle, Gilbert Sicotte Rémy Girard, Ève Landry, Éric Robidoux et Louise Portal. Prod. : Ginette Petit

Jocelyne Saucier est romancière. Ses trois premiers romans, La vie comme une image (finaliste, Prix du Gouverneur général), Les héritiers de la mine (finaliste, prix France-Québec) et Jeanne sur les routes (finaliste, Prix du Gouverneur général et prix Ringuet) ont été chaleureusement accueillis par la critique.

Il pleuvait des oiseaux, son ode à la liberté parue en 2011, lui a valu de nombreux prix et a conquis le cœur d’un très vaste public en une quinzaine de langues, en plus d’avoir fait l’objet d’une adaptation au cinéma par Louise Archambault.

 

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 1er octobre 2022

AU NOM DE TOUS LES MIENS, le livre de Martin Gray

*J’ai traversé le temps où l’envie de mourir était ma seule amie.
J’ai traversé le temps où la seule question était « Pourquoi,
 pourquoi moi ? Pourquoi deux fois les miens, n’avais-je pas assez
 payé mon tribut aux hommes, au destin ? Pourquoi ? »Je parle :
 je dis le récit de ma vie pour comprendre cet enchaînement de folie,
 de hasards, ces malheurs m’écrasant…*
(Extrait : AU NOM DE TOUS LES MIENS, Martin Gray, Robert Laffont
éditeur, 1971, réed. 2013, 410 pages. Version audio : Lizzie éditeur, 2018
Durée d’écoute : 14 heures 22. Narrateurs : Eric H. Macarel et Max Gallo)

De la guerre, le petit Martin connaîtra tout : les privations, les humiliations, la peur durant le temps passé au ghetto de Varsovie, l’horreur absolue des camps nazis à Treblinka, la fureur de vivre quand il s’en échappera, caché sous un camion, le suprême courage quand il apprendra qu’il a perdu tous les siens…Et puisqu’il faut bien vivre, il s’engagera ensuite dans l’armée Rouge, puis partira aux États-Unis… Enfin la paix reviendra. Martin reconstruit alors sa vie. C’est dans le sud de la France, par une journée d’été éclatante, que le destin le blessera à nouveau – à mort – en décimant ceux qui lui sont le plus chers.

Témoin de la négation
*Mon brassard était dans la poche. Le tramway filait vers
l’ouest de Varsovie. Bien sûr, j’étais en danger de mort,
mais j’étais libre. Parce que j’avais violé leur règlement.
S’il me tuait, il me tuerait libre. Et cela changeait tout.*
(Extrait)

Ce livre a été pour moi un traitement de choc. C’est un récit autobiographique qui secoue l’intérieur, essore les émotions et marque l’âme comme pour le tatouer. C’est en lisant un témoignage comme celui de Martin Gray qu’on est appelé à se demander sincèrement comment les choses en sont arrivées là.

Comment un peuple a-t-il pu basculer son destin dans la folie eugénique d’un tordu dégénéré, condamnant à une mort atroce plus de six millions d’êtres humains. C’est un livre dur, violent, dérangeant mais il a sa place dans l’histoire lui aussi.

Voici le parcours de Martin. Il a 17 ans quand la Pologne capitule et assiste, impuissant, à l’érection d’un ghetto qui isolera les juifs en attendant la solution finale concoctée par Hitler. La mort sera partout mais elle fuira Martin car son destin est d’être témoin. Au début, il est Martin Gray, puis il adoptera un surnom pour chaque revirement de son destin : il deviendra Mietek (son vrai prénom), et fera preuve d’une incroyable imagination pour survivre.

Puis, lorsqu’il sera recruté par l’armée russe, il deviendra Micha et il ne caressera qu’un seul rêve : envahir Berlin et exercer sa vengeance. Enfin, après la guerre, il deviendra Mentele, homme d’affaires prospère, soucieux d’aider son peuple à se relever et sur qui pourtant le drame s’abattra à nouveau.

Au moment où Grey évoque le brassard imposé aux juifs par les SS, j’ai compris que je devenais addict de cette prenante lecture : *Depuis la fin novembre, il me faudrait porter au bras un brassard blanc avec une étoile de David bleue d’au moins trois centimètres de hauteur. Un brassard qui veut dire homme à voler, à battre, à tuer. * (Extrait)  Martin Grey fut témoin d’une vérité qu’il a livré dans toute sa crudité.

Je me doute un peu que Max Gallo a pu faire un peu d’enrobage mais aux yeux de l’histoire, aux yeux du monde. Martin Gray fut un témoin précieux des atrocités qui ont mutilé son peuple…des atrocités avérées par le procès de Nuremberg. Il y a aussi quelques redondances dans le livre. Mais c’est inévitable, la mort est partout et pourtant le récit de Gray est un hommage, un hymne à la vie et à l’amour.

On ne peut pas critiquer un livre comme celui-là, on ne peut que le lire avec une nécessaire ouverture du coeur sur une des taches les plus sombre de l’histoire. C’est une histoire violente, alimentée par le sadisme, la torture physique et psychologique…la lecture pourrait être éprouvante pour beaucoup de lecteurs et de lectrices.

Mais il n’y a pas de mots pour décrire la leçon de courage, d’humanité et d’amour que nous enseigne Martin Gray. C’est un livre qui interpelle et qui me crie…N’oublie pas…n’oublie jamais.

*C’est l’ombre pâle d’un père qui mourut en nous nommant
c’est une sœur, c’est un frère qui nous devance un moment
tous ceux enfin dont la vie un jour ou l’autre ravie,
emporte une part de nous murmurent sous la pierre
vous qui voyez la lumière de nous vous souvenez vous? *

(PENSÉES DES MORTS, Georges Brassens, d’après Alphonse de Lamartine,
1969)

Mieczysław Grajewski ou Mietek Grajewski, connu sous le pseudonyme Martin Gray (1922-2016) est un écrivain franco-américain, d’origine juive polonaise, né à Varsovie. Il est d’abord connu pour son livre  Au nom de tous les miens (1971).

Gray y fait le récit d’une partie de sa vie et notamment le drame d’avoir perdu à deux reprises toute sa famille, d’abord dans les camps d’extermination nazis, puis dans l’incendie de sa maison dans le Sud de la France. Rédigé par le journaliste Max Gallo, ce livre a été réputé mêler fiction et réalité. Ce témoignage est par conséquent sujet à controverse. 

Martin Gray au cinéma

Michael York incarne Martin Gray

Réalisé et sorti en 1985, AU NOM  DE TOUS LES MIENS est un film réalisé par Robert Enrico avec Michael York, Jacques Penot, Brigitte Fossey et Macha Méril.

Ce film est une adaptation de l’autobiographie de Martin Gray, à laquelle a collaboré Max Gallo: « Au nom de tous les miens ». A partir du 7 Février 1985, cette adaptation est passée à la télévision française, en version nettement plus longue, sous la forme d’une série 8 épisodes de 52 mn chacun. En 1985, Maurice Jarre a remporté le 7 d’Or de la meilleure musique.

Bonne lecture
Bonne écoute
le dimanche 26 juin 2022

 

L’ESPIONNE, le livre de PAULO COELLHO

*J’avais été baptisée avec le sang de la femme d’Andreas, et, grâce à ce baptême,
j’étais libre pour toujours, bien que nous ne sachions, ni lui ni moi, jusqu’où cette
liberté nous mènerait.
(Extrait : L’ESPIONNE, Paulo Coellho, Flammarion 2016. Édition de papier, t.f. 200 pages)

Arrivée à Paris sans un sou en poche, Mata Hari, s’impose rapidement comme une danseuse vedette. Elle a un charisme extraordinaire. Elle séduit le public, ensorcèle les hommes les plus riches et les plus puissants de l’époque. Aurait-elle accumuler des secrets monnayables ? Toujours est-il que son mode de vie flamboyant fait scandale et attire bientôt les soupçons tandis que la paranoïa s’empare du pays en guerre. Arrêtée en 1917, elle est accusée d’espionnage au profit de l’empire allemand Elle fut reconnue coupable et exécutée. Paulo Coelho nous conte l’histoire inoubliable d’une femme qui paya de sa vie son goût pour la liberté.

INSAISISSABLE ET INDÉPENDANTE
*…il n’avait qu’un but et il n’avait pas besoin
de me dire lequel : coucher avec moi. J’étais
immensément embarrassée avec cet homme
laid, mal élevé, aux yeux écarquillés, et qui
se jugeait le plus grands d’entre les grands.*
(Extrait : L’ESPIONNE)

Dans une longue lettre à son avocat, Maître Clunet, Mata Hari raconte et explique la chaîne d’évènements qui a précédé son exécution à Vincennes en 1917 pour espionnage et trahison.

C’est donc Mata Hari qui a la parole : une femme courageuse, résolument libre mais dont le mode de vie flamboyant a attiré les soupçons à une époque instable où la guerre fait rage. Elle a couché avec beaucoup d’hommes influents. Est-ce que ça fait d’elle une espionne ? Une chose est sûre, Mata Hari n’a pas vu venir le panier de crabes dans lequel elle devait s’enliser. Mais toujours, elle garde la tête haute.

L’Histoire laisse à penser que Mata Hari a été reconnue coupable d’espionnage et de trahison sur des preuves plus que douteuses. Il fallait absolument un coupable pour assoir le jeu de pouvoir d’un personnage important et haut placé….Pourquoi pas…on l’a bien fait avec le soldat Dreyfus…tant qu’à sombrer dans la crasse et l’incompétence.

J’ai trouvé ce livre bien écrit, passionnant à lire. Il débute avec l’exécution de Mata Hari, fusillée la tête haute parce qu’elle tapait sur *le système du système*. Puis on peut lire la longue lettre à son avocat, un pantin désarticulé et dépassé, puis, une longue lettre de ce même avocat à Mata Hari…une lettre qu’elle ne lira jamais.

Même si ce sont les mœurs qui devancent son temps qui ont amené Mata Hari devant le peloton d’exécution et sans doute aussi son incapacité de *regarder où elle mettait les pieds*, l’écriture de Coelho pousse le lecteur et la lectrice vers un sentiment d’injustice.

Tout le long du récit, j’ai senti l’investissement de Coelho en authenticité et en sensibilité et j’ai réalisé dans la deuxième moitié du récit que Mata Hari aimait l’argent et le luxe, autre élément soi-disant incriminant poussant l’artiste vers sa chute.

Espionne ? Vraiment ? : *ce qu’il voulait dire, sans avoir le courage de le prononcer, c’était le mot : espionne. Quelque chose que je ne ferais jamais de ma vie. Comme vous devez vous le rappeler, excellentissime Maître Clunet, j’ai dit cela dans cette farce de procès : «Prostituée, oui. Espionne, jamais. * (Extrait)

Bien que ce livre soit le témoignage d’une femme hors du commun, il ne s’agit pas d’une biographie en tant que telle. Quoique la vie de Mata Hari s’inspire de faits réels dans les grandes lignes aux dires de l’éditeur et que l’auteur a tenté de reconstituer la vie de Mata Hari à partir de données historiques, ce livre demeure une œuvre de fiction. Il est poignant, il rend captif, il se lit vite, son contenu est crédible et plausible.

Mata Hari aura été victime autant d’elle-même que d’une parodie de justice. Mais toutes les versions s’entendent pour dire que l’artiste aura gardé la tête haute, même quelques minutes avant d’apparaître devant les fusilleurs :

*Je sais ce que je vais faire maintenant, avant d’entendre les pas dans le couloir et l’arrivée du Petit-déjeuner. Je vais danser. Je vais me rappeler chaque note de musique et je vais bouger mon corps au rythme des mesures, parce que cela me montre qui je suis : une femme libre* (Extrait)

Une belle écriture…un excellent moment de lecture

Paulo Coelho est un romancier et interprète brésilien né à Rio de Janeiro. Il a vendu plus de 210 millions de livres à travers le monde, traduits en plusieurs dizaines de langues. Son premier livre, LE PÈLERIN DE COMPOSTELLE a été publié en 1987, mais c’est le livre suivant L’ALCHIMISTE qui vaudra à Coelho une notoriété internationale. 

En novembre 2014, Paulo Coelho a achevé de mettre en ligne près de 80 000 documents – manuscrits, journaux, photos, lettres de lecteurs, coupures de presse – créant ainsi une vitrine sur le net pour la Fondation Paulo Coelho qui est basée à Genève.

Mata Hari (1876-1917)

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le vendredi 15 mai 2020

LA MALÉDICTION DE LA MÉDUSE, ERIK EMPTAZ

*Je ne supporte plus mon cadre qui suinte
le moisi, toute cette flotte qui nous entoure
depuis trop de jours, tous ces gens qui se
pressent, se bousculent, se guettent,
s’ignorent, s’invectivent et ne pensent,
comme moi et les nombreux rats du bord,
qu’à sauver au plus tôt leur peau de ce
foutu bateau.*
(Extrait : LA MALÉDICTION DE LA MÉDUSE,
roman d’Erik Emtaz, Éditions Grasset et
Fasquelle, 2005, numérique, 205 pages )

Le 2 juillet 1816, LA MÉDUSE, une frégate commandée par un vieil officier incompétent et alcoolique, échoue au large de la Mauritanie. Ne pouvant prendre place dans les embarcations du bord, cent cinquante hommes construisent un radeau de fortune et s’y entassent, après avoir été remorqués quelques milles ils sont abandonnés en pleine mer. Les naufragés périssent les uns après  les autres. Après quelques semaines, ils ne seront plus que 15. Affaiblis, affamés, plongés dans le désespoir, les malheureux, accrochés à la vie, se décideront à manger un des cadavres. Cette histoire est basée sur une réalité historique qui fût un des plus grands scandales politiques du 19e siècle.

FAIT  HISTORIQUE :

La Méduse est une frégate française devenue célèbre par son naufrage survenu le 2 juillet 1816 au large des côtes de la Mauritanie. Ce naufrage, à l’origine de la mort de 160 personnes, dont 147 abandonnées sur un radeau de fortune, est évoqué par le célèbre tableau de Théodore Géricault : LE RADEAU DE LA MÉDUSE. (1819)

(source et image : WIKIPÉDIA)

INDESCRIPTIBLE BASSESSE
*Qu’avons-nous fait d’autre que nous lamenter
sur nous-mêmes, nous menacer, nous voler, nous
battre, nous entretuer et vouloir avant tout sauver
notre peau tout en sachant combien, dans notre
situation, il était vain de le faire? Notre espérance
de vie…est aussi limitée que l’espace exigu dans
lequel nous sommes confinés*
(Extrait : LA MALÉDICTION DE LA MÉDUSE)

C’est un récit très dur qui raconte une réalité historique dont il n’y a pas de quoi être fier : Le naufrage de la frégate française LA MÉDUSE et l’abandon en mer de près de 150 hommes laissés à eux-mêmes sur un radeau précaire, mal conçu, mal bâti et beaucoup trop petit pour tenir en vie autant de monde.

La plume d’emptaz est puissante, mettant en perspective l’incompétence crasse des politiciens et officiers de marine de l’époque. Même si le livre prend davantage la forme d’un roman d’aventure plutôt qu’un récit historique, l’ouvrage est bien documenté et est basé sur une étude sérieuse du drame cruel qui s’abattu à l’époque sur le fleuron de la marine française et sur le radeau de fortune qui a emporté tant de vies.

Cette étude de la tragédie, l’enquête faite à l’époque assortie de reconstitutions et d’investigations approfondies rendent le récit crédible. Heureusement, l’auteur s’est abstenu des longueurs et des artifices dont on peut s’attendre habituellement dans ce genre de récit. Il lui a tout de même fallu rapporter des faits qui évoquent l’horreur, la cruauté, la violence, allant jusqu’à l’indescriptible bassesse humaine : l’anthropophagie.

J’ai ressenti une forte émotion entre autres parce que le récit évoque le peintre Théodore Géricault qui était un contemporain du narrateur de l’histoire Jean-Baptiste Savigny. Dans sa célèbre toile, Géricault a mis de côté violence, cannibalisme et actes de cruauté pour s’attarder à l’expression de la douleur, la souffrance intérieure, la peur et la privation sans compter la promiscuité.

*Il est vrai que la critique officielle a déjà daubé sur l’obscurité de la toile après l’avoir découverte au théâtre Italien. Chacun s’attendait à des scènes de rixe et d’anthropophagie, or tout est dans les yeux des naufragés qui disent ce que nous avons enduré, ce que nous avons fait et notre espoir insensé. Mais pour s’en rendre compte, il faut prendre le temps d’observer. (Extrait : LA MALÉDICTION DE LA MÉDUSE.) C’est presqu’un miracle que cette toile n’ait pas été censurée à l’époque.

Le récit prend rapidement le lecteur dans sa toile car, avec une expression littéraire vigoureuse, il n’est pas sans nous faire réfléchir sur l’instabilité et la fragilité de la nature humaine lorsque celle-ci est confrontée à la terreur et qu’elle est confrontée aux bas-fonds du désespoir. Le récit m’a captivé jusqu’à développer l’impression par moment que j’étais moi-même sur le radeau.

Je vous invite donc à une véritable exploration de l’âme humaine avec LA MALÉDICTION DE LA MÉDUSE, un récit fascinant, celui d’une tragédie issue de la lâcheté et l’incompétence qui livre aux affres du désespoir 147 êtres humains sur le radeau de la honte…

Suggestion de lecture : L’ÉNIGME DU MARIE-CAROLE, de Michel Carbonneau

La méduse est un navire militaire français de type frégate construit au début des années 1800. Il a été lancé le premier juillet 1810, s’est échoué et a fait naufrage le 2 juillet 1816. Cette frégate avait 47 mètres de long, 12 mètres de large avec une coque renforcée par des plaques de cuivre. Le navire de 1433 tonneaux était équipé d’une quarantaine de canons. L’orgueil de la marine française…victime de l’incompétence et de la crasse politique et monarchique…

Érik Emptaz est un journaliste français intimement lié au célèbre hebdomadaire satirique français LE CANARD ENCHAÎNÉ, journal d’investigations qui a mis au jour de nombreux scandales et où il est entré en 1978 comme responsable du trimestriel LES DOSSIERS DU CANARD avant de devenir éditorialiste et rédacteur en chef en 1990. Parallèlement, il écrit quelques livres à saveur politique ou dramatique en commençant par LA MALÉDICTION DE LA MÉDUSE en 2005.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 26 novembre 2017 

LE CHEMIN PARCOURU, le livre d’ISHMAEL BEAH

*Des enfants vagissaient, des hommes poussaient des cris qui perçaient la forêt et couvraient les hurlements aigus des femmes. Finalement, les coups de feu ont cessé et le monde s’est tu, comme s’il écoutait lui aussi.* (Extrait : LE CHEMIN PARCOURU, Ishmael Beah, t.f. Presses de la Cité, 2008, 320 pages.)

Dans ce récit, Ishmael Beah témoigne de sa vie en Sierra Leone. Un jour de 1993, Ishmael s’éloigne de son village avec des amis, il sera capturé par des rebelles et enrôlé de force pour combattre les forces gouvernementales. Drogué, influencé, manipulé, les rebelles vont transformer graduellement Ishmael en machine à tuer, froide et insensible, et ce,  alors qu’il n’avait que 12 ans. Cinq ans plus tard, son destin l’arrache à cet enfer de l’enfant-soldat. Il gagne miraculeusement les États-Unis en 1998  Par la suite, un autre défi très dur s’annonce pour Ishmael : se pardonner, se reconstruire… ce témoignage évoque une triste réalité qui entache l’histoire de l’humanité et qui sévit encore à ce jour : LES ENFANTS SOLDATS.

Le rude cheminement d’un enfant-soldat
*J’ai braqué mon arme sur un groupe de rebelles, mais
Alhaji m’a tapé sur l’épaule. Il m’a chuchoté qu’il voulait
pratiquer sa technique à la Rambo avant que nous nous
mettions à tirer…il a commencé à s’étaler de la boue sur
le visage…fixé son fusil sur le dos…il a rampé lentement
sous le soleil de midi baignant de  sa lumière ce village
que nous avions l’intention de plonger très bientôt dans
L’obscurité.*
(Extrait : LE CHEMIN PARCOURU)

LE CHEMIN PARCOURU est un récit autobiographique très intense dans lequel Ishmael Beah fait le bilan de son enfance et de sa préadolescence en Sierra Leone, un pays alors ravagé par la guerre civile et tout ce qui en découle de despotisme, de cruauté, de massacre et de sadisme.

Beah développe trois parties distinctes de cette vie infernale : l’époque où il a été recruté comme enfant soldat puis manipulé, drogué et transformé en machine à tuer, l’époque où il a été retiré sans explication de l’armée pour être rééduqué sous le contrôle de l’Unicef et l’épisode où il doit fuir son pays sous peine de redevenir une machine à tuer ou de mourir.

C’est un récit à la fois dur et fascinant qui met en perspective la bêtise humaine découlant d’un goût démesuré pour le contrôle et le pouvoir. Ce livre nous éclaire sur l’une des pires taches dans l’histoire de l’humanité : *dresser* des enfants à tuer, à semer la terreur et à inspirer l’horreur, à vider ces enfants de toute pitié ou compassion.

J’ai bien senti que Beah n’a pas voulu trop en mettre, évitant le sensationnalisme gratuit. Mais il n’a pas eu peur des mots non plus. Bref la plume fait preuve d’un bel équilibre et Beah a fait preuve de beaucoup de courage en racontant son parcours dans une spirale aussi démesurée d’horreur et de destruction. Je craignais de m’enliser dans la lecture d’un récit misérabiliste. Ce ne fût pas le cas.

Toutefois le livre n’a pas répondu à toutes mes attentes. Par exemple, j’aurais aimé comprendre les raisons pour lesquelles Beah a été retiré de l’armée. Pourquoi a-t-il été choisi? Selon quels critères. C’est important parce que cet évènement a changé toute sa vie. J’aurais aussi aimé en savoir davantage sur le voyage introspectif d’Ishmael Beah.

Ce que je sais des mécanismes de sa rééducation se résume à peu de choses : une infinie patience de ses rééducateurs (son infirmière en particulier) et la répétition d’expressions du genre *C’EST PAS DE TA FAUTE*.

Mais comment a-t-il fait pour se pardonner lui-même?  Et puis le récit se termine un peu abruptement sur sa nuit dans une ambassade. J’aurais aimé connaître au moins ses premiers jours d’homme libre aux États-Unis et sa lente transformation en homme pacifiste.

Malgré tout, ce récit est un témoignage à vif, poignant, riche de symboles et magnifiquement porteur d’espoir. Je ne regrette pas la lecture de ce livre. Il m’a ému et fait réfléchir. Je le recommande à tous…les jeunes en particulier car il nous fait réfléchir sur la véritable valeur de la vie, l’incroyable force de l’âme et l’importance d’envelopper d’amour et de protéger tout ce qu’il y a de plus beau et de plus positif qui couve dans le cœur des enfants…

Suggestion de lecture : AU SUD DE NULLE PART, recueil de Charles Bukovsky

Ishmael Beah est un pacifiste né en 1980 en Sierra Leone. Après avoir été recruté pratiquement de force par l’armée gouvernementale, à 13 ans, il devient enfant-soldat et le restera dans une incessante chasse aux rebelles pendant 5 ans. En 1998, il rejoint les États-Unis grâce à une famille qui l’adopte. Il entreprend de hautes études, donne des conférences et s’exprime plus d’une fois aux Nations-Unis et devant de nombreuses ONG. Ses plaidoyers souvent vibrants visent à mobiliser l’opinion publique sur le sort des enfants victimes des conflits armés. Son livre, est largement publié et même étudié dans des écoles.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2016

 

MATRICULE 728, servir et se faire salir

Commentaire sur le livre de
BERNARD TÉTRAULT
et STÉFANIE TRUDEAU

*Tout a changé le soir du 20 mai 2012 quand, intervenant
dans une des émeutes de la grève étudiante, je me suis
retrouvée à la une de tous les journaux, à la radio, à la
télévision et sur les réseaux sociaux, décriée comme «une
folle qui a pété sa coche»…*
(Extrait : MATRICULE 728, servir et se faire salir, Bernard
Tétrault et Stéphanie Trudeau, Éditions Ada, 2015, 304 pages)

Lors des manifestations étudiantes du printemps 2012, à Montréal,  Stéfanie Trudeau, connue comme matricule 728 du SPVM, est filmée aspergeant de gaz poivre des manifestants. Le 2 octobre 2012, elle tente d’arrêter un homme qui buvait une bière sur la voie publique près d’une résidence d’artistes. L’évènement est filmé par une passante avec son téléphone portable.

Trudeau  applique une prise d’étouffement sur l’homme qu’elle voulait arrêter ; quand finalement elle lâche prise, elle fait un rapport verbal de l’incident, rapport enregistré sur un téléphone portable saisi et dont la fonction enregistrement avait été accidentellement déclenchée ; son langage est parsemé de jurons et d’insultes à l’endroit des occupants de la résidence. Avec Internet, les vidéos font le tour du monde.

Suite à ces évènements et à certains antécédents relatifs aux agissements de Stéfanie Trudeau, personne ne prendra sa défense, ni les autorités policières du SPVM, encore moins la presse.

En 2015, donc trois ans plus tard, bien que la poussière ne soit pas encore retombée sur ces évènements sur les plans judiciaires et médiatiques, Stéfanie Trudeau, vivant l’ensemble de cette situation comme une descente aux enfers, décide de publier un livre pour s’expliquer en entraînant le lecteur sur le terrain des évènements.

Photo d’une manifestation étudiante captée à Montréal lors du *printemps érable*, la grève étudiante la plus longue et la plus imposante de l’histoire du Canada, déclenchée en réponse à l’augmentation projetée des droits de scolarité universitaire dans le budget du Québec 2012-2013 du gouvernement libéral de Jean Charest.

Un long justificatif
*J’avais agi, dans l’imaginaire des gens, sous le
coup de la frustration, de la colère et de
l’impatience, alors que j’avais fait exactement
ce qu’on attendait de moi et ce pourquoi
j’étais payée.*
(Extrait : MATRICULE 728)

Voici un livre qui tente de s’ajuster à une actualité brûlante. En effet, au moment d’écrire mon commentaire sur le livre, Stéfanie Trudeau est devant la justice dans cette affaire qui traîne en longueur. Il est très difficile d’écrire un commentaire sur ce livre sans l’imprégner d’une pensée éditoriale.

J’essaie de me limiter au commentaire sur le livre, mais je ne peux éviter de parler du volume sans parler de la personne car le livre, Matricule 728, Stéfanie Trudeau et les évènements pour lesquels elle a été sévèrement blâmée sont intimement liés.

Le livre comporte une petite partie biographique au début. Le reste est une longue justification des attitudes et comportements de Stéfanie Trudeau pendant la crise basée sur une discrimination relative à des aspects bien précis de sa personnalité :

*Comme mon image était déjà perçue comme très négative à cause de mon allure, mon caractère, ma stature, mon orientation sexuelle, mes sentiments exprimés sous le coup de l’émotion, ma masculinité et mon look androgyne, ils n’avaient pas eu beaucoup de difficulté à me faire un procès d’intention et à fausser la perception de la population à mon endroit en refusant systématiquement de rectifier les faits en laissant croire que j’étais fautive durant cette intervention.* (Extrait)

C’est là toute la faiblesse du livre : Stéfanie Trudeau n’admet à peu près aucun tort. C’est la faute à tout le monde mais pas la sienne. Le récit prend même, par moment, l’allure d’un réquisitoire contre les autorités policières, les politiciens, la Presse et les réseaux sociaux. Elle n’a pas tout faux. Comme elle le dit elle-même, tous les services de police et tous les systèmes politiques ont leurs côtés occultes et ça j’y crois.

Mais malheureusement, j’ai vu moi aussi les vidéos et nonobstant le contexte et l’urgence du moment, je n’ai pas aimé ce que j’ai vu. Je pense qu’il faut être naïf pour croire que la Presse et les réseaux sociaux n’utiliseront pas ces images pour les monter en épingle.

Je crois qu’ici les torts devraient se partager. Les propos publiés par Stéfanie Trudeau dans son livre m’amènent à la certitude que la Presse et les médias sociaux s’attardent rarement à un travail bien fait de part et d’autre. Y a-t-il eu bavure policière? Est-ce que, par des écarts de gestes et de propos, Stéfanie Trudeau a simplement été victime de sa trempe et de son caractère?  À vous de juger. Moi je crois que de part et d’autre le travail a été bâclé.

Quant au livre comme tel, je ne sais pas si c’est parce que Stéfanie Trudeau se disculpe avec l’énergie du désespoir et qu’elle semble fortement miser sur les sentiments du lecteur en parlant par exemple de sa famille, mais je l’ai trouvé ennuyeux avec ses nombreuses répétitions et son  caractère à sens unique.

Je l’ai lu plus par curiosité que par la conviction que j’allais tomber sur un chef d’œuvre de haute qualité littéraire. Ne développant qu’un seul côté de la médaille, la crédibilité qu’on peut accorder à un tel volume est finalement une question de foi.

Je ne crois pas que ce livre passera à l’histoire.

Suggestion de lecture : LA MORT EST MON MÉTIER, de Robert Merle

Stéfanie Trudeau est née à Brossard en 1972. Cadette de la famille Trudeau, son père était policier. Dans sa biographie, elle avoue avoir connu une jeunesse difficile parce qu’elle était différente des filles de son âge se disant entre autres plutôt masculine. Après son passage à l’école secondaire, elle fait ses études collégiales au Cégep Maisonneuve, puis entre à l’école nationale de police du Québec à Nicolet.

Elle est assermentée comme policière à l’été 1994 et accepte une fonction au poste 33 du SPVM. Au printemps 2012, la crise étudiante baptisée PRINTEMPS ÉRABLE bat son plein. Pendant une émeute, elle pose des gestes considérés par ses pairs, les autorités, la presse et le public comme une bavure policière.

Avec des images et des propos peu flatteurs qui font le *cybertour* du monde, La vie de Stéfanie Trudeau bascule et elle décide de s’expliquer en publiant en 2015 MATRICULE 728 SERVIR ET SE FAIRE SALIR MON HISTOIRE.

Bernard Tétrault est un journaliste spécialisé dans les affaires criminelles et judiciaires depuis 1964. Il a été le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Allô Police. Il est aussi le coauteur de Claude Poirier – 10-4, de Claude Poirier – Sur la corde raide et a signé, avec Michael Lechasseur, Confidences d’un agent double – En mission à 14 ans.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
DÉCEMBRE 2015

À l’intérieur des vaisseaux de l’espace

Commentaire sur le livre de
Georges Adamski

 *Dans le vaisseau, il n’y avait pas le moindre
coin sombre. Je ne pus  voir d’où venait la
lumière. Elle semblait pénétrer toutes les
cavités et les coins avec une lueur légère et
plaisante. Il n’y a aucun moyen de décrire
correctement cette lumière.*
(extrait À L’INTÉRIEUR DES VAISSEAUX DE L’ESPACE,
Georges Adamski, Michel Moutet éditeur, t.f. 1979,
num. 150 pages)

Dans À L’INTÉRIEUR DES VAISSEAUX DE L’ESPACE,  Georges Adamski raconte son contact avec les extra-terrestres, comment, le 13 décembre 1952, il s’est embarqué dans un vaisseau, a voyagé dans l’espace, a pu observer la face cachée de la lune, ainsi que les ceintures de Van Allen dont il a fait une description assez précise avant même qu’elles ne soient découvertes par le célèbre physicien James Alfred Van Allen et qu’elles ne portent son nom.

Il a même fait une description des lucioles de l’espace avant même les astronautes. Bien que l’auteur ait de nombreux détracteurs et qu’il demeure fort controversé, son histoire s’est insérée très solidement au cœur de l’histoire de l’ufologie. L’ouvrage, toujours disponible, est encore cité en référence de nos jours. Il s’agit de son quatrième livre (publié en 1953).

L’énigme Adamski
*Je crois que j’ai été réellement le témoin
de la force même qui pénètre tout l’espace
et dont les planètes, les soleils et les
galaxies sont formés; la même force qui
soutient et supporte toute activité et
toute vie dans l’univers.*
(extrait À L’INTÉRIEUR DES VAISSEAUX DE
L’ESPACE, Georges Adamski)

Georges Adamski est un de ces personnages qui a marqué mon adolescence, m’intéressant aux sujets qu’il développe, en particulier les extra-terrestres et la Loi Universelle. Je me suis décidé à replonger dans une partie de son œuvre. Je dois dire aujourd’hui que À L’INTÉRIEUR DES VAISSEAUX DE L’ESPACE est un livre peu crédible, mais il suscite tout de même quelques doutes qui déchirent les ufologues.

Peut-être est-ce à cause de sa sincérité, de ses observations sur le fonctionnement des vaisseaux qui sont parfois d’un réalisme impressionnant, ou à cause de certaines photos certifiées par des spécialistes comme ne contenant aucun trucage.

Là où ça ne va pas du tout, c’est quand Adamski décrit les planètes Vénus, Saturne et Mars comme des planètes vivantes avec des communautés prospères et heureuses, de l’eau, de l’air et de la nourriture en abondance, des mondes sans guerre et sans maladie à côté desquels la terre n’abrite que des barbares au balbutiement de leur évolution.

Adamski décrit même la face cachée de la lune comme étant habitée avec des vallées verdoyantes, du gibier, de l’air de l’eau et un peuple évolué.

*…Je vis des engins construits sur le modèle du vaisseau-mère, en miniature. Ils paraissaient glisser juste au-dessus du sol, comme les autobus que j’avais vus sur la lune…* (Adamski, description de Vénus)

Dans l’œuvre d’Adamski, il n’y a pas de petits hommes verts, pas de vaisseaux aux dimensions monstrueuses type *independance day*, pas d’intentions belliqueuses, pas d’armes, aucune hostilité. Les extra-terrestres en question sont des hommes.

Là où la crédibilité en prend pour son rhume, c’est que depuis la publication de l’ouvrage jusqu’à nos jours, la science a fait des progrès énormes jusqu’à démontrer qu’il n’y a pas de vie ni sur Vénus, ni sur Saturne ni sur mars et encore moins sur la lune. Pas d’eau, pas d’air, pas de petites fleurs et encore moins d’autobus aéroglisseur.

Toutefois, les *pro-adamski* avancent l’hypothèse que les visiteurs n’étaient pas de notre système solaire, mais ont fait croire à Adamski que c’était le cas, peut-être pour des raisons de commodité ou pour éviter de communiquer des secrets que l’humanité n’est vraiment pas prête à entendre.

Le livre d’Adamski ouvre à toutes sortes de possibilités, y compris celle de la fumisterie mais les ufologues sont trop partagés pour considérer celle-ci comme étant le seul élément à considérer.

En définitive, c’est au lecteur à faire la part des choses et c’est un défi très intéressant. Pour ma part, ce que j’ai trouvé le plus fascinant dans ce livre est le message véhiculé par les extra-terrestres .

Il est avant tout un vibrant plaidoyer pour la paix et laisse à penser que l’homme n’atteindra jamais sa plénitude, son bonheur et les jalons supérieurs de son évolution tant que son esprit sera gouverné par le besoin de domination, générateur de guerre, de violence, d’intolérance et de haine. Le message semble démontrer que l’humanité n’atteindra son plein potentiel qu’en passant par un scrupuleux respect de la Loi Universelle.

Comme le dit le vieux cliché, la balle est dans le camp du lecteur. Peut-être les extra-terrestres ont-ils simplement imprégné un songe dans l’esprit d’Adamski, comme Dieu l’a fait pour Jean avant la création de l’apocalypse. Toutes les possibilités sont à envisager. Le débat est toujours très actif chez les ufologues pour qui Adamski demeure une énigme.

Suggestion de lecture : AFFAIRES ÉTRANGES de Joslan F. Keller

D’origine polonaise, Georges Adamski (1891-1965) est auteur, astronome autodidacte, conférencier et Ufologue. Il est ce que l’ufologie appelle un CONTACTÉ. En effet, Adamski prétend qu’un être venu de Vénus l’a fait voyager dans l’espace. Il aurait eu plusieurs contacts ayant apparemment pour but d’amener les humains à préserver leurs ressources, cesser de polluer et cesser tout essai nucléaires. Même si l’auteur demeure toujours controversé, ses livres continuent de nos jours à obtenir d’intéressants succès de librairie et le personnage demeure  fascinant.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JUILLET 2014

VOIR LE COMPLÉMENT SUR LA LOI UNIVERSELLE