GENÈSE: AUTRE MONDE, de MAXIME CHATTAM

*Patience mon cher, patience ! Chaque chose en son temps. D’abord, annihiler la rébellion des gamins ensuite s’occuper des affaires internes de l’empire. Gagner le
pouvoir et éjecter l’usurpateur. *

(Extrait : GENÈSE : AUTRE MONDE, Maxime Chattam, éd. originale : Albin Michel, 2016, papier, 624 pages. Édition audio : Audible studios, 2017, durée d’écoute : 17 heures 27 minutes. Narrateurs : Hervé Lavigne, Isabelle Miller. Genèse est le 7e livre de la série AUTRE MONDE)

Traqués par l’empereur et par Entropia, Matt, Tobias, Ambre et les leurs doivent fuir et rallier des terres inconnues pour s’emparer du dernier Cœur de la Terre avant qu’il ne soit détruit. Mais le monde souterrain qu’ils découvrent ne grouille pas seulement de dangers. Il recèle d’incroyables révélations. La guerre est proche. Les sacrifices nécessaires. L’ultime course-poursuite est déclarée. Autre-Monde s’achève et livre enfin tous ses secrets.

Rendu à la fin
*Il était complètement vulnérable et sa vie allait
peut-être s’arrêter ici dans l’obscurité d’une
pyramide glaciale…la lame se rapprocha
encore. Allait-il mourir ici comme ça sans
même résister?… <Je n’y arrive pas…à quoi
bon…autant que tout s’arrête…>
(Extrait)

Dans ce septième et dernier  opus de la grande saga AUTRE MONDE, nous suivons un groupe d’adolescents formé autour de l’alliance des trois (voir tome 1) Matt Carter, Tobias et Ambre Caldero. Les jeunes fuient momentanément le fourbe empereur et surtout Ggl une entité aussi puissante que malveillante qui veut assimiler les trois Cœurs de la terre. Pour cela, il a besoin à tout prix d’Ambre Caldero, gardienne du premier Cœur de la terre.

Nos amis se dirigent vers l’est, affrontant les pires dangers, en particulier Entropia, un concentré de pollution de l’ancien monde qui a acquis une conscience par intelligence artificielle. Entropia est entièrement contrôlée par ce monstre appelé Ggl. C’est à l’est qu’aura lieu l’affrontement final avec un complet déséquilibre des forces à l’avantage de Ggl.

Ces graves évènements se déroulent dans une société futuriste ou l’objectif de Ggl est de former un unique réseau universel uniforme et dominant, en tuant les hommes par empoisonnement d’abord puis en numérisant leur esprit enrichissant ainsi une conscience collective artificielle…une finalité d’une incroyable cruauté.

*Ggl est parvenu à façonner un passage entre l’abstrait de la donnée numérique et le concret de la matière. Lorsque nous sommes avalés, nos corps font le chemin inverse…* (Extrait)

Bien sûr AUTRE MONDE est une saga de fantasy et de science-fiction mais elle a un petit quelque chose de contemporain…d’actuel·. internet y est pointé du doigt ainsi que les réseaux sociaux qui ont permis, dans l’histoire imaginée par Chattam, l’assimilation des consciences. Une réflexion sur la dispersion inconsciente de nos données personnelles.

Faut-il se surprendre de l’analogie entre Ggl et Google ? Cette saga est pleine de trouvailles originales qui viennent dépoussiérer un thème vieux comme le monde : l’éternelle dualité entre le bien et le mal et qui vient réactualiser le thème de Gaïa…la terre qui souffre du cancer appelé homme.  Lire ce récit, c’est plonger dans un autre monde et s’oublier.

L’œuvre est bien ventilée et l’auteur prend le temps de développer les sentiments amoureux qu’éprouvent les pans. Ainsi que l’indéfectible amitié qui les lie à leurs chiens géants. C’est une saga ambitieuse et intense et ce septième tome conclue l’œuvre d’une façon quasi parfaite.

J’ai trouvé les personnages particulièrement bien travaillés et aboutis. Leur profil s’étend quand même sur sept tomes mais je m’y suis attaché.

Mon préféré est de loin TOBIAS, jeune ado hyperactif auquel le narrateur Hervé Lavigne a prêté une voix énergique, déterminée et bourrue. Je souffrais pour eux…j’espérais pour eux, signe évident que l’auteur a trouvé le ton juste. J’ai pu aussi bénéficier d’une bande sonore exceptionnelle avec les narrateurs Hervé Lavigne et Isabelle Miller.

Un plaisir pour les oreilles. Ce qui m’a un peu agacé tient au fait que les personnages sont peut-être un peu trop parfaits pour leur âge, 13-16 ans, intelligence, dons, force et habileté supérieurs à la normale mais au moins, ils aiment et ils sont humains d’où leur caractère abouti.

Comme il l’a fait dans l’ensemble de son œuvre, Maxime Chattam poursuit sa réflexion sur les dérives de notre société. La plume est forte et poussée. La saga est d’une grande profondeur. Je la recommande sans hésiter.

Suggestion de lecture : LE VILLAGE de Karl Olsberg

Né en 1976 à Herblay, dans le Val-d’Oise, Maxime Chattam brille avec son premier thriller, Le 5e règne, publié sous le pseudonyme Maxime Williams, en 2003 aux éditions Le Masque. Cet ouvrage a reçu le prix du Roman fantastique du festival de Gérardmer.

Après la trilogie composée de L’Âme du mal, In tenebris, et Maléfices, il a écrit Le Sang du temps (Michel Lafon, 2005) et Le Cycle de la vérité en trois volumes aux éditions Albin Michel : Les Arcanes du chaos (2006), Prédateurs (2007) et La Théorie Gaïa (2008). Retrouvez toute l’actualité de l’auteur sur  www.maximechattam.com

Pour lire le commentaire de mllambert sur LA THÉORIE GAĨA de Maxime Chattam, cliquez ici. Pour lire le commentaire de Claude Lambert sur LE 5E RÈGNE, cliquez ici.

 Autre monde : Les six premiers tomes


L’alliance des trois/Malronce/Le cœur de la terre/Entropia/Oz/Neverland

Bonne lecture et bonne écoute
JAILU/Claude Lambert
le samedi 26 juin 2021

300 MINUTES DE DANGER, de JACK HEATH

*La peur s’installa en Nassim. -Vous n’êtes pas
ici pour réparer la télévision ? -Tu perds ton
temps. Bientôt, l’agent neurotoxique que tu
viens de boire va bloquer les signaux qui vont
de ton cerveau à tes organes…*
(Extrait : 300 MINUTES DE DANGER, Jack Heath,
Éditions ADA, 2018, édition de papier, 210 pages
extrait de la nouvelle POISON)

Ce livre est un recueil de dix histoires fictives d’enfants braves vivant chacun une situation dangereuse et ayant trente minutes pour s’en échapper. Par exemple, l’histoire de George, coincé dans un avion en chute libre sans moteur et sans pilote. Ou Mila, recouverte de déchets radioactifs et dont la combinaison de sécurité commence à manquer d’oxygène. Chaque histoire nécessite environ trente minutes de lecture. Les titres : L’école de snow, sous-humain, famille nucléaire, coffré, gelées, inferno, le viroumouche, train en cavale, poison et course vers l’espace. Trente minutes, dix histoires, 300 minutes de danger.

L’ABC DE L’ÉVASION
*Le gorille claqua le coffre qui se referma
avec un énorme <fouish>. Kim se trouva
coincé dans la noirceur et la
claustrophobie s’installa. *
(Extrait : 300 MINUTES DE DANGER, COFFRÉ)

Comme on l’a vu plus haut, ce livre regroupe dix nouvelles. Ces récits ont plusieurs points en commun : ils sont limités à trente minutes de lecture chacun. Chaque texte présente un compte à rebours de temps de lecture. Dans chaque histoire, un enfant est confronté à une situation dangereuse. Les parents sont présents dans plusieurs récits, plus ou moins effacés dans d’autres. L’évasion est le thème général par le biais de la débrouillardise et de l’ingéniosité.

Un seul thème est récurrent pour quelques nouvelles : le virumouche, un virus apocalyptique foudroyant et mortel, véhiculé par des mouches et hautement contagieux. Pour chaque histoire, les enfants ont trente minutes pour se sortir d’une situation potentiellement mortelle.

*Le virus le tuait. Il ne lui restait pas beaucoup de temps. Il serra sa prise sur la barre de remorquage. Le métal glissait entre ses mains en sueur. S’il relâchait sa prise, il était mort. La route n’était qu’un flou sous les roues de la planche à roulettes. (Extrait)

Le principal point positif de ces histoires est leur intensité dramatique avec suffisamment d’émotion pour capter l’attention du jeune lecteur, de la jeune lectrice. Mon récit préféré s’intitule LE VIRUMOUCHE car il démontre avec une étonnante précision la métamorphose des gens lorsqu’ils sont confrontés à un danger aussi sérieux que l’exposition à un virus mortel.

Parmi les réactions, je note disparition de toute empathie et charité, refus de secours, violence potentielle et même le vol de vaccins pour les revendre à des prix prohibitif, installation graduelle de l’anarchie dans le pire des cas. Une histoire qui n’est pas sans rappeler l’explosion du sida, devenu pandémique à la fin des années 70.

C’est toute une société qui est abaissée par la peur : *Tony, ahuri, se trouvait maintenant seul dans le square déserté. Il ne pouvait croire à quelle rapidité les gens étaient devenus comme des animaux. Comment Shane s’était retourné contre lui sans hésiter un seul moment. * (Extrait)

Malheureusement, il y a des irritants, le principal étant la qualité des finales. Pour chaque texte, la finale est bâclée, expédiée et extrêmement limitée. Tout ça afin de respecter un temps de lecture qui ne dépasse pas trente minutes. C’est très dommage car la plupart des textes sont bien bâtis. Je trouve ça ordinaire et simpliste, sacrifier la qualité du texte au profit du temps de lecture. La présence d’un compte à rebours de lecture à chaque page m’a irrité plus qu’autre chose.

Je n’ai jamais compté mon temps de lecture et je ne crois pas que ce soit une bonne chose d’encourager les jeunes lecteurs et lectrices à limiter le leur. Peut-être que l’auteur a voulu faire original, ou son éditeur. En ce qui me concerne, terminer un récit par une queue de poisson pour ne pas dépasser trente minutes n’a rien d’original. Heureusement, tous les textes comportent des éléments grâce auxquels les jeunes pourront se reconnaître, l’héroïsme étant omniprésent dans tous les textes.

L’auteur Jack Heath a dû trouver comme une espèce de filon dans ce type de développement littéraire car il a publier également 400 minutes de danger et 500 minutes de danger et que ces livres sont en général de bons vendeurs. J’admets donc que le style plait jusqu’à un certain point.

Le chrono n’est pas une nouveauté en littérature. Je pense à la collection 30 MINUTES POUR SURVIVRE qui va un peu plus loin sans oublier 30 MINUTES CHRONO, une approche soi-disant révolutionnaire pour cuisiner vite et bien. Comme je le dis souvent, la balle est dans le camp des lecteurs. Il y a du bon dans ce livre. Suffisamment pour la note de passage. Alors je vous suggère de suivre votre instinct de lecteur/lectrice. Vous pourriez aimer.

Jack Heath est un écrivain australien né à Sydney en 1986. Il a publié son premier roman lorsqu’il était adolescent. Il est maintenant l’auteur primé de quatorze romans pour jeunes. Marié, un garçon. Habite Canberra en Australie.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 17 avril 2021

LE DOSSIER MÉTÉORE, de BENJAMIN FAUCON

*Il resta bouche bée durant de longues
minutes, alors que son téléphone
continuait de sonner. Cette fois, son
meilleur ami le harcelait, voulant vérifier
s’il était bel et bien mort comme les
journalistes se plaisaient à l’annoncer.
Des gouttes de sueurs dégoulinèrent de
son visage…*
(Extrait : LE DOSSIER MÉTÉORE, Benjamin
Faucon, AdA éditions, 2018, papier, 275 pages)

Matt Roy regarda la revue d’astronomie qui traînait sur le comptoir de son magasin. Ses yeux fixèrent la photographie de la nova observée le 19 mars 2012 et un large sourire apparut sur son visage. Cette étoile serait le sujet parfait pour son canular ! Au même moment à New York, un officier de la CIA, rangeait un dossier dans son bureau sans se douter qu’un plaisantin se préparait à en dévoiler le contenu. Du bureau présidentiel aux observatoires universitaires, les destins de plusieurs individus se trouvent  bouleversés par la découverte d’une vérité que l’être humain s’efforçait de cacher depuis plus de 50 ans.

L’OMBRE  DE ROSWELL
*Il ne s’agissait pas d’une nouvelle rumeur émanant
de son canular, mais de telles affirmations confirmaient
ses craintes. Sa blague pouvait en avoir dérangé plus
d’un. Et si le gouvernement comptait parmi eux, sa vie
prendrait un virage désastreux !

C’est un livre trépidant qui montre à quel point internet peut grossir et faire exploser une rumeur, qu’elle soit fondée ou pas : *Il jeta un dernier coup d’œil à son téléphone intelligent et éteignit la lumière. Son texte annonçait un changement dans la vie des hommes, mais en allant jusqu’au bout de sa mascarade, Matt venait de bouleverser les éléments de son propre univers.* (Extrait)

Désœuvré Matt Roy, inspiré par une revue d’astronomie annonçant l’observation d’une étoile très particulière de type nova, décide d’envoyer sur internet un canular annonçant l’arrivée prochaine d’extra-terrestres, Mat signe son texte d’un pseudonyme pompeux : Docteur Rosfield, ce qui n’est pas sans rappeler le célèbre dossier Roswell.

Ce que Matt ne sait pas c’est que la nova dont il est question et son lien possible avec des extra-terrestres fait l’objet d’un dossier très chaud à la CIA qui se fait forte d’éliminer tous ceux qui savent quelque chose sur cette fameuse nova appelée *Nova 19-3*. La CIA a vent rapidement de l’existence du texte signé dr. Rosfield.

Dès lors, Matt et tous ceux qui l’aideront sont condamnés à mort, traqués sans pitié par la CIA en particulier par Robert Owen, un monstre froid et sans conscience. Le président des USA s’énerve. Le message est clair : faites le ménage. Mais un policier de la ville de New-York décide de s’opposer aux meurtres et autres abus de l’agent Owen et de faire face courageusement à l’insaisissable CIA.

L’histoire est haletante et l’imagination de l’auteur m’a impressionné Cette impression s’est précisée  lors de ma rencontre avec l’auteur au Salon International du Livre de Québec en 2018.

L’histoire est centrée sur le canular bien sûr et plus précisément par la CIA qui traque sans relâche et en semant la mort le fameux docteur Rosfield identifié très rapidement comme étant Matt Roy. L’auteur n’est pas tendre pour la CIA qu’il fait passer pour une fabrique de monstres et de tueurs sans scrupules.

Là ou Benjamin Faucon a poussé très loin, c’est que la CIA considérait que ceux qui s’occupait du dossier Nova 19-3 dans leur propre agence en savaient trop et devaient être éliminés. C’est un peu fort. Quel est l’avantage d’être recruté à la CIA si on en sait trop dès le départ. J’ai trouvé ça un peu fantaisiste mais c’est bien le seul petit point négatif que je peux apporter sur ce livre à la trame captivante et parfois même essoufflante.

Ayant réalisé que l’édition que j’ai lue est en fait une réédition et plus que ça en fait. Il s’agit d’une réécriture du roman. J’en ai discuté avec l’auteur quand je l’ai rencontré. En réécrivant son texte, son idée était de changer la finale, ce qu’il a fait. Il a vraiment pondu quelque chose de différent mais aussi bon à peu de chose près.

Dans ce livre, AdA publie à la fin de l’histoire, la fin qui accompagnait le texte original. Je vous laisse bien sûr découvrir les deux finales et établir votre préférence. Mais très personnellement, et je ne veux pas vous décevoir Benjamin, mais la finale originale m’a fait davantage vibrer.

Je recommande ce livre sans hésiter. Il se lit vite et bien, l’intrigue est menée à la perfection. Les personnages sont très bien définis, assez pour détester royalement les méchants et c’est évidemment la CIA qui est pointée du doigt. Je serais curieux de voir ce que donnerait l’adaptation de ce livre au cinéma.

C’est un excellent divertissement qui vient nous rappeler qu’on est peut-être pas seul dans l’univers. Dans la dédicace que Benjamin Faucon a écrite dans mon exemplaire de son livre il précise : *Pour Claude, et si tout était vrai*

Bernard Faucon est un romancier canadien d’origine française né en 1983. C’est à 20 ans qu’il écrira son premier ouvrage. Son style est alors surtout axé sur la poésie. C’est un genre qu’il délaissera assez rapidement au profit du roman, s’orientant vers la littérature fantastique avec la série ÉDEN ET LE MONDE VERT, puis le thriller NOVA 19-3 publié en 2012.  En 2014, publie LA THÉORIE DES GÉANTS. C’est le début d’une longue collaboration qui amènera entre autres LE DOSSIER MÉTÉORE, 15e roman publié chez AdA. 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 13 décembre 2020

VIRUS L.I.V. 3 la mort des livres, Christian Grenier

*Les livres, eux, ne me trahissaient pas.
ils étaient ma réserve de rêve, ma
provision de bonheur. Tout cela, votre
virus l’a anéanti. *
(Extrait : VIRUS L.I.V.3 ou LA MORT DES LIVRES.
Christian Grenier, Éditions or. Hachette jeunesse
1998, 189 pages. Version audio : Audiolib éditeur,
2018, durée d’écoute : 3 heures 34 minutes,
narratrice : Audrey d’Hulstère)

Le gouvernement des Lettrés a interdit les écrans et décrété la lecture obligatoire. Face à cette tyrannie, les Zappeurs se révoltent : en propageant un virus qui efface les mots à mesure qu’ils sont lus. Seule Allis, une jeune fille sourde et muette, semble capable d’identifier l’inventeur du virus et de trouver un antidote. Un roman de science-fiction qui nous fait voyager en 2095, dans une société où l’existence des livres et des écrans est en danger.

LA TOUTE-PUISSANCE DES VOYELLES
*Là, dans la petite pièce de ce centre…, je pris
conscience de l’ampleur du désastre : non
seulement tous les livres qui existaient
allaient mourir, mais personne ne pourrait
plus jamais en écrire.
(Extrait)


Dès le début de ce petit livre, le nom du grand Ray Bradbury est évoqué et pour ma plus grande joie, l’auteur du fameux FARENHEIT 451 allait avoir un rôle capital à jouer dans cette histoire. Pourtant, il ne faut pas s’y tromper. Dans la célèbre dystopie de Bradbury, les livres sont totalement proscrits.

Dès qu’on en découvre on les brûle. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, c’est le travail des pompiers.  Dans VIRUS L.I.V.3 OU LA MORT DES LIVRES, ce sont les écrans qui sont prohibés. TOUS les écrans…cinéma, télévision, et surtout les ordinateurs. Les Voyelles, un collège d’érudits formant le gouvernement de lettrés oblige la lecture des livres.

Un groupe de rebelles, les zappeurs zinzins part en guerre contre les Voyelles en mettant au point un virus effroyable qui efface à tout jamais les lettres d’un livre au fur et à mesure qu’on les lit, créant à la place la même histoire mais en réalité virtuelle :

*L.I.V. signifie sans doute Lecture Interactive Virtuelle. Sun, le maître des zappeurs, ou les ZZ, ont dû vouloir mettre au point deux virus L.I.V. successifs. Deux échecs. Mais le troisième…c’est…une réussite. * (Extrait) Vous avez maintenant l’explication du titre.

L’assemblée des Voyelles a délégué l’écrivaine lettrée sourde-muette Allis LC Wonder pour enquêter sur l’origine du virus et trouver un antidote au L.I.V.3 le plus vite possible. Allis entreprend une quête dont je ne parlerai pas ici car vous avez droit à votre part de surprise. Mais cette quête m’a fasciné par son caractère surprenant : un jeu d’alliances et de traîtrise.

Réussira-t-elle sa mission. Une chose est sûre, un piège se referme sur Allis et sa seule façon d’en sortir est de faire intervenir le grand Ray Bradbury.

Ce livre m’a émerveillé à cause du questionnement qu’il soulève sur la pérennité des livres de papier, le tout avec une atmosphère d’intrigue et suspense, des personnages attachants dont les noms de certains évoquent de grands écrivains. Il y a surtout une volonté de croire que le monde littéraire de papier et la technologie peuvent se comprendre, se compléter. J’ai été immergé dans un monde où deux puissantes philosophies s’opposent.

C’est le choc de deux solitudes développé avec ouverture d’esprit. Ce livre, attractif et bourré d’idées ingénieuses, est pour moi, un petit chef d’œuvre de logique et de cohérence qui débouche sur une finale que j’ai appréciée. Il serait intéressant de voir intégrée l’analyse de cet œuvre dans les cours de français de certains niveaux. Je suis sûr que ça donnerait des débats allant dans le sens du raisonnement développé par Christian Grenier.

Comme vous l’avez vu plus haut, j’ai utilisé la version audio du livre. J’ai trouvé très agréable la prestation de la narratrice Audrey d’Hulstère. Eh oui, j’ai utilisé la technologie. Je lis aussi en format numérique.

Malgré tout, ceux qui me connaissent,  connaissent aussi mon attachement indéfectible pour les livres de papier. Vous voyez, les technologies, le papier et moi, nous sommes faits pour nous entendre. Je suis ouvert à tous les supports.

En terminant, je veux mentionner que j’ai senti dans cet opus de Christian Grenier le caractère apologétique de la lecture en général mettant en perspective l’interaction entre écrivains. Aussi, je vous laisse sur cette petite citation qui, je crois, va me suivre le reste de ma vie :

*Les livres sont pleins de livres*

Né en 1945 à Paris, Christian Grenier aime la science et la fiction… donc la science-fiction. Il a publié des récits, des essais, et de nombreux romans pour la jeunesse, parmi lesquels La Machination et Le coeur en abîme, Grand Prix de la S.-F. française en 1988. Après avoir été longtemps professeur dans un collège parisien, au moment d’écrire ces lignes, Christian Grenier vit dans le Périgord.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 18 octobre 2020

FAUX-SEMBLANTS, le livre de JEFF ABBOTT

*« Je regrette mais je dois le faire. J’ai besoin de
le faire» répondit le «Saigneur». Il sortit le poignard
de son fourreau et le glissa sous son siège. Il avait
pris soin de le nettoyer et de l’affûter, après sa
dernière utilisation. *
(Extrait : FAUX-SEMBLANTS, Jeff Abott, édition Le Cherche
Midi, éd. Or. 2004, édition numérique, 370 pages)

Lorsque le fils d’un sénateur, Peter James, devenu star du porno, revient dans sa ville natale du Texas, rien de bon n’est à prévoir. Il est d’ailleurs retrouvé mort dans un yacht du Port Leo. Tout porte à croire que c’est un suicide par balle dans la bouche.  Tout porte à croire ?? En fait, c’est pas aussi simple. Whit Mosley et Claudia Salazar chargés de l’enquête ne sont pas au bout de leur peine et vont dangereusement affronter un tueur pervers et manipulateur. Avec FAUX-SEMBLANTS, l’auteur Jef Abbott nous garantit le retour récurrent de Mosley et Salazar.

LES VISAGES DE L’AMÉRIQUE
*Whit pensait qu’elle s’avilissait en travaillant
dans le porno, que dirait-il s’il voyait ce qui
lui arrive maintenant? Il comprendrait alors
ce qu’est vraiment l’abjection. >
Extrait

Au départ, je croyais avoir affaire à la petite lecture légère d’un format de poche, genre salle d’attente. C’est plus que cela. En fait, j’ai creusé ma tête de lecteur pour comprendre la démarche du juge Whit Mosley et tenter de me mettre à sa place pour décider entre autres de la nature du décès de Pete Hubble. Il a toutes les apparences d’un suicide.

Mais un doute persiste et devient même pernicieux à un moment où l’enquête du juge prend un tournant comportant danger de mort. Pour développer son enquête Abbott a créé des personnages un peu particuliers : Whit Mosley : devenu juge par accident, vieux garçon un peu aventurier, au look tape-à-l’œil, ne se prend pas au sérieux mais il reste consciencieux et se débat avec courage dans l’enquête la plus complexe de son mandat.

Autre personnage intéressant : la victime, Pete Hubble, une star de la porno, tourmenté par la mort de son frère Corey Hubble sur lequel il décide de tourner un film…sérieux. Pour ce film, Pete décroche un financement douteux avant de mourir d’une balle dans la bouche. Il est retrouvé, pistolet en main. Il y a aussi Lucinda, une sénatrice qui travaille à sa réélection et qui a tellement de choses à cacher. Toute la famille est  bizarre, un peu tordue.

Enfin, il y a Claudia Salazar, policière nouvellement divorcée, à cheval sur son indépendance et qui cherche du gallon… Parallèlement à ces évènements, un tueur cruel et machiavélique torture et tue dans un environnement très proche de nos personnages

Comment est mort Pete Hubble ? C’est le fil conducteur de cette histoire complexe. L’auteur nous réserve bien des surprises en plus d’une finale tout à fait improbable. Par la puissance de son écriture et son sens pointu de l’intrigue, Abbott fait plus que développer une enquête, il entraîne carrément le lecteur en plein sur le terrain de Mosley et Salazar. À travers revers et rebondissements, je me suis posé la question : Pete s’est-il suicidé ou pas.

Aurait-il été victime du tueur en série ou peut-être de sa propre famille et si c’était le cas, quel est l’intérêt. C’est une histoire bien montée, ficelée au point de mystifier le lecteur. Un seul point faible : l’histoire comporte peu d’éléments qui permettent de comprendre de façon satisfaisante les motivations du meurtrier en série. Toutefois, à la fin, son identité aura de quoi surprendre, le lecteur bien sûr mais en particulier notre ami le juge de paix.

FAUX-SEMBLANTS est un thriller dont l’intrigue est en équilibre avec le rythme qui est élevé et soutenu, parfois même essoufflant. Les personnages sont intéressants et bien travaillés, en particulier les limiers.

Et puis, comment ne pas apprécier à Whitt Mosley, cette tête de mule attachante au look de vacancier qui doit rendre un jugement dont sa vie pourrait dépendre…Les enchaînements et les rebondissements sont de nature à garder le lecteur dans le coup jusqu’à la fin…la fin qui m’a laissé un peu pantois.

L’intrigue n’est pas de nature à nous mettre copain-copain avec la politique. Il est rare dans la littérature policière, que ce milieu soit présenté à son avantage. Même chose pour le monde du porno, présenté comme étant sordide et glauque, sans compter de possibles ramifications avec la Mafia et le monde de la drogue…

Il ne faudra pas s’étonner si le premier tiers de l’histoire semble plus lent et terne. Ne vous y fiez pas. Tout se met en place et après, il faudra bien s’accrocher au fil conducteur de l’histoire car la complexité de l’enquête pourrait vous faire perdre le fil de l’histoire. En gros, je qualifierais FAUX-SEMBLANTS d’*excellent condensé de divertissement*

Jeff Abbott est né en 1963 à Dallas, au Texas. Diplômé de l’Université de Rice, à Houston, en Histoire et Lettres, il se tourne vers l’écriture de romans en créant un personnage récurrent, « Jordan Poteet », bibliothécaire au Texas, et sa famille quelque peu excentrique. Il obtient « The Agatha Award » et « The Macavity Award » pour son premier titre « Do unto others » publié en 1994.

Avec le suivant, il évolue vers le roman un peu plus sombre, et un nouveau personnage : le Juge Coroner Whit Mosley et son investigatrice Claudia Salazar, avec lesquels il écrit trois titres.  En 2005, il passe enfin au thriller avec « Panic », qui va recevoir le « Thriller Award ». C’est avec Panique que les francophones le découvrent en 2006. Depuis « Panic » et quelques 5 autres thrillers, un autre personnage a vu le jour, Sam Capra, jeune agent de la CIA, dans trois romans publiés en 2015.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le vendredi 28 août 2020

LA CIBLE, de ROBERT MORCET, série LE CELTE

*Mais vous êtes fou, cria-t-elle en se débattant.
Une gifle monumentale lui arracha la tête. Pendant
quelques secondes, elle ne vit qu’un arc-en-ciel
d’étoiles filantes…Dans la voiture de devant, les
deux autres ne bronchaient pas.>
(Extrait : LA CIBLE, copyright Robert Morcet 2016,
édition numérique, 200 pages.)

Un jour, dans le ministère où elle travaille comme secrétaire, Angie verrouille son bureau à la fermeture et sort, descend vers la sortie, se rend compte qu’elle a oublié son téléphone portable, remonte à son bureau et c’est alors qu’un homme d’origine arabe tente de la tuer. Qu’a-t-elle surpris ? Elle sait maintenant quelque chose qu’elle n’aurait jamais dû savoir. Elle se confie à son amie Florence. Le Celte, héros récurrent de l’œuvre de Morcet se met sur l’affaire. Les dossiers des employés du ministère visé sont passés au crible. Il semble que certains de ces dossiers comportent des ombres. Angie est en danger…en grand danger. On ne donne pas cher de sa peau.

PASSE-MOI LE CELTE
*Le Celte attira le sac vers lui. Il était bien
lourd pour un sac de sport. Qu’est-ce
qu’il y  mettait dedans? Trois paires
d’altères? Il tira la fermeture éclair.
Bon Dieu…il se redressa. «Patron,
venez voir»*

La série LE CELTE est composée de 47 titres. J’en en lu un, simplement pour en faire l’essai. Il se trouve que c’est un des plus récents, façon de parler, LA CIBLE a été publié en 2016. J’ai passé un assez bon moment de lecture sans toutefois être emballé. Ici, LA CIBLE s’appelle Angie, une secrétaire brutalement agressée dans son bureau.

Les pisteurs soupçonnent Angie d’avoir capté une conversation pas du tout destinée à ses oreilles. Et nous voici plongés dans l’histoire classique de la femme qui en sait trop, sans saveur, sans originalité. Il y a toutefois de l’action, quelques rebondissements et des passages qui forcent l’attention :

*Le Celte attira le sac vers lui. Il était bien lourd pour un sac de sport. Qu’est-ce qu’il y mettait dedans ? Trois paires d’altères ? Il tira la fermeture éclair. Bon Dieu…il se redressa. <Patron, venez voir.>* (Extrait)

Il est à mon avis exagéré de qualifier le livre de <cocktail d’action et de suspense> du début à la fin. Certains chroniqueurs attribuent cette petite fleur à toute la série. C’est un peu fort. Même si je n’ai pas lu d’autres tomes, je suis à peu près certain qu’on peut trouver mieux dans la série.

Peut-être que j’ai choisi un tome alors que la série s’essoufflait et que j’ai été exaspéré par la qualité du format numérique que j’ai utilisé, encadré de travers avec un orthographe plus que douteux. Quant au Celte lui-même, je ne peux pas dire que j’ai trouvé Loïc très attachant et pas aussi alerte que la Presse a bien voulu nous le faire croire. Enfin je n’ai pas trop compris pourquoi la Presse littéraire a été aussi dithyrambique à l’endroit de LA CIBLE.

Dans l’ensemble, j’ai quand même aimé malgré tout mais c’est le genre de titre que je suis porté à oublier malheureusement. Sachant qu’il n’y a pas deux personnes pareilles en matière de goût, faites-en l’essai. Choisissez un titre dans la série. Au lieu d’aller vers la fin de la série comme moi, allez au début… ça pourrait être intéressant. Vous verrez bien.

Né le 27 septembre 1949 à Saint Ouen, Robert Morcet est un ancien délinquant. Condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour braquage de banque, respecté dans les milieux policiers et chez les voyous, il a assumé seul ses erreurs passées. Son premier livre, TENDRE VOYOU, édité en 1987 chez Carrère contient son autobiographie. Robert Morcet s’est rendu célèbre par sa série LE CELTE, qui compte 47 titres et a connu un énorme succès depuis sa lancée en 1988. LE CELTE, c’est Loïc Le Goënet, un capitaine de l’ancienne brigade antigang. 

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 23 mai 2020

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de JULES VERNE

*Le véritable voyage commençait. Jusqu’alors, les fatigues l’avaient emporté sur les difficultés. Maintenant, celles-ci allaient véritablement naître sous nos pas. Je n’avais point encore plongé mon regard dans ce puits insondable où j’allais m’engouffrer. Le moment état venu…* (Extrait, VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE, Jules Verne, livre audio édité en 2013 par LE LIVRE QUI PARLE et lu en version intégrale par Bernard Petit. J’ai aussi écouté une version audio courte publiée en 2005 par les éditions Naïve et lue par Jean-Claude Dreyfus et Michel Aumont.)

Image: publication 2013

Axel Lidenbrock est le neveu d’un éminent géologue et naturaliste allemand, le professeur Otto Lidenbrock. L’histoire commence à Hambourg, dans la maison du Pr. Lidenbrock. Le professeur, amateur de vieux livres, a acheté le manuscrit original d’une saga islandaise, Heimskringla, écrite au XIIe siècle, et dans lequel il découvre un parchemin rédigé en caractères runiques. Axel et son oncle parviennent à déchiffrer ce cryptogramme.

Il s’agit du message d’un certain Arne Saknussemm, un alchimiste du XVIe siècle. Celui-ci affirme avoir découvert un passage vers le centre de la Terre, en passant par le Sneffels, volcan inactif situé en Islande. Le professeur Lidenbrock décide de partir dès le lendemain pour l’Islande, emmenant avec lui son neveu Axel. A Reykjavík, ils engagent un chasseur d’eider nommé Hans, qui sera leur guide.

Les trois hommes voyagent jusqu’au pied du volcan Sneffels, et en font l’ascension. Le cratère éteint renferme trois cheminées. L’une d’elles doit être effleurée par l’ombre d’un haut pic, le Scartaris, à midi, « avant les calendes de juillet », c’est-à-dire dans les derniers jours de juin. D’après la note de Saknussemm, là se trouve le passage vers le centre de la Terre…

LE CLASSIQUE DES CLASSIQUES
*Enchanté mon garçon, je suis enchanté.
Nous sommes arrivés. <au…au terme de
notre expédition?> ? Mais non…au bout
de cette mer qui n’en finissait plus…nous
allons maintenant reprendre la voie de terre
et nous enfoncer enfin dans les entrailles du
globe !
>(Extrait : édition année 2005)

Image : publication 2005

Ça faisait longtemps que VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de Jules Verne était dans mes projets de lecture. Plusieurs années même. Difficile de dire pourquoi je repoussais tout le temps. On ne peut pas repousser Jules Verne indéfiniment. Puis j’ai eu la chance de mettre la main sur deux versions audios de ce grand classique. La version narrée par Bernard Petit est plus complète.

Première observation et ça m’a sauté aux yeux…plutôt aux oreilles… j’ai compris à quel point les scénaristes et réalisateurs avaient pris des libertés dans l’adaptation du livre. Le livre est définitivement plus sobre et plus intéressant même s’il est sensiblement moins spectaculaire.

L’histoire est simple. C’est celle d’un scientifique : Otto Lindenbrock, un géologue, brillant mais têtu et légèrement caractériel et Axell, son neveu, un orphelin que le professeur a pris sous son aile. Un jour, Axell découvre un mystérieux parchemin. Le manuscrit, signé Arne Saknusemme, contient des indications précises pour atteindre le centre de la terre en passant par le cratère du Sneffel, un volcan islandais éteint et en utilisant une des cavités éclairées par le soleil un jour précis de juin.

Lindenbrock décide de tenter l’aventure avec Axell et s’adjoindre un guide islandais appelé Hans et voici nos amis partis dans une aventure qui va les marquer pour la vie, frôlant la mort plusieurs fois et composant avec les caprices de la planète qui est fort vivante.

Le livre et la première version audio que j’ai écoutée raconte donc l’odyssée de l’expédition Linderbrock. On s’aperçoit très vite que la science est un objet de littérature pour Verne et c’est la source d’une de mes principales difficultés quand je lis Verne : l’étalement de connaissances et d’explications scientifiques, certaines n’étant pas nécessaires au contenu, d’autres compliquées parce qu’insuffisamment vulgarisées. C’est un élément qui complique la lecture ou l’écoute.

Évidemment quand je lis un livre de science-fiction, je m’attends à un livre d’aventure et non à un cours de science. Verne n’est pas le seul à s’étendre, ce fut le cas de beaucoup d’auteurs. Au moment d’écrire ces lignes je pense surtout à Edgar Allan Poe. Mais il y a quand même un élément très important qui vient contrebalancer la parade scientifique : c’est la beauté de l’écriture qui pousse à l’émerveillement de par ses qualités descriptives.

Il est difficile de ne pas aimer Jules Verne, d’autant que la première version audio que j’ai écoutée était narrée par Bernard Petit avec ses remarquables capacités vocales de passer d’un registre à l’autre et de matérialiser par son harmonique vocale une extraordinaire gamme d’émotions.

Il lui arrive parfois d’en faire trop, de verser sensiblement dans la déclamation mais pas suffisamment pour irriter les oreilles si je me réfère à l’ensemble de la narration. Donc en général, l’écoute fut pour moi très agréable.

Si je reviens à l’histoire, j’ai été un peu surpris du peu de consistance attribuée au guide HANS, à qui Verne semble avoir attribué le rôle d’ange gardien. Ne réfléchis pas, parle très peu mais jamais loin pour sauver tout le monde.

J’aurais souhaité qu’il ait un rôle plus actif. Autre faiblesse à mon avis, mais elle pourrait être discutable, j’ai trouvé la finale expédiée et un peu facile. Au moins, j’ai pu savourer une description extraordinaire des paysages, et ce à tous les niveaux de la descente. C’est un récit très actif et généreux dans ses descriptions

Quant à la deuxième version que j’ai écoutée, je serai bref. Elle est plus courte, plus concentrée, elle est présentée par deux narrateurs avec figurants et musique. C’est une version plus ancienne, pas techniquement au point. Toutefois, j’ai trouvé sa présentation sympathique et très agréable.

Lire Verne, c’est un dépaysement garanti. Bien sûr il y a des invraisemblances, mais l’auteur fut un des plus grands visionnaires de la littérature. N’a-t-il pas anticipé l’idée du sous-marin avec 20 000 lieues sous les mers, et le voyage dans l’espace avec DE LA TERRE À LA LUNE et la théorie de la terre creuse de Pauwells avec VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE.

Il faut lire Verne au moins une fois…dépaysant bien sûr, mais aussi rafraîchissant, relaxant…bon pour le moral. La qualité de l’écriture m’a entraîné au centre de la terre…un moment intense et extraordinaire.

Affiche du boitier contenant le DVD du film VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE sorti en juillet 2008 et réalisé par Eric Brevig avec, au cœur de la distribution, Brendan Fraser et Josh Hutcherson. D’après l’œuvre de Jules Verne, scénarisé par Jennifer Flackett, Mark Levin et Michael D. Weiss.

Jules-Gabriel Verne (1828-1905) est un écrivain français dont l’œuvre est surtout constitué de romans d’aventures basés sur les progrès scientifiques de son temps. Rompu d’abord au théâtre, sa rencontre avec Alexandre Dumas va sérieusement influencer la suite.

La rencontre avec l’éditeur Pierre Jules Hetzel, en 1862, et la publication par ce dernier de Cinq semaines en ballon, change le cours de sa vie. Le succès est immédiat et international, si bien que Verne signe un contrat de vingt ans pour produire ses Voyages Extraordinaires, nom attribué à sa série de plus de 70 romans.

 Les plus célèbres (Le tour du monde en quatre-vingts jours, Vingt mille lieues sous les mers, l’Île mystérieuse, Michel Strogoff, Les enfants du Capitaine Grant, Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune) sont gravés dans les mémoires et font partie du patrimoine culturel mondial.

L’intérêt particulier de son œuvre, c’est d’y retrouver un amour profond de la science, mêlé avec autant d’art que de sérieux à des idées novatrices et proches de la science-fiction. Beaucoup de ses livres ont été adaptés au cinéma, 20000 lieues sous les mers, produit par Disney, réalisé par Richard Fleischer, et bien sûr, VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE. (À consulter)

Pour terminer, AUDIBLE.CA offre deux suggestions supplémentaires des versions audios du célèbre classique de Verne :

      

Le cinéma et la littérature nous propose une quantité impressionnante de versions du grand classique de Verne. Les livres audio n’échappent pas à cette tendance. Audible en propose deux autres ci-haut. À gauche, la première version sonore réalisée en 1955 et publiée en 2015, narrée par Jean Desailly. À droite, une version abrégée publiée en 2010 avec le narrateur Éric Legrand.

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le dimanche 15 septembre 2019