LE VIDE, tomes 1 et 2, livre de PATRICK SÉNÉCAL

1-VIVRE AU MAX
2-FLAMBEAUX

*Les assassins tiraient sur Nadeau et les policiers,
mais Rivard ne mourait pas sur le coup : son
ventre explosait, son visage se faisait déchiqueter
par les balles, il continuait pourtant de hurler à
l’aide…*
(extrait de LE VIDE tome 1, VIVRE AU MAX, de Patrick
Sénécal,  éditions Alire, num. 2008, 313 pages.)

LE VIDE est le récit de l’entrecroisement du destin de trois personnages : Pierre Sauvé, veuf, la quarantaine, policier qui enquête sur un quadruple meurtre. Frédéric Ferland, divorcé, psychologue à Saint-Bruno. Maxime Lavoie, célibataire, très riche, animateur de la série de téléréalité très controversée VIVRE AU MAX.

Ces trois personnages ont un point en commun : ils cherchent un sens à leur vie, une excitation qui la rendrait digne qu’on se batte pour elle… ces trois personnages convergent vers un destin commun à l’issue dramatique. Le but, combler ce qui manque cruellement à leur existence : un vide…peu importe ce qu’il en coûtera…

Du Sénécal pure laine
*Les réunions sont organisées par un certain Charles
qui incite les gens présents à se suicider. Il dit que
plus rien ne vaut la peine, que tout est vain et
que le mieux est de mourir.*
(Extrait de LE VIDE, tome 2, Patrick Sénécal, éditions
ALIRE, 2008, éd. Num.)

Pour utiliser d’entrée de jeu un cliché, Sénécal reste Sénécal. Il a le don de garder ses lecteurs et lectrices en captivité. Un peu comme King, il entretient la curiosité, un irrésistible besoin de continuer à lire pour satisfaire une curiosité qu’il a lui-même suscitée.

Dans LE VIDE, on assiste à l’installation et l’évolution graduelle de la démence dans l’esprit torturé de Maxime Lavoie, pdg milliardaire. Au départ, l’esprit de Lavoie est noble, empathique, ses buts sont de nature philanthrope, mais suite à une cruelle désillusion, son esprit se corrompt, s’avilit. Le bel altruisme du début fait place à la haine, la cruauté, la misanthropie.

Très graduellement, Lavoie met au point un plan très complexe et totalement démoniaque et pour ce faire, il utilisera des outils dont il dispose abondamment : de l’argent, une émission de téléréalité d’une brûlante insipidité qu’il produit et réalise lui-même, ce qui lui permet de rejoindre des milliers d’esprits faibles et dépressifs. Le mélange est explosif et aboutira sur un inimaginable drame humain.

Première chose à souligner (comme l’ont fait tous les critiques), les chapitres du livre sont publiés dans le désordre…33, 5, 34, 35, 18, 7, etc. Bien que n’empêchant pas la compréhension du récit, cette fantaisie impose au lecteur des sauts temporels qui peuvent être irritants. Personnellement, j’ai lu les chapitres dans le désordre, n’ayant aucune envie de passer mon temps à feuilleter.

Le fil conducteur du récit est solide et comporte trois éléments qui m’ont littéralement forcé à garder le livre ouvert : 1) la mystérieuse et dramatique aventure de Lavoie en Gaspésie, mentionnée un peu partout dans le récit et dévoilée vers la fin. C’est là semble-t-il où tout a basculé pour Lavoie.

2) Gabriel : rescapé du drame gaspésien, énigmatique adolescent d’une douzaine d’années, mentalement perturbé, muet, apathique, omniprésent dans le récit, personnage-clé.

3) Et bien sûr, le vide…le vide existentiel, c’est-à-dire l’expression d’une existence sans réalité, sans valeur. (Larousse) Si le vide est un thème plutôt abstrait au départ, l’auteur dévoile à la petite cuillère toute son horrible réalité.

C’est un roman tordu mais bien ficelé au point d’agripper le lecteur. Les personnages sont froids, aucun attachement possible. L’écriture est descriptive, le langage cru et direct autant pour les scènes sanglantes que les scènes de sexe. D’ailleurs dès le début, l’auteur fait la description fort détaillée d’une orgie assez torride merci. Ce n’est pas une diversion. D’ailleurs, il n’y a aucune diversion dans ce roman.

On aime ou on aime pas. Moi j’ai aimé.  Pas de demi-mesure avec Sénécal. Le lecteur est forcément appelé à se demander ce qui se passe dans l’esprit de l’auteur et comment les choses peuvent dégénérer à ce point. C’est dur et intense…au risque de me répéter…du Sénécal pure laine.

Suggestion de lecture : du même auteur, FAIMS

Patrick Sénécal né en 1967, est un écrivain québécois spécialisé dans le roman *noir*. Il est aussi scénariste et réalisateur. Il publie son premier roman en 1994 : 5150 rue des Ormes, adapté au cinéma en 2009. Il est détenteur  de plusieurs prix littéraires importants dont le prix Boréal du meilleur roman en 2001 (Aliss) et le prix Masterton en 2006 (Sur le seuil)  en plus des distinctions dans les salons  du livre. Il a aussi publié deux romans pour la jeunesse. LE VIDE, est son 7e roman,  le plus médiatisé de son œuvre. Consultez l’article consacré à son livre CONTRE DIEU

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JUIN 2015

ALLONS Z’ENFANTS, le livre d’YVES GIBEAU

*Mais Simon ne revint pas s’assoir à la table.
Réfugié dans sa chambre, et déshabillé,
couché maintenant, il méditait sa rancœur,
accumulait les projets de fuite, de suicide
même, soudain prêt à toutes les tentatives.*
(extrait de ALLONS Z’ENFANTS de Yves Gibeau,
Calman-Lévy, 1952, 357 pages, éd. Num.)

ALLON Z’ENFANTS est l’histoire de Simon Chalumot, 12 ans, que son père, un vétéran de la première guerre mondiale  à l’esprit peu ouvert envoie dans une école militaire pour devenir soldat au service de la patrie. Simon découvrira très vite la discipline brutale des sergents de l’école et la rigidité militaire qui sont  incompatibles avec sa nature. Il deviendra vite rebelle et insoumis et connaîtra les tentatives d’évasion et même de suicide. Cette vie insoutenable durera 10 années pendant lesquelles la bêtise et l’étroitesse  tenteront de *casser* le caractère de l’enfant dont le seul rêve en est un d’espoir et de liberté.

La descente aux enfers de Simon Chalumot

*…et l’élève Chalumot ne mérite aucune clémence,
aucun passe-droit. C’est l’exemple même de la
désobéissance, de l’anarchie, de la rébellion. Je
regrette, cher monsieur, d’avoir à vous dire de
telles vérités…*
(extrait de ALLONS Z’ENFANTS)

ALLONS Z’ENFANTS est l’histoire d’un ado français : Simon Chalumot envoyé de force dans les écoles militaires par son père, ajutant à la retraite…un père raté, incapable, étroit d’esprit et qui ne jure que par la discipline militaire…l’histoire d’une bonne nature d’enfant bousculée, insultée, brutalisée, maladroitement manipulée et considérée valable pour les poubelles de l’armée.

Ce qui m’a le plus frappé dans ce livre, c’est son caractère antimilitariste. En effet, ce n’est pas un livre qui pousse le lecteur à faire copain-copain avec l’armée et les traditions militaires. Gibeau y dénonce la vanité, la domination, la recherche du pouvoir, l’abus de pouvoir et une mentalité complètement déconnectée de la psychologie humaine en général et de celle des enfants en particulier. Les exemples sont nombreux…j’en citerai deux :

*Les militaires de carrière, Chalumot, ce sont tous des feignants, des nuisibles. Tu te vantes de ta retraite, du pognon que t’encaisse  tous les trimestres. À qui il appartient ce pognon Chalumot?…je m’esquinte pour toi tous les jours…pour toi et tes semblables…et Dieu sait s’il y en a de ces propres à rien.

C’est moi encore qui entretiens ton fils, qui lui permets de faire le clown à l’école, avec des zigotos de ton espèce…ton fils, t’es en train de le tuer à petit feu…tu n’es pas son père Chalumot. Pour lui t’es un adjudant, rien qu’un adjudant…*

L’auteur n’est vraiment pas tendre pour les militaires comme le montre cet extrait d’un dialogue entre Simon et un ami de son parrain…

*…Beau métier d’feignant qu’on t’fait faire là. À quoi qu’vous êtes utiles vous autres? J’l’ai dit à ton sacré père, les militaires, c’est la dégoûtation de la France. T’entends?…*

C’est un livre dur, sans compromis…une charge extrêmement critique voire virulente contre l’hypocrisie militaire et la stupidité. Son écriture puissante et caractérielle a provoqué chez moi une forte émotion. Si Simon rencontre dans son histoire quelques rares personnes correctes auxquelles il peut s’identifier, je n’ai pas vraiment senti une recherche d’équilibre de la part de l’auteur.

C’est un jugement sans appel sur la mentalité d’une époque où les enfants et les ados étaient les derniers à être consultés sur leur avenir par leurs parents et plus particulièrement par nombre de pères bornés et bouchés dont l’unique désir reposait sur cette phrase impérative : *marche sur mes pas ou crève.

La finale du livre est particulièrement éprouvante et choquante. Comment ne pas aimer Simon et être troublé par sa souffrance qui résulte de la bêtise et de l’égocentrisme. C’est un bon livre qui garde captif mais il est dur et très direct. J’espère que les choses ont changé. Je sais que les enfants et les ados d’aujourd’hui sont plus entendus, mais sont-ils écoutés?

Suggestion de lecture : ADOPTE-MOI, de Sinead Moriarty

Yves Gibeau (1916-1994) est un écrivain français. Fils de militaire, Yves fût lui-même mobilisé en 1939, prisonnier de guerre en 1940, rapatrié d’Allemagne et démobilisé en 1941. Vivra par la suite de différents boulots : journaliste et même chansonnier. Ses écrits sont de nature hautement pacifiste et évoquent une haine irréversible du militarisme. ALLONS Z’ENFANTS est son livre le plus lu et sûrement le plus caustique sur les milieux militaires qu’il considère comme inutilement bêtes et brutaux.

En complément j’attire votre attention sur l’adaptation cinématographique de ALLONS Z’ENFANTS scénarisée par Yves Boisset et Jacques Kirsner et sorti en France en 1981. Yves Boisset en est le réalisateur.

Dans la distribution, on retrouve Lucas Belvaux dans le rôle de Simon Chalumot et Jean Carmet dans le rôle de l’adjudant Chalumot, le Père de Simon. Le film est surtout axé sur la carrière militaire obligatoire de Simon. Une fois démobilisé, il consacre sa vie à sa passion : la littérature et le cinéma mais il sera vite rattrapé par la deuxième guerre mondiale qui le retourne à l’armée sans qu’il ait le choix encore une fois.

BONNE LECTURE
JAILU
FÉVRIER 2015

INTERNET REND-IL BÊTE ? De NICHOLAS CARR

*Le contenu d’un média a moins d’importance que
le média lui-même pour son influence sur notre
façon de penser et d’agir.*
(Marshal McLuhan extrait de POUR COMPRENDRE LES
MÉDIAS : LES PROLONGEMENTS TECHNOLOGIQUES DE
L’HOMME, cité dans INTERNET REND-IL BÊTE de Nicholas
Carr,   éd. Robert Laffont, t.f. 2011, éd. Num. 280 pages)

INTERNET REND-IL BÊTE est un essai dans lequel Nicholas Carr, critique et spécialiste des nouvelles technologies dévoile les effets collatéraux d’internet sur le cerveau, la pensée, l’intelligence et la vigueur intellectuelle. Carr décrit en détail la fragmentation provoquée par l’avènement et la progression extrêmement rapide de l’ère numérique. Suite à ses constats sur l’emprise d’Internet et des réseaux sociaux , il pose une question cruciale : qu’est devenue notre façon de penser, de lire et d’écrire? Il y a un prix à payer pour l’engouement de la société à Internet et aux nouvelles technologies car l’incidence d’Internet sur l’intelligence humaine est évidente.

*…Il s’est avéré que quand les gens font des
recherches sur le Net, le schéma de leur
activité cérébrale est très différent de
celui qu’ils ont quand ils lisent du texte
semblable à ceux des livres…*
(extrait de INTERNET REND-IL BÊTE)

C’est un ouvrage costaud et rigoureux dans lequel Nicholas Carr développe un long argumentaire visant à démontrer les effets collatéraux d’internet sur notre intelligence et notre raisonnement. L’auteur se base sur des études et des expériences scientifiques sérieuses pour expliquer les répercussions neurologiques de la surutilisation d’Internet et ce, même si, comme Carr le dit lui-même : *L’évolution nous a donné un cerveau capable littéralement de changer d’esprit à tout bout de champ.*

Carr entre dans les moindres détails du fonctionnement des cellules cérébrales, de leur chimie et de leurs interactions pour démontrer la *plasticité du cerveau* et le fonctionnement de la programmation mémorielle. Le raisonnement qui s’ensuit tend à démontrer que les énormes possibilités du Net font de nous des penseurs plus superficiels.

L’auteur vise entre autres les hyperliens, ces fameux liens sur lesquels on clique et qui nous amène vers d’autres liens qui nous amènent encore vers d’autres liens et ça n’a plus de fins. Pour Carr, cette façon de lire (qui n’a aucune espèce de profondeur, contrairement à la lecture linéaire, soit celle d’un bon vieux livre) éparpille totalement notre attention et même notre discernement.

Ce n’est qu’un exemple pour amener le lecteur à comprendre les changements que provoque Internet dans notre façon de lire d’écrire et de penser. La fréquente utilisation d’Internet est d’autant affaiblissante que notre dépendance à cette ressource inépuisable qu’est le web est grandissante et frôle l’irréversibilité.

C’est un livre très crédible malgré certains irritants : le titre d’abord, pompeux et inapproprié par rapport au contenu. Je ne crois pas que je sois devenu bête et je suis toujours capable de m’adonner à une lecture linéaire, de dévorer un bon livre fait de papier et de le lire en profondeur.

Les chapitres sont très longs et la profondeur du sujet traité rend l’ensemble parfois difficile à suivre d’autant que le ton est un peu doctoral. Mais il demeure que ce livre est porteur d’une profonde réflexion concernant les effets d’Internet sur notre physiologie et notre esprit, notre humanité. À ce sujet, Carr cite le célèbre informaticien Joseph Weizeanbaum :

*Le grand danger qui nous menace quand nous devenons plus intimes avec notre ordinateur…c’est de commencer à perdre notre humanité, à sacrifier les qualités mêmes qui nous distinguent des machines. La seule façon de l’éviter, c’est d’avoir la lucidité et le courage de refuser de déléguer à l’ordinateur les plus humaines de nos activités mentales…*

Le raisonnement de Nicholas Carr va dans plusieurs directions, mais pour moi,   il y a convergence vers l’inévitable conclusion que la surutilisation du WEB amène à la paresse intellectuelle  et touche de façon importante notre psychologie cognitive.  Enfin, est-ce que le livre est alarmiste?  Je dirai simplement qu’il est empreint d’un alarmisme sain.

Suggestion de lecture : SANS UN MOT, de Harlan Coben

Nicholas Carr est un auteur américain,  journaliste,  chroniqueur, éditeur et critique très actif, parfois virulent des nouvelles technologies. Il s’est rendu  célèbre avec THE SHADOWS : INTERNET IS DOING TO OUR BRAINS, nominé pour le PULIZER américain. Il y décrit les effets neurologiques d’Internet sur le cerveau. On lui doit aussi BIG SWITCH : REWIRING THE WORLD, FROM EDISON TO GOOGLE traduit en 20 langues. Il a aussi créé un blog mais il est en anglais. On peut le consulter au www.roughtype.com

BONNE LECTURE
JAILU
FÉVRIER 2015

LE PRISONNIER, livre de Thomas DISCH

*-Vous êtes prisonnier numéro 6, C’est aussi simple que cela. -Je doute que, même dans ce village, rien ne soit aussi simple que cela. Je ne suis pas numéro 6, je ne suis pas un prisonnier, je suis un homme libre. (extrait de LE PRISONNIER, Thomas Disch, 1969. Presses de la Renaissance 1979 pour la traduction française. Édition numérique, 295 pages.)

Après avoir démissionné avec fracas, un agent des services secrets britanniques est kidnappé et envoyé dans un joli petit hameau isolé et bien organisé qu’on appelle le Village. Les citoyens du Village ne sont identifiés que par un numéro. Le nouvel arrivant porte le numéro 6. Le village est dirigé par le numéro 2  Son objectif : arracher des renseignements au numéro 6 et comprendre pourquoi il a démissionné et quels sont les secrets d’état qu’il aurait pu vendre éventuellement à l’étranger. Tous les moyens sont bons : drogues, lavage de cerveau, contraintes psychologiques…bons moyens,  mais peu efficaces… son esprit semble impénétrable.

Bonjour chez vous…

*-Où suis-je?
-Au Village.
-Qu’est-ce que vous voulez?
-Des renseignements.

-Vous n’en aurez pas.
-De gré ou de force, vous parlerez.
-Qui êtes-vous?
-Je suis le nouveau numéro 2.
-Qui est le numéro 1?
-Vous êtes le numéro 6…*
-Je ne suis pas un numéro
Je suis un homme libre.
(extrait : Télésérie  LE PRISONNIER)

Le livre de Thomas Disch évoque une des séries les plus énigmatiques de l’histoire de la télévision : LE PRISONNIER, une série de 17 épisodes que j’ai vue et revue et qui m’en apprend encore. Je ne peux faire autrement que de lier les deux intimement aux fins de mon commentaire. Il y a tout de même des différences importantes.

Dans le livre, les villageois ne se saluent pas par un joyeux  BONJOUR CHEZ VOUS.  Cette expression est une trouvaille de Jacques Thébo, la voix française du numéro 6. Autre différence : dans le livre, le numéro 2 ne change pas et on ne le voit pratiquement pas. Le livre est  beaucoup moins enlevé que la série, Disch concentrant davantage l’intrigue sur la pression psychologique exercée sur le numéro 6.

Pour le reste, tout y est : le rôdeur, la sphère gardienne du village, on ne sait pas qui est le numéro 1, le numéro 6 s’échappe une fois et se retrouve à Londres avant d’être repris et ne communiquera jamais les renseignements demandés, etc.

Les lecteurs et lectrices qui ont vu la télésérie feront obligatoirement des liens. Sinon ils découvriront simplement une dystopie un peu étouffante qui n’est pas sans faire réfléchir sur les fondements et les limites de la liberté. Et c’est ici que je veux m’attarder un peu sur le livre de Thomas Disch.

C’est un livre étrange à caractère fortement onirique. En fait, il m’a forcé à jongler avec le rêve et la réalité et dans cette histoire la frontière est fragile. Une phrase captée en cours de lecture illustre bien ma pensée : *Moi je n’ai jamais su avec certitude à quel moment on m’avait sorti de ce foutu aquarium. Les rêves étaient absolument aussi réels que vous l’aviez annoncé. Beaucoup plus réels que tout ça…-Qui peut dire que c’est réel? Cela ne porte aucune des écorniflures de la réalité. Je suis sûre que tant que vous demeurerez au village, vous serez dans le doute…*

Donc c’est parfois difficile de s’y retrouver. Si Disch force le lecteur à se concentrer, il force aussi son admiration car il l’installe dans un labyrinthe psychologique sans entrée ni sortie et dans lequel interviennent des personnages profonds et énigmatiques…gardiens ou geôliers, réels ou oniriques, sympathiques ou belliqueux? C’est un défi pour le lecteur qui pourrait lire le livre 10 fois et en tirer autant d’interprétations.

Ce livre est truffé de double-sens et d’énigmes et met continuellement à l’avant-plan le sens de la réalité du lecteur : *Allez donc donner un coup de pied dans un rocher pour permettre au rocher de prouver à votre pied qu’ils sont aussi réels l’un que l’autre.*

Comme la plupart des dystopies, la trame de cette histoire est complexe et étouffante et ce, même si la cage est dorée. Le numéro 6 est un sujet d’expérience et c’est au lecteur d’en tirer les conclusions car dans le livre, le jeu n’aboutit pas vraiment… une intéressante réflexion sur notre place dans la société et sur la définition de la liberté.

J’ai apprécié la lecture de ce livre mais je sais que je devrai y retourner tôt ou tard. Il est étrange, mais l’idée est originale. Quant à savoir s’il a exercé sur moi la même fascination que la télésérie…alors là, pas du tout mais je pressens toutefois qu’il ferait une excellente base pour le scénario d’un film…

Suggestion de lecture : AU-DELÀ DU RÉEL, livre sur la série culte de Didier Liardet

Thomas M. Disch (1940-2008) est un écrivain américain de science-fiction. Ses premières nouvelles sont publiées en 1960. Il atteint la notoriété avec deux romans à saveur politique : GÉNOCIDE en 1965 et CAMP DE CONCENTRATION EN 1970. En 1969, il publie LE PRISONNIER qui préfigure la série télévisée du même nom. En 1983, pour récompenser l’excellence en littérature de science-fiction, il crée le prix PHILIP K. DICK en hommage au célèbre auteur. Après la mort de son compagnon en 2005 et souffrant de dépression, Thomas Disch se suicide le 5 juillet 2008.

Patrick McGoohan (1928-2009) était un acteur américain. Il connaîtra la consécration de vedette internationale grâce à l’espion britannique JOHN DRAKE qu’il incarne dans la série DESTINATION DANGER au début des années 60. Puis, comme s’il s’agissait d’une suite logique, il conçoit, produit, scénarise et réalise la série LE PRISONNIER. Il a joué dans plus d’une vingtaine de films sans compter les épisodes de Colombo aux cotés de Peter Falk. Il a également prêté sa voix dans un épisode des SIMPSON où il incarnait son propre personnage de la série LE PRISONNIER.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JANVIER 2015

Adopte-moi, le livre de SINÉAD MORIARTY

*…-James, tu ne vas pas le croire…cette adoption
va nous coûter 20 000 dollars.
-Ben je vais peut-être changer d’avis. Bordel, cette
histoire d’adoption, c’est une putain de course
d’obstacles…*
(extrait de ADOPTE-MOI de Sinéad Moriarty,
Pocket, 2009, 265 pages)

Après deux ans *d’essais intensifs* pour avoir un bébé, Emma et James décident de s’investir dans l’adoption d’un enfant sans trop savoir dans quel marathon ils allaient se lancer. Leur choix se porte sur un petit bébé russe. Aux petits problèmes quotidiens, la passion de James pour le sport, la famille un peu tordue d’Emma et les amis qui viennent parfois compliquer la vie, s’ajoute une incroyable course à obstacles obligeant le couple à affronter une tonne de paperasses administratives, l’apprentissage de la langue et de la culture russe et pire encore : convaincre une assistance sociale qui n’entend pas trop à rire. 

Un bébé à tout prix…

*…Où est passée ma petite optimiste?
-Elle s’est fait tabasser à mort par les
esprits diabolique du service des
adoptions…*
(dialogue entre Emma et James,
extrait de ADOPTE-MOI, Sinéad Moriarty)

C’est un  bon petit roman amusant et instructif. Le sujet est original. Il est en effet assez rare qu’un sujet aussi complexe que l’adoption internationale soit développé sous forme de roman.

ADOPTE-MOI est le récit de Emma Hamilton qui dresse un portrait attendrissant et humoristique des multiples courbettes, galipettes et pirouettes qu’elle doit faire, avec son mari James, instructeur d’une équipe de rugby, pour séduire les assistantes sociales de l’adoption internationale, en particulier Dervla, le dragon de service affecté à l’enquête sur la famille Hamilton, une pincée pas commode et dont le sens de l’humour est à revoir.

Dans ce livre, les assistantes sociales ne bénéficient pas d’une grande popularité. Le couple Hamilton réserve à Dervla quelques pensées et blagues plutôt caustiques…*ainsi, la vieille vache était capable de sourire pensai-je amèrement* (pensée d’Emma lors d’un souper réunissant des candidats adoptants)…

*Quelle est la différence entre une assistante sociale et un pitbull? Au moins avec le pitbull, tu as une chance de récupérer un morceau de ton bébé. –Quand vous serez prêt… j’aimerais commencer cet entretien, à moins que vous ne souhaitiez vous débarrasser de quelques autres plaisanteries d’abord…* (dialogue plutôt tendu entre Dervla et Donal, un garant des Hamilton).

Si le roman raconte de façon réaliste les démarches compliquées et parfois démoralisantes de James et Emma Hamilton il raconte aussi le quotidien du couple et à ce niveau non plus, il n’y a pas de longueur et mon intérêt pour l’histoire n’a jamais failli.

L’auteure a placé au cœur de son histoire des personnages qui viennent ajouter du piment et de la vie. Par exemple, Barbara, appelée Babs, la sœur d’Emma, une jeune adulte pourrie, extravagante et allumeuse, Thomas, un enfant mal élevé et détestable, ou Annie, une ado persuadée que son tuteur légal est sa propriété.

La faiblesse de l’ouvrage réside dans ce qui semble une vision presqu’entièrement féminine de l’adoption. On y trouve des sentiments masculins mais ils donnent l’impression d’être remisés. Bref sur le plan littéraire, c’est ce que j’appellerais un *livre de filles*.

Ça vient un peu assombrir la crédibilité de l’ensemble. Mais on trouve dans l’histoire beaucoup de rebondissements, de situations cocasses, de l’humour, de l’énergie. L’écriture est fluide, touchante et sympathique. Un bon moment de lecture.

Suggestion de lecture : 99 FRANCS de Frederic Beigbeder

Sinéad Moriarty est une écrivaine de nationalité Irlandaise. Elle a travaillé à Londres comme journaliste commerciale et comme chargée des communications au projet des Jeux Olympiques de Londres.  Au moment d’écrire ces lignes, elle exerce le métier de *maman* à Londres.

À ce titre, son expérience de maman l’a motivé à écrire *FAIS MOI UN BÉBÉ* en 2004, traduit en une vingtaine de langues,  livre publié chez Plon. Quelques année plus tard, elle récidive avec *ADOPTE-MOI*. Elle travaille à un troisième volume, D’ICI À LA MATERNITÉ qui viendra compléter la trilogie.

EN COMPLÉMENT :
À PROPOS DE L’ADOPTION INTERNATIONALE…

Je vous invite à prendre connaissance d’un reportage du journaliste Baptiste Ricard-Châtelain publié dans LAPRESSE.CA  le 7 janvier 2012. Le journaliste dresse le portrait le plus récent de l’adoption internationale qu’il qualifie de *chemin de croix*. Plusieurs liens sont proposés.

Allez à http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201201/06/01-4483655-adoption-internationale-lillusion-du-bebe-parfait.php Pour ce qui est de l’adoption internationale au Québec, l’idéal pour en savoir plus est encore de visiter le site du secrétariat à l’adoption internationale qui propose aussi plusieurs liens pour une recherche complète. Allez à http://adoption.gouv.qc.ca/accueil.phtml

BONNE LECTURE
Claude Lambert
OCTOBRE 2014

99 FRANCS, le livre de FREDERIC BEIGBEDER

*L’avantage avec la nouveauté,
c’est qu’elle ne reste jamais neuve.
Il y a toujours une nouvelle
nouveauté pour faire vieillir la
précédente.*
(extrait de 99 FRANCS, Frederic Beigbeder,
éditions Grasset, paru en 2000)

99 FRANCS est le récit d’Octave, un concepteur publicitaire égocentrique et blasé  travaillant pour une prestigieuse agence de publicité. Octave se rebelle contre l’étrange moralité du monde complexe de la réclame. Il cherche à être congédié afin de quitter la société avec les avantages sociaux (qu’il n’aurait pas s’il démissionnait)  mais ses patrons refusent obstinément de le virer, lui pardonnant continuellement ses excès. Alors Octave remet tout en question, sombrant dans une vie dissolue et critiquant ouvertement les travers vicieux de ces machines à exploiter l’être humain que sont les multinationales et les entreprises de concepts publicitaires.

Tout s’achète

Oh la la la vie en rose
le rose qu’on nous propose
d’avoir les quantités d’choses
qui donnent envie d’autre chose
aïe on nous fait croire
que le bonheur c’est d’avoir
de l’avoir plein nos armoires
dérisions de nous dérisoires…
(extrait de la chanson FOULE SENTIMENTALE
composée et interprétée par Alain Souchon,
de l’album C’EST DÉJÀ ÇA, 1993)

Ce livre est venu me chercher et ça n’a pas été long. Peut-être est-ce parce que j’ai moi-même évolué dans les sphères de la publicité pendant plusieurs années. Toutefois j’étais très loin des sphères mondiales. J’aurais fait long feu dans une agence sans doute parce que j’ai toujours remis en question l’éthique de la réclame que je trouve très douteuse. Je me pose trop de questions du genre : *est-il vraiment nécessaire de montrer une belle fille aux seins nus et généreux pour vanter les mérites d’une paire de souliers? *

Changer les mentalités dans le domaine de *l’advertising* est impossible. Frederic Beigbeder a essayé et il s’est cassé le nez. Il sait de quoi il parle ayant évolué lui-même une dizaine d’années dans la publicité internationale. Dans 99 FRANCS, il fustige copieusement le monde de la publicité. Pour ce faire, il laisse la parole au personnage qu’il a créé : Octave Parango, concepteur publicitaire de haut niveau qui nous livre un récit vitriolé de ses observations sur les tendances perverses et vicieuses de la publicité.

Par le biais de Parango, l’auteur ne fait pas dans la dentelle. Les couleurs sont annoncées dès le début du livre : *…eh oui, je pollue l’univers. Je suis le type qui vous vend de la merde. Qui vous fait rêver de ces choses que vous n’aurez jamais…J’ai trois vogues d’avance et m’arrange toujours pour que vous soyez frustré. Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce  que les gens heureux ne consomment pas.*

Dans son livre, l’auteur se fout de l’effet qu’il peut produire. Ce n’est pas pour me déplaire car chercher à être trop gentil peut contribuer à euphémiser la vérité. Vous êtes donc averti avant d’entreprendre la lecture de ce livre. Il est très incisif et son langage est assez cru.

*En général, quand on commence un livre, il faut tâcher d’être attachant et tout mais je ne veux pas travestir la vérité : je ne suis pas un gentil narrateur. En fait, je serais plutôt du genre grosse crapule qui pourrit tout ce qu’il touche. L’idéal serait que vous commenciez à me détester avant de détester l’époque qui m’a créé.*

Malgré son humour grinçant, sa crudité parfois audacieuse, un étalage d’états d’âme un peu lassant surtout dans la deuxième partie et une finale un peu bizarre,  99 FRANCS est un roman satirique très bien documenté, porteur d’une profonde réflexion sur l’extraordinaire pouvoir de la publicité manipulatrice et corruptrice. L’auteur met bien l’emphase sur le pouvoir de la réclame, allant même jusqu’à dire que c’est la publicité qui a porté Hitler au pouvoir.

C’est un roman acide et encore, pour mettre l’emphase sur ses propos, l’auteur ajoute à son œuvre quelques pages de publicités abracadabrantes et encore, avec un maximum de mauvais goût. Les opinions qui y sont exprimées sont radicales surtout de la part d’une personne qui a *craché dans sa soupe*, mais à aucun moment de ma lecture, j’ai senti qu’il avait tort.

Frederic Beigbeder est né en France en 1965. Sa carrière est brillante et placée sous le signe de la polyvalence : écrivain, critique littéraire, publicitaire, chroniqueur et éditeur. C’est aussi un passionné de littérature. Il a plusieurs titres à son actif dont MÉMOIRE D’UN JEUNE HOMME DÉRANGÉ et WINDOWS ON THE WORLD.

C’est en mettant à profit sa vaste expérience de publicitaire que Frederic Beigbeder a signé son plus gros succès : 99 FRANCS en 2000.

Je signale enfin que Frederic Beigbeder a créé le prix de Flore qui récompense chaque année un auteur au talent prometteur, et qu’il a contribué avec Lionel Aracil, à la création du PRIX SADE remis chaque année pour récompenser un auteur singulier et honnête homme, selon la définition de son siècle. Un authentique libéral qui sera parvenu par-delà les vicissitudes de la Révolution et l’emprise de l’ordre moral, à défaire les carcans de la littérature comme ceux de la politique. (Extrait du site internet officiel du Prix de Sade).

Cette contribution est tout à fait compatible avec la personnalité de Beigbeder qui a la réputation d’un homme extravagant et provocateur et qui déclare lui-même aimer l’argent, les sorties et la vie à *cent à l’heure*.

Suggestion de lecture : INTERNET REND-IL BÊTE, de Nicholas Carr

En complément, je signale que 99 FRANCS de Frederic Beigbeder a été adapté à l’écran en 2007 par le réalisateur Jan Kounen. Beigbeder a collaboré à la réalisation. Ce film met en vedette Jean Dujardin qu’on dit excellent dans le rôle d’Octave Parango (parce que très capable de jouer le rôle d’un personnage qu’on aime détester). 

On retrouve aussi dans la distribution Jocelyn Quivrin et Vahina Giocante. Notez que le comédien Gilbert Ponté avait déjà fait une version théâtrale de 99 FRANCS en 2002 au théâtre Trévise. Il y jouait seul sur scène. La critique du film est divisée. Allo-Ciné lui a attribué tout juste la note de passage.

À lire

BONNE LECTURE
Claude Lambert
OCTOBRE 2014

Et vous trouvez ça drôle ? Le livre de COLUCHE

*Nous organisons un grand concours
de chèques à mon nom. Le plus gros a
gagné*
(extrait de ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE de
Coluche,  Le livre de Poche, France Loisirs,
2000, 112 pages , éd. Num.)

ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE est un ouvrage en deux parties. On y retrouve d’abord un recueil de blagues, pensées humoristiques, remarques et aphorismes à saveur de critique sociale, extraits de conférences et d’émissions de radio et de télévision animées par Coluche au cours de sa carrière.

Dans la deuxième partie, l’éditeur propose la transcription d’une très intéressante conférence faite par Coluche le 27 février 1986 à la loge Locarno 72 du Grand Orient de France. Cette conférence portait sur les nouveaux pouvoirs ainsi que sur les évènements et les motivations qui ont conduit à la création des RESTOS DU CŒUR. (Voir complément cinéma et anecdote à la fin de l’article)

COLUCCI : de l’humour et du cœur
*De toute manière, il y a un truc qui est sûr, c’est que
j’ai trouvé un créneau, et tant que je parlerai au
public, je leur parlerai de ça. Je leur parlerai de la
possibilité qu’ils ont de débarrasser le pouvoir de
ce qu’il ne fait pas ou de ce qu’il fait mal.*
(extrait d’une conférence de Coluche, le 27 février 1986
et consignée dans son livre ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE)

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*Lolita a plus d’parrain
nous on a plus notre meilleur copain
t’étais un clown mais t’étais pas un pantin
enfoiré on t’aimait bien
maintenant on est tous orphelins
putain d’camion, putain d’destin, tiens ça craint*

(Extrait de la chanson PUTAIN DE CAMION de Renaud Séchan, sortie en 1988 en mémoire de son ami Coluche, mort en 1986 en percutant un camion avec sa motocyclette. La chanson est dédiée aux enfants de Coluche Marius et Romain ainsi qu’à la fille de l’auteur, Lolita Séchan, filleule de Coluche.)

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Je voulais en savoir plus sur Coluche. Bien sûr, rien ne vaut une bonne biographie, mais j’étais essentiellement attiré par la chaîne d’évènements qui a préludé à la création des RESTOS DU CŒUR. ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE est donc un opuscule en deux parties. J’ai passé rapidement sur la première partie,  un recueil de blagues et de pensées humoristiques parfois à saveur politique ou idéologique.

Bon c’est de l’humour français…on aime ou on n’aime pas. Ça m’a fait sourire un peu…pas plus. Coluche est beaucoup plus drôle quand on le voit que quand on le lit. Au cinéma, sa présence est puissante et transcende n’importe quel scénario.

J’ai été beaucoup plus captif de la deuxième partie qui est la transcription d’une conférence dans laquelle Coluche s’exprime sur les nouveaux  pouvoirs et c’est dans cette partie que j’ai compris les motivations de Coluche, le sens de son implication sociale et son altruisme.  Mon objectif était de mieux comprendre l’homme et j’ai atteint cet objectif.

Louis Dalmas, responsable de la loge Maçonnique  Locarno a bien cerné Coluche en décrivant les trois ressorts qui le motivent : provocation, satire, générosité. Dalmas n’a pas manqué de faire le lien entre Coluche et le grand Molière dont la plume était plutôt vitriolique face à l’avarice, la cupidité et l’hypocrisie.

En fait, avec son langage éclaté habituel, Coluche nous pousse à une réflexion très sérieuse sur le pouvoir du show-business. C’est d’ailleurs ce nouveau pouvoir qui a amené la création des restos du cœur et la réalisation de nombreux gestes de solidarité.

Ce pouvoir est supérieur à celui de la Presse. Coluche ne se gêne pas pour le dire…je cite : *…nous, on fait une profession de générosité, alors que les journalistes font une profession qui est très proche de la méchanceté.*

Je pourrais dire, de façon peut-être un peu plus euphémique que les journalistes atteignent la tête et que les artistes atteignent le cœur. Ça donne aux artistes un pouvoir extraordinaire qui n’a pas de frontière. Coluche ne prétend pas détenir la vérité absolue, mais son argumentaire pourrait pousser le lecteur à tirer des conclusions intéressantes.

Michel Colucci (1944-1986) était un comédien et humoriste français, né de famille italienne. Dès l’âge de 15 ans, il devient chanteur et à partir de 1974, obtient la notoriété  comme comédien à la radio et à la télévision, puis comme acteur au cinéma.

Il utilise son humour caustique pour dénoncer les travers de la société en matière de religion, de morale et de politique. Il va jusqu’à se présenter aux élections présidentielles de 1981 avec comme slogan : *je vais foutre la merde*. Il finit par se retirer. François Mitterand devait-il être soulagé?

Suggestion de lecture : LOUIS DE FUNÈS, de Brigitte Kernel

BONNE LECTURE
JAILU
JUILLET 2015

VOIR LE COMPLÉMENT CINÉMA ET ANECDOTE