L’INQUISITEUR, le livre d’HENRI GOUGAUD

*Je sais, dit l’évêque Gui, qu’une centaine de juifs
ont été massacrés, ce matin, par cette bande de
bergers normands que la reine de France nous
envoie, puisqu’il paraît qu’elle les a bénis…*
(Extrait :
L’INQUISITEUR, Henri Gougaud, Éditions du Seuil 1984,
Format numérique, 217 pages.)


À travers la Garonne médiévale, une troupe de paysans massacre les populations juives en invoquant Dieu. À leur tête : Jean le Hongre, dont l’influence sur les foules est grandissante. Prié par la papauté d’agir, le très intraitable Inquisiteur, Jacques Novelli, entend bien rétablir son autorité. Il décide d’enfermer la belle Stéphanie, la sœur de son ennemi. Mais voilà qu’il s’éprend d’elle…

 

 

Quelque chose qui change tout
*Mais ce morveux n’a pas plus de cervelle que de pitié. Je te le dis : Il
est perdu. Sais-tu ce qu’il a fait ? –Il a tué le curé de Castelsarrasin,
répondit Jacques en grimaçant douloureusement. Et sans doute aussi
le viguier. –Tout juste mon bon. Il les a égorgés lui-même en deux
coups d’épée. Ce fut, paraît-il, très horrible. Il dit cela avec un dégoût
de mauvais comédien qui scandalisa Novelli.
* (Extrait)

Ce n’est pas tout à fait le livre auquel je m’attendais. En fait, l’histoire, imaginée par Henri Gougaud développe davantage le profil de l’homme que celui de l’inquisiteur. Quoique le récit soit plus lourd à cause de la psychologie complexe du personnage principal, je l’ai trouvé tout de même très intéressant.

Le rôle d’inquisiteur est donc secondaire…pas de bûcher, pas de cruauté, pas de procès expédiés, pas de violence. L’homme quant à lui devient, après la mort de son oncle cardinal, profondément confus dans ses sentiments. Voyons l’aperçu. Nous sommes à Toulouse en 1321 dans une France où l’Église régente tout et opère une chasse sans merci à l’hérésie.

Un dominicain, Jacques Novelli, inquisiteur réputé intraitable, est chargé par le pape de capturer, juger et exécuter Jean Le Hongre, un meurtrier à la tête d’une bande qui massacre les juifs au nom de Dieu. Au tout début de sa mission, Novelli subit une transformation intérieure avec l’arrivée dans le décor de la belle Stéphanie.

L’inquisiteur devient mou. L’homme devient fragile et ses ambitions s’aplatissent. Son âme s’attendrit, confus devant ce qu’il ressent pour Stéphanie d’autant que Stéphanie est la sœur de Jean Le Hongre.

Il développe l’idée d’abandonner sa charge d’inquisiteur, de faire vœux  de pauvreté en devenant moine errant et mendiant et surtout convertir à la foi catholique un juif coriace dont il s’est pris d’amitié : Salomon d’Ondes. C’est surtout ce dernier aspect de l’histoire qui m’a tenu captif car il s’agit de la confrontation pacifique de deux hommes de caractère sur la base de puissants argumentaires.

Cela s’est traduit par des dialogues savoureux teintés de foi, de sincérité et de conviction mais souvent obscurcis par l’incompréhension et la certitude acquise par chacun d’avoir raison :

*Si donc je dois venir un jour dans votre Église, je n’y serai pas poussé par un enseignement en bonne et claire langue, mais par cette douceur de brise, par ce vent de miracle que l’on sent, parfois, entre deux élans de paroles.

Pour l’heure je vous l’ai dit, nous nous efforçons l’un et l’autre contre un mur qui nous empêche de nous joindre. –Un mur maître Salomon ? Quel est-il ? Désignez-le sans crainte, je l’abattrai, répondit Novelli* (Extrait)

Ce qui précède est un exemple de la qualité des dialogues. Gougaud a inséré dans son roman, un élément qui consacre toute l’originalité du récit : l’ouverture d’esprit qui a toujours cruellement manqué à l’Église. L’INQUISITEUR est donc la description du virage extraordinaire du destin d’un homme de foi.

La force du récit est principalement dans sa richesse descriptive. Je parle surtout de la transformation de Jacques Novelli en insistant sur la différence entre un homme d’Église et un homme de foi. Bien sûr ce type de développement ouvre la voie aux longueurs et à la redondance.

Certains passages sont lourds. C’est la principale faiblesse de l’œuvre. Elle est compensée par la force des personnages, y compris le serviteur et ange gardien de Novelli, le valeureux Frère Bernard qui vient nous rappeler que les hommes d’Église sont d’abord des hommes. Ce détail a échappé à beaucoup de monde dans l’histoire de l’humanité. C’est précisément une étincelle d’humanité qui donne toute sa valeur au récit de Gougaud.

J’ai apprécié l’optimisme qui se dégage du récit, son atmosphère médiévale, sa conclusion brillante et certains éléments de réflexion qui viennent nous rappeler qu’on a encore fort à faire pour sortir de l’obscurantisme religieux. Un bon livre mais attention, le titre est un peu trompeur.

Suggestion de lecture : LES SORCIÈRES DE SALEM, de Millie Sydenier

Considéré comme notre plus grand conteur, Henri Gougaud est l’auteur d’une œuvre impressionnante avec des romans, des recueils de contes et des paroles de chansons pour notamment Juliette Gréco et Jean Ferrat. Il a publié chez Albin Michel L’enfant de la neige (plus de 26 000 exemplaires vendus), Le livre des chemins (plus de 25 000 exemplaires vendus) et bien d’autres tel Le secret de l’Aigle avec Luis Ansa.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 20 février 2022

TERRES DE SANG ET DE LUMIÈRE, JOCELYNE GODARD

TOME 1 
L’APPEL AU DÉPART

*Pour apaiser les conflits, Urbain II se mit à prêcher une croisade en Terre Sainte…En 1095, il organisa un concile… appelant les foules venues d’Italie, d’Espagne, d’Angleterre et de France. Au cœur de l’été 1096, une fièvre délirante secoua le peuple et ce fût le départ de la première croisade.*

(Extrait : TERRES DE SANG ET DE LUMIÈRE, tome 1 L’APPEL AU DÉPART, Jocelyne Godard, format numérique, Éditions du 38, 2019. 1675 Kb, 190 pages pour l’édition imprimée)

En l’an 1096, la jeune franque Mahaut de Saint-Victor se prépare à quitter le château familial en Picardie pour accompagner ses oncles et son frère qui vont délivrer Jérusalem, à la demande du pape Urbain II, ainsi qu’il le prêche aux futurs croisés lors de l’immense rassemblement qu’il a convoqué devant l’abbaye de Clermont en Auvergne. <illustration ci-haut, appel à la croisade d’Urbain II, détails ici>

Cette première croisade, celle « Des Chevaliers », sera le plus exécrable des voyages jamais vécus à cette époque, d’autant plus que leurs familles, femmes et enfants participeront à l’expédition. Il faut préparer les convois, chariots, chevaux et bœufs, puis la nourriture, les bâches, les couvertures, les armes, les casques et les cottes de maille.

Tous ceux qui reviendront de Jérusalem délivrée de la main des impies seront pardonnés de tous leurs péchés. C’est ce que prêche le pape. L’ Église est ferme : il faut se libérer de la menace turque qui pèse en Palestine et tuer les hérétiques.

Dotée de sa foi chrétienne, Mahaut part avec sa famille pour rejoindre le gigantesque rassemblement à Clermont d’où partira la croisade, menée par Godefroy de Bouillon, en direction de l’Orient.

Une grande saga médiévale en 8 tomes, qui se poursuit avec le tome 2, Violent Danube.

Du sang pour Jérusalem
*Les émotions étaient communicatives, les sensibilités
à fleur de peau, les craintes amplifiées, les esprits
échauffés et la haine envers les Infidèles augurait un
dénouement aussi barbare qu’inattendu. Urbain II
cherchait le moyen de répondre à ces angoisses qui
ne présageaient rien de bon.
*
(Extrait)

Dans une série de 8 tomes, Jocelyne Godard nous entraîne dans des temps agités, début du deuxième millénaire, dans la première croisade d’abord prêchée par le pape Urbain II dans les campagnes de France afin de lever une gigantesque armée pour délivrer Jérusalem des Infidèles, des Musulmans, et d’y assurer une domination chrétienne.

Jocelyne Godard s’appuie sur une réalité historique en commençant par l’appel à la Croisade d’Urbain II garantissant la rémission des péchés des futurs morts.

Je dis ça en passant mais c’est une comédie crasse jouée par l’église pendant des siècles. Il suffisait de dire *c’est la volonté de Dieu * pour faire des milliers de morts. C’est très personnel mais je crois que dans l’histoire du monde et des religions, rien n’a été plus mal interprété que la volonté de Dieu. Mais bon…passons.

Disons que ce livre m’a fait réagir car il a exacerbé certaines émotions. Son ton est juste et son portrait de la mentalité de l’époque et des réalités religieuses est documenté et crédible. Voyons comment Jocelyne Godard imbrique la fiction dans la réalité.

Le récit est peuplé de personnages authentiques mais le personnage principal est fictif. Il s’agit de Mahaut de Saint-Victor, une jeune franque qui s’apprête à quitter le château familial en Picardie pour se rendre à l’immense rassemblement convoqué par Urbain II devant l’abbaye de Clermont en Auvergne. La première croisade est décidée avec une mission précise : libérer Jérusalem et tuer les hérétiques.

C’était, pour ceux qui y tenaient, la volonté de Dieu. Cette croisade allait être dirigée par le prestigieux Godefroy de Bouillon, personnage authentique, héritier du Royaume de France et descendant de Charlemagne.

Cette quête qui est aussi le fil conducteur, est de décrire avec précision tous les préparatifs de ce voyage rapporté par l’histoire comme étant infernal : le recrutement, l’approvisionnement, le financement, le transport, la logistique, les préparatifs militaires, l’armement et la création de la chaîne de commandement.

À travers tous ses préparatifs expliqués en détail, l’auteure s’attarde sur la vie sentimentale de Mahaut à qui on a promit la main de Jean de Villedieu, un chevalier qu’elle ne connait pas, qu’elle n’a jamais vu. Bref on lui a dit que c’est un bon garçon. Ils vont se marier ça s’arrête là. C’était la mentalité de l’époque. Mais Mahaut qui a 16 ans, a un caractère bien trempé. Il y a, disons un froid en vue, peut-être même de la glace.

Enfin, dans cet appel au départ, l’auteure exploite de façon exhaustive non seulement les préparatifs de la 1ère croisade mais aussi les émotions, les craintes et les peurs qu’elle suscite et elles sont de taille car les turcs et les sarrasins sont des guerriers féroces et impitoyables.

Ils avaient raison d’avoir peur car la croisade a fait plus de 120,000 morts sur le champ de bataille. Et dire que sept autres croisades vont suivre. Je sais pas mais il me semble qu’il y a quelqu’un quelque part qui n’a rien compris mais tous connaissait la puissance de ces trois mots : DIEU LE VEUT.

J’ai été séduit par la plume de Jocelyne Godard. C’est une belle écriture toute en nuance. Elle a développé un sujet qui n’est pas facile sans artifice ou exagération. Ses personnages ont été travaillés, en particulier Mahaut qui sera spécialement appréciée par le lectorat féminin. Elle est attachante et authentique.

Je me suis rapidement identifié à elle à cause entre autres, de son questionnement sur la logique de l’Église : *Décidément, Mahaut ne saisissait plus les mots du Pontife. Pourquoi poussait-il autant les pèlerins à donner leur vie… en échange de leur rédemption ? Tout à l’heure, il se désespérait devant les chrétiens massacrés par les turcs, à présent, il s’enthousiasmait devant ceux qui périrait pour le Christ…*  (Extrait)

Naïveté ou plus sûrement un questionnement sur l’utilité d’autant de morts. Jamais en 2000 ans le problème de Jérusalem, centre de toutes les fois du monde, n’a été réglé.

La fluidité de la plume fait en sorte que le temps passe vite. La lecture est facile et agréable et le souci du détail historique est intéressant. Internet regorge de sites qui parlent des croisades. Mais il sera particulièrement intéressant de suivre la saga TERRES DE SANG ET DE LUMIÈRES ne serait-ce que pour voir comment évoluera Mahaut. Très belle lecture en vue.

Suggestion de lecture : LA RELIGION, de Tim Willocks



Née dans la Sarthe, Jocelyne Godard a longtemps vécu à Paris. Les sagas et biographies romancées qu’elle a publiées au fil du temps ont toujours donné la priorité à l’Histoire et aux femmes célèbres des siècles passés.  L’Égypte ancienne et le Japon médiéval l’ont fortement influencée. Puis elle s’est tournée vers l’époque carolingienne, le Moyen-Âge et la Renaissance.

Plus récemment, elle a mis en scène, avec l’éclairage qui leur revient, une longue saga sur l’investissement des femmes durant la Grande Guerre. 

Puis elle s’est tournée vers le journalisme d’entreprise auquel elle a consacré sa carrière tout en écrivant ses romans. Depuis son jeune âge, l’écriture a toujours tenu une grande place dans son quotidien. Un choix qui se poursuit.

La suite

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
le dimanche 17 octobre 2021

UNE COLONNE DE FEU, KEN FOLLET partie 2

LES RAVAGES DU FANATISME
*Paré disait que si l’écharde n’avait pénétré que dans l’œil
du roi, il aurait pu survivre…Malheureusement, la pointe
s’était enfoncée jusqu’au cerveau. Paré mena des
expériences sur quatre criminels condamnés à mort,
leur plantant des éclats de bois dans les yeux pour
reproduire la blessure. Les quatre moururent. Il n’y
avait aucun espoir de sauver le roi.*
(extrait)

Pour compléter mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU, je dirai qu’il est difficile pour moi de dissocier la perception que j’ai du récit de mes convictions. L’auteur précise que le protestantisme était aussi loin d’être vertueux. Raison pour laquelle je pense que la neutralité de l’auteur est raisonnable.

Pour le reste c’est du grand Follet : insertion efficace de personnages fictifs dans des réalités historiques de premier plan, beaucoup de rebondissements, de l’émotion, et l’histoire est toujours d’actualité sauf qu’aujourd’hui, c’est l’Islam qui est pointé du doigt. Donc, quant à la tolérance, on ne peut pas dire que c’est une vertu dans notre société actuelle.

Dans les petits moins, attention, il y a beaucoup de personnages. Ça devient mêlant. Mais les principaux acteurs étant bien mis en évidence, c’est tolérable. Quant au titre, je n’ai pas vraiment compris ce choix.

Dans COLONE DE FEU, vous suivrez, tout au long du récit, l’évolution de Ned Willard qui est devenu espion au service de la reine Élizabeth 1ère, puis du roi Jacques. C’est un aspect extrêmement original que Follet a développé dans son récit : la nécessité et la création d’un cercle d’espions qui a été dans l’histoire, d’une redoutable efficacité. Naissance des services secrets…

Je sais que j’ai été long mais j’aimerais terminer en vous disant que si j’ai trouvé ce livre passionnant, il m’a ébranlé, à cause du caractère parfois brusque de la plume, mais surtout à cause des réalités historiques développées par Follet et dominées par la méchanceté, la cruauté et évidemment l’intolérance qui a tant fragilisé l’Europe au cours de l’histoire. Je vous recommande donc UNE COLONE DE FEU… du grand Follet.

Pour en savoir plus sur le protestantisme, cliquez ici.
Pour en savoir plus sur le massacre de la Saint-Barthélemy, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur CODE ZÉRO de Ken Follet, cliquez ici.
La première partie de mon article est ici.

Un élément de la conclusion du livre de Ken Follet m’a amené à faire une recherche sur le MAYFLOWER, un navire marchand qui deviendra célèbre après avoir transporté dans le nouveau monde, en 1620, des passagers dissidents religieux. Plusieurs de ces passagers, pèlerins et autres sont considérés par beaucoup d’historiens comme faisant partie des premiers colons de ce qui deviendra les futurs États-Unis. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 20 novembre 2020

UNE COLONE DE FEU, KEN FOLLET, partie 1

*Certains étaient suffisamment exaspérés par la
corruption de l’Église pour prendre le risque
d’assister à des cultes protestants clandestins,
même si c’était un crime. Pierre fit mine d’être
scandalisé. «Ces gens devraient être mis à mort.»*
(Extrait : UNE COLONNE DE FEU, Ken Follet, Éditions
Robert Laffont, 2017, édition de papier, 925 pages)

Noël 1558, le jeune Ned Willard rentre à Kingsbridge : le monde qu’il connaissait va changer à tout jamais… La ville est déchirée par la haine religieuse et Ned se retrouve dans le camp adverse de celle qu’il voulait épouser. L’accession d’Élisabeth Ire au trône met le feu à toute l’Europe. Les complots pour destituer la jeune souveraine se multiplient. Pour déjouer ces machinations, Élisabeth constitue les premiers services secrets du pays et Ned devient l’un des espions de la reine. Dans ce demi-siècle agité par le fanatisme, la véritable bataille oppose les adeptes de la tolérance aux tyrans décidés à imposer leurs idées à tous les autres – à n’importe quel prix.

Deux siècles après
UN MONDE SANS FIN

*Ils se rendront de nuit au château de ma sœur,
l’actuelle comtesse de Shiring. Elle organise des
offices religieux catholiques en secret depuis des
années et dispose déjà de tout un réseau de
prêtres clandestins. De là, ils se disperseront
dans toute l’Angleterre*
(Extrait : UNE COLONNE DE FEU)

L’histoire d’une Europe instable et agitée. Elle est agitée et meurtrie par une guerre sans merci que se livrent les ultra-catholiques et les protestants qui, sous l’impulsion de Jean Calvin ont décidé de faire sécession d’une église contrôlante, austère, orthodoxe dirigée par des papes incompétents assis sur l’argent, le pouvoir et l’ambition.

Pour comprendre l’histoire, il faut saisir toute l’ampleur de l’intolérance catholique, le contexte politique, spécialement en Angleterre, le durcissement du protestantisme qui deviendra aussi intolérant. Le résultat est une bombe meurtrière au nom d’une étiquette empoisonnée : la religion de l’église.

Ken Follet livre un récit historique avéré dans lequel il a inséré des personnages fictifs avec des intrigues. C’est sa grande force. Il passe en revue les grands moments de la crise de religion à partir de 1558 où Élizabeth 1ère accède au trône d’Angleterre et établit l’autorité de l’Église protestante.

Elle créera les tout premiers services secrets anglais. Par la suite, le pape aura l’idée brillante d’excommunier Élizabeth, répudier sa religion et inciter les anglais à la désobéissance. Dans un crescendo dramatique, Follet passe en revue l’exécution de Marie Stuart, la tentative de l’Espagne d’envahir l’Angleterre et d’y faire agir l’inquisition.

L’auteur met tous les éléments en place menant inexorablement au massacre de la Saint-Barthélemy : chaque protestant de la noblesse était désigné pour être assassiné par un ultra-catholique …des milliers de morts ont jonché les rues de Paris et d’autre villes pendant des semaines. Suite à cet indescriptible carnage, le Pape aurait envoyé une lettre de félicitations au roi de France. N’est-ce pas édifiant ? Pour un saint homme ?

C’est une parenthèse très personnelle, mais on dirait qu’il y a beaucoup de gens, dont des rois et des saints pères qui ont oublié le message pourtant très simple qu’un jeune homme adulé a livré un jour sur une montagne : AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES et non *tuez-vous les uns les autres* et pour des chicanes de doctrines encore. J’ai trouvé le livre dur, très direct. Il y a quelque chose de dérangeant dans la justesse du propos.

Au moins, à plusieurs reprises dans le récit, j’ai senti l’appel à la tolérance, c’est-à-dire cette capacité d’admettre que mon voisin, ami ou cousin peu importe ait une manière différente de la mienne de vivre et de penser. Il ressort de l’ensemble de l’œuvre une mise en valeur, sinon une glorification de la tolérance. Et les exemples sont nombreux…

*Margery était consternée. Les catholiques allaient massacrer les protestants, et inversement. Mais un disciple du Christ n’était pas censé manier l’épée ni tirer le canon, pas plus que tuer ou estropier. (Extrait) 

*Nous ne voulions qu’une chose, un pays où chacun pourrait faire la paix avec Dieu comme il l’entend* (Extrait) 

*La simple idée que des êtres humains puissent être autorisés à pratiquer la religion de leur choix provoqua plus de souffrances que les dix plaies d’Égypte*. (Extrait)

Le prochain article sera consacré à la suite et la fin de mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 15 novembre 2020

LE GLAIVE DE DIEU tome 1, livre de HERVÉ GAGNON

VENGEANCE

*Dès que Pierre eut disparu, il prit un chandelier
à sept branches qui trônait sur le grand buffet,
en alluma les bougies et le plaça à la fenêtre.
C’était le signal. Quelqu’un viendrait bientôt.
Il s’assit dans le salon et attendit. Sa tâche se
terminait et celle de son fils débutait. *
(Extrait LE GLAIVE DE DIEU, Hervé Gagnon,
Éditions Hurtubise 2013, édition de papier, 441 p.)

Montréal, 1886. Jeune professeur d’histoire, Pierre Moreau mène une existence simple et paisible jusqu’au jour où son futur beau-père l’entraîne dans une rencontre de francs-maçons. Il est alors loin de se douter que, depuis des siècles, une organisation secrète fonde de grands espoirs sur lui. Il se voit obligé d’entreprendre une quête capitale et mystérieuse, dont l’évocation seule fait trembler les hautes sphères de l’Église. À partir de ce moment, les menaces se multiplient sur son chemin, la mort frappe violemment autour de lui. Sa vie devient un cauchemar. 

LE TEMPS FORT DES MAÇONS
*Grâce à eux, un jour, les traîtres tomberaient, roulés
dans la fange de leurs mensonges puis exposés au
regard des autres pour ce qu’ils étaient vraiment. La
réputation des innocents serait lavée dans la déchéance
des tyrans. La vengeance serait consommée.
(Extrait : LE GLAIVE DE DIEU)

LE GLAIVE DE DIEU est un thriller théologique qui fait pénétrer les lecteurs et lectrices dans l’univers hermétique de la franc-maçonnerie et des templiers. Pierre Moreau, un professeur d’histoire, est entraîné dans une rencontre de francs-maçons. Il y est reçu et fera connaissance avec des personnages célèbres dont Gédéon Ouimet, ancien premier ministre du Québec et Honoré Beaugrand, célèbre journaliste et politicien.

À partir du moment où Moreau est devenu franc-maçon, sa vie bascule violemment car il se retrouve au beau milieu d’une guerre entre deux factions qui veulent s’approprier L’ARGUMENTUM qui contient un secret susceptible de faire imploser l’Église Catholique. Un secret longtemps protégé par les templiers.

Autour de Moreau, les cadavres s’empilent, sa fiancée est enlevée, lui-même est traqué car on le soupçonne d’être porteur d’une clé menant à l’argumentum. Deux factions s’opposent très violemment pour en finir : Le gladius dei veut mettre la main sur l’argumentum pour le détruire afin de protéger l’Église Catholique et l’opus Magnum qui veut récupérer l’argumentum pour le rendre public et discréditer définitivement l’Église.

Même Moreau est traqué je le rappelle. On tente de le tuer plus d’une fois. Les meurtres perpétrés dans cette histoire sont rituels et d’un haut degré de sadisme. Je vous avertis donc que certains passages pourraient vous soulever le cœur.

C’est un livre un peu tourne-page. Il est difficile d’en décrocher. Le ton est donné dès le départ et les évènements s’enchaînent rapidement, parfois imprévisibles, jusqu’à la finale qui m’a laissé pantois. On s’attache rapidement à Pierre Moreau car pour des raisons qu’il ignore complètement, sa vie devient un enfer et le lecteur se surprend presque à espérer fort que ça s’arrête.

Moreau est pris dabs un étau puissant, entre deux sectes qui ont plein de secrets à protéger, des signes pour se reconnaître, des réunions dans des endroits adaptés pour toutes de sortes de rituels parfois absurdes, le tout dans un climat de violence sans nom.

Ce qui est un peu compliqué dans ce livre, c’est de séparer le vrai du faux. Heureusement, l’auteur a écrit une note à la fin de l’ouvrage, une annexe qui départage la fiction des faits historiques. Personnellement, je ne la trouve pas complète, mais elle touche tout de même l’essentiel.

Dans son histoire, le trésor mettant en péril la survie de l’église est imaginaire. De plus, Hervé Gagnon précise :  *Les sources utilisées sont diverses et tiennent davantage de la théorie du complot que de la pratique historienne. * (extrait) Les personnages principaux sont imaginaires et évidemment la franc-maçonnerie existe et elle a même une longue histoire et il est vrai qu’elle a ses rituels.

Je me demande si l’hermétisme mentionné dans cette histoire est toutefois réel. C’est un des nombreux points que Gagnon ne précise pas dans sa note. C’est un bon livre, une histoire solide. Bien sûr, rien n’est réglé dans ce livre, il faut se référer à la suite pour connaître le sort de Pierre Moreau entre autres. L’auteur s’est arrangé pour donner le goût au lecteur de se diriger vers le tome 2 avec une finale assez singulière.

La première moitié du roman accuse des longueurs et le personnage principal est passablement brassé dans cette histoire. L’’auteur m’a fait faire un très beau voyage dans le temps, l’espace, l’histoire par le biais d’une plume nerveuse et magnifiquement documentée. C’est un excellent roman.

Vivement le tome 2 dans lequel Pierre Moreau est résolu à découvrir l’argumentum.

Hervé Gagnon, né en 1963, a enseigné l’histoire et la muséologie dans diverses universités. Depuis 2000, il a écrit plusieurs romans pour la jeunesse, dont plusieurs ont été primés. Il est l’auteur de la très populaire série Le Talisman de Nergal.  La série Malefica, qui se penche sur les heures sombres de l’Inquisition et le sort des femmes guérisseuses, a paru chez Hugo Roman en 2014 et 2015. Il est également l’auteur de trois romans policiers ou l’enquête est menée par le journaliste Joseph Laflamme . (source)

LA SUITE

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 30 octobre 2020

LA BALLE SAINTE, livre de LUIS MIGUEL ROCHA

*Sache que tous les êtres humains ont leurs faiblesses.
La mienne est l’Église ; la tienne, l’excès de confiance.
Méfie-toi ! C’est souvent une grande erreur. Retire ton
ego de l’équation. Alors seulement tu pourra être sûr de
ne pas faillir.*
(Extrait : LA BALLE SAINTE, Luis Miguel Rocha, Éditions de
L’Aube, 2015, collection l’Aube Noire, COMPLOTS AU
VATICAN, t 2, édition numérique, 490 pages)

Mai 1981, Cité du Vatican. Alors que vingt mille croyants se pressent sur la place Saint-Pierre, attendant l’audience hebdo­madaire du pape Jean-Paul II, un jeune homme ­déambule parmi eux. Lorsque la papamobile passe devant lui, Mehmet Ali Aca sort un pistolet et tire six fois sur le pape avant d’être maîtrisé. Au fil des ans, l’attentat contre Jean-Paul II a fait l’objet d’intenses spéculations. Mais personne n’est parvenu à expliquer ce qui s’est réellement passé, pourquoi le pape a été pris pour cible et par qui exactement. Personne, jusqu’à maintenant, ne s’était approché de la vérité… LA BALLE SAINTE est le 2e tome de la quadralogie COMPLOTS AU VATICAN.

BONDIEUSERIES IMPROPRES
*Le pape sait-il que vous êtes ici ? Pourquoi ne pas le lui
demander vous-même ? -C’est une idée…je vais y
réfléchir. J’ai beaucoup de questions à vous poser
Père Raphaël Santini…un vif éclat brille un instant
dans le regard du russe. Il est temps de montrer ses
armes.*
(Extrait)

He oui, encore des livres avec, comme toile de fond, la face cachée de l’Église catholique ou devrais-je dire plutôt son côté obscur. Ceux qui ont lu le tome 1 retrouveront sans doute avec ravissement Rafael Santini, agent secret du Vatican, Sarah Monteiro, étoile montante du journalisme et l’énigmatique JC maître de la loge P2 qui ne serait pas étrangère à la mort du pape Jean-Paul 1er.

L’histoire suit plusieurs personnages et évènements en convergence, à commencer par l’attentat contre le pape Jean-Paul II sur lequel Mehmet Ali aca tire six fois avant d’être maîtrisé. Une de ces balles, apparemment mortelle, aurait été miraculeusement déviée, ce que Jean-Paul II attribuera plus tard à la Sainte Vierge. Le projectile a été qualifié de balle sainte et le titre laisse à penser qu’on tente encore de comprendre aujourd’hui pourquoi Jean-Paul II a été choisi comme cible et qui a pu commanditer cette tentative d’assassinat.

Dans ce deuxième opus, on retrouve encore des espions, agents secrets, agents doubles, taupes, loges secrètes, la CIA, de mystérieux ecclésiastiques envoyés par d’obscures créatures de l’église dont l’Opus Dei qu’on a appris à connaître un peu dans le livre de Dan Braun DA VINCI CODE.

Cette histoire est un vaste chassé-croisé de personnages qui ne font pas dans la dentelle et dont le but premier est de protéger l’église de tout ce qui pourrait nuire au dogme et à sa pérennité quitte à tuer, harceler, intimider, faire disparaître. Comme des milliers de livres tendent à démontrer que L’Église est historiquement assise sur le mensonge, les justiciers de la foi sont donc très occupés.

Un aspect très intéressant du livre touche la principale menace qui concerne l’église, la plus crédible dans l’histoire. Cela concerne un personnage qu’on retrouvera ici et là au cours du récit. Il s’appelle Abou Rachid. C’est un musulman à qui apparaît quotidiennement la Vierge Marie. Un musulman qui parle à la vierge c’est tout un scandale pour l’Église. Il doit disparaître. Quelqu’un s’y emploie.

Mais la sérénité, le calme et le mysticisme de Rachid opérant quelques miracles, ce ne sera pas simple pour l’église de le mettre à l’écart. L’idée même qu’un musulman soit dans les confidences de la Sainte Vierge m’en dit long personnellement sur l’utilité des religions. L’Église doit suivre un chemin. Que celui-ci mène au diable ou à la trinité Ça n’a pas d’importance. On ne doit pas déroger point. Il y aurait gros à perdre, argent, pouvoir et de colossales richesses.

Dans cette histoire, tout y est…jeux politiques, bondieuseries, manipulation, mensonge, espionnage, meurtres bref un tas de détails qui laissent à penser que l’Église n’est pas propre propre. Donc, tout y est mais il n’y a rien de neuf. C’est bien rythmé, c’est même rocambolesque. C’est une histoire complexe et peu originale avec une galerie de personnages qui donne le tournis.

Deux de ces personnages portent des noms qui rappelleront sans doute des souvenirs aux baby-boomers amateurs de séries culte : Simon Templar (Le Saint) et James Phelps (Mission impossible). Je n’ai pas compris ce choix qui fait un peu ridicule. Je dois admettre que l’auteur imbrique avec grand art l’histoire et la fiction et imprègne à son récit une intrigue assez solide. Donc au thriller s’ajoute une dimension historique.

C’est un bon thriller j’en conviens. Le fil conducteur est un peu pénible et ça manque d’originalité. On ne réinvente pas la roue. Mais bon, j’ai lu tellement de ces histoires qui se ressemblent, je m’attendais simplement à autre chose. Un peu de nouveauté quoi…

Né à Porto en 1976, Luis Miguel Rocha a vécu en Angleterre et au Portugal. Romancier, scénariste, il est devenu le premier écrivain portugais à figurer dans la liste des best-sellers du New York Times. Il décède en 2015, âgé de seulement trente-neuf ans. LA BALLE SAINTE est le deuxième volume de la série « Complots au Vatican », après LE DERNIER PAPE (Folio Policier).

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le samedi 3 octobre 2020

BORGIA, le livre de MICHEL ZÉVACO

*-Assassinée !… Empoisonnée !… En est-ce assez ?
Seigneurs dépouillés, princes, barons et comtes
dépossédés, faut-il encore de nouveaux crimes? …
Et c’est toujours la même main qui frappe,
infatigable, jamais rassasiée de meurtres… c’est
toujours le même homme… le même tyran qui
conçoit l’assassinat : le pape !… Et c’est toujours
le même homme… le même tigre qui se rue sur la
victime désignée à ses coups… son fils… César
Borgia !…

À partir de personnages et de faits réels, l’auteur a imaginé une formidable épopée : celle d’un chevalier français, pauvre mais plein d’audace, le jeune Ragastens qui, après s’être mis au service de César Borgia, deviendra son rival et son ennemi le plus acharné. Pour la belle Béatrix, surnommée Primevère, qui hait ouvertement le tout-puissant seigneur romain mais adore en secret le vaillant petit français dont rêve aussi Lucrèce Borgia, l’Italie sera mise à feu et à sang.

Le courage et l’astuce de Ragastens provoqueront le dépit et la chute des Borgia. La justice, le droit et la légitimité triompheront. Ainsi que l’amour de Béatrix et Ragastens, sous le regard complice d’un peintre qui se fera un prénom, Raphaël, et d’un écrivain que le pouvoir inspire, Machiavel…

UN POUVOIR SULFUREUX
«Pas un mot ! dit le vieillard d’une voix si changée
que Ragastens la reconnut à peine. J’ai tout vu,
j’ai tout entendu. Bénissez le ciel que je conserve
mon sang-froid et que, pour éviter un scandale,
une tache à mon nom, je ne vous tue pas ici
comme un chien ! Demain…chez moi…je vous
attends…*
(Extrait : BORGIA)

BORGIA est un récit historique qui amalgame la fiction et la réalité. C’est l’histoire de Ragastens, un chevalier français sans le sou mais d’une trempe exceptionnelle. Pour vivre, il se fait enrôler comme Chevalier par le fils du Pape : César Borgia en personne. Pour faire court, Ragastens tombe en amour avec la belle Primevère, de son vrai nom Béatrix. Un jour, Béatrix accepte de servir de modèle au peintre Raphaël.

En prenant connaissance du tableau ainsi produit, Le pape Alexandre VI, Rodrigue Borgia exige de rencontrer le modèle peint si magnifiquement par Raphaël. De son côté, César Borgia aperçoit Béatrix et la veut lui aussi. La sœur de César et fille du pape, Lucrèce Borgia voit tout ça d’un mauvais œil.

Une chaîne d’évènements amène Ragastens à devenir l’ennemi juré des Borgia. Il développe l’obsession de sauver Primevère des griffes des Borgia. Aidé au départ par ses amis Machiavel et Raphaël, Ragastens établira de nombreuses et précieuses alliances pour mener à bien son plan.

J’ai dévoré ce long pavé de 1000 pages. Beaucoup de choses sont en accord avec l’histoire. Rodrigue Borgia est présenté dans ce livre comme un meurtrier fourbe, hypocrite et ambitieux. L’histoire reconnait en effet la vie dissolue d’Alexandre VI et la toute-puissance de la famille Borgia pour le malheur de toute l’Italie.

J’ai particulièrement apprécié l’insertion dans l’aventure de deux personnages historiques fort attachants à leur façon : Le peintre Raphaël Sanzio et le théoricien Niccolo Machiavelli. Leur présence est relativement discrète, mais elle compte beaucoup et a attisé mon intérêt pour le récit, Raphaël et Machiavel étant des amis du Chevalier Ragastens et par la force des choses, des complices.

Deux personnages importants dans le récit

À gauche, Raphaël Sanzio (1483-1520) appelé aussi Raphaël Santi est un peintre et architecte célèbre de la renaissance. Au Vatican, Raphaël, contemporain de Michel-Ange était chargé de la décoration du palais du pape Jules II, désireux de l’habiter pour ne pas subir la néfaste influence de la puissante famille Borgia.

Nicolas Machiavel (1469-1527) est un penseur humaniste de la renaissance, théoricien versé en politique et en histoire. Il a donné naissance à plusieurs termes en français dont le plus célèbre : *machiavélisme* issu d’une interprétation soit déformée soit surfaite de son œuvre. Dans le récit de Michel Zévaco, Raphaël et Machiavel sont deux amis et complices du héros de l’histoire, le chevalier Ragastens.

BORGIA est le récit d’une guerre. Un conflit cruel et sanglant entre les Borgia et les Alma, isolés à Monteforte, le dernier rempart qui s’oppose aux Borgia. C’est une guerre d’ambitions et de pouvoir et que souhaitent ceux qui ont le pouvoir sinon plus de pouvoir. Ce qui m’a le plus frappé dans l’œuvre de Zévaco est sa structure.

Sa plume intense a rendu d’une clarté limpide une puissante chaîne d’évènements et de personnages, ce qui rend la lecture fluide avec un fil conducteur auquel le lecteur s’accroche facilement. Inspiré d’une époque où la chrétienté était carrément décadente, l’auteur a su insérer dans cette réalité un Chevalier fictif avant tout humain avec ses forces et ses faiblesses mais d’une grande adresse et d’une incroyable audace.

Évidemment, Zévaco prend des libertés avec la vérité historique. Il a introduit par exemple LA MAGA, une sorcière qui aurait été amante du pape et mère de deux monstres : Lucrèce et César. Et puis, il y a la mort du pape Alexandre VI. Dans le récit de Zévaco, il est mort empoisonné mais on n’est pas sûr des circonstances exactes de sa mort.

Enfin, avec BORGIA de Michel Zévaco, vous êtes certain d’avoir entre les mains un excellent divertissement, une lecture prenante et pleine d’émotions et surtout de rebondissements. Vous vous attacherez je crois au jeune Ragastens et devrais-je le dire? Pourquoi pas puisque ça m’est arrivé…vous vous plairez sans doute à détester les Borgia car un fait est avéré :

La famille Borgia pâtit d’une sinistre réputation en partie forgée par ses ennemis politiques qui les accusent pêle-mêle d’empoisonnement, de fratricides, d’incestes…cette légende contribue à faire des Borgia le symbole de la décadence de l’Église à la fin du moyen âge. (Wikipédia)

Je recommande donc Borgia de Michel Zevaco. Je crois que vous ne vous ennuierez pas…bien au contraire.

Michel Zévaco (1860-1918) est avant tout un auteur de romans populaires, dont le plus connu reste la série de cape et d’épée Les Pardaillan. Journaliste d’obédience anarchiste, il se fait régulièrement emprisonner à la prison Sainte-Pélagie pour ses articles libertaires. En 1900, après avoir tenté de soutenir Dreyfus, il quitte le journalisme politique et retourne au roman-feuilleton. connaît un véritable succès. Plus de dix volumes des aventures de Pardaillan Père et Fils ont été publiés, de son vivant et après sa mort, en avril 1918 à Eaubonne.

Borgia au cinéma

Les Borgia ont largement inspiré le septième art avec une quantité impressionnante de films et de téléséries. Il serait trop long de tout énumérer ici. Je vous suggère de visiter le site cinetraffic.fr pour en savoir plus.

Voici à mon avis, l’affiche la plus représentative du mythe Borgia, celle de la série crée par Canal + en coproduction, réalisée par Tom Fontana en 2011.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 10 août 2019

L’HOMME QUI DEVINT DIEU, GÉRALD MESSADIÉ

*Les Juifs avaient failli aimer leur Dieu.
Mais comme les autres, qui ne survivaient
Qu’à l’aide d’exorcismes, de sacrifices et
D’imprécations, autant de cataplasmes de
Plantain sur des esprits saignant de trouille,
 Ils avaient fini par succomber à la peur.
Yahveh, ç’aurait pu être un père, ce n’était
Plus qu’un policier…
L’HOMME QUI DEVINT DIEU,
Éditions Robert Laffont, 1988

À partir de recherches très poussées et échelonnées sur plus d’une dizaine d’années, Gérald Messadié reconstitue ce qu’aurait pu être en réalité la vie de Jésus. À partir de nouvelles données, l’auteur tente d’éclaircir des points restés obscurs dans les évangiles : des passages éludés, une chronologie incomplète, des personnages et contextes peu ou mal définis. Messadié reprend donc en détail la vie de Jésus pour ce qu’il est d’abord : un homme. Il développe le parcours de cet homme, qui influencera toute l’histoire, dans un contexte politique, social, économique, humain et religieux bien sûr et définira de façon détaillée le rôle de ses proches.

C’est un livre surprenant et très audacieux.  En effet, suivant la logique de faits nouveaux découverts au cours de plusieurs années de recherches intensives, Gérald Messadié a réécrit, sous forme de roman, le parcours de Jésus et ça donne une version complètement différente de celle proposée par les évangiles canoniques. Pour beaucoup de personnes, ce livre est dérangeant à cause de la position de l’auteur face à Jésus et des révélations qui y sont faites.

Je pourrais citer par exemple l’hypothèse selon laquelle Jésus ne serait pas mort sur la Croix. Malgré nombre d’arguments solides qui étayent cette thèse, c’est énorme et plutôt spectaculaire comme *fait nouveau*. Après tout, la Foi catholique ne repose-t-elle pas sur la mort de Jésus crucifié puis ressuscité le troisième jour?

J’aimerais citer aussi le rôle de Marie-Madeleine qui aurait été beaucoup plus actif et intense que le laisse supposer les évangiles de Luc, Mathieu, Jean et Marc. Selon la version de Messadié, elle aurait, à toute fin pratique, présidé à la naissance de l’Église.

J’ai lu ce livre consciencieusement et avec un maximum d’ouverture d’esprit. Je n’ai décelé aucune intention malveillante de l’auteur. Il se garde bien de vouloir bousculer la foi, condamné l’Église ou dénoncer les écritures canoniques. Il le précise très bien dans sa postface.

Ce livre m’a touché parce que Messadié a d’abord considéré Jésus comme un homme. Il a laissé de côté l’essence divine. Il ne s’est pas encombré des dogmes. Il a voulu simplement mettre en évidence ce qui constitue pour lui le vrai parcours de Jésus en posant sur sa vie un regard quasi quotidien quant à son implication dans la communauté, le message qu’il véhiculait et son caractère profondément humain.

Ce livre m’a plus et il devrait vous intéresser dans la mesure où vous gardez l’esprit ouvert. Le point de vue de l’auteur peut être dérangeant, voire offusquant, mais ce n’est qu’un point de vue. Il faut prendre ce livre pour ce qu’il est : la proposition d’une nouvelle version de l’histoire. Pour moi, le livre est bien documenté et ses révélations sont crédibles. Le reste est une question d’interprétation et de Foi.

Suggestion de lecture : LA FORMULE DE DIEU de J.R. Dos Santos

Pour en savoir davantage sur la démarche de Gérald Messadié, je vous recommande de lire L’HOMME QUI DEVINT DIEU LES SOURCES. Vous y trouverez les sources et analyses qui ont permis à l’auteur de reconstituer le parcours de Jésus. Ce livre pourrait répondre à beaucoup de questions et son écriture est très accessible.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
FÉVRIER 2014

(En Complément…)