*…La maison devait les contenir.
Et une fois entrés,
ils n’en sortiraient jamais.*
(Extrait du prologue de L’ASILE de
Madeleine Roux, HarperCollins 2013,
t.f. : Éditions AdA, 2017. Édition de
papier, 320 pages)
Dan Crawford, un ado de seize ans participe à un programme estival pour étudiants doués préparatoire du Collège du New Hampshire. À son arrivée, Dan apprend que la résidence estivale habituelle a fermé ses portes, obligeant les étudiants à demeurer dans un édifice qui tombe en ruines, Brookline – un ancien hôpital psychiatrique. À mesure que Dan et ses deux nouveaux amis, Abby et Jordan, explorent les couloirs sinueux et le sous-sol dissimulés de Brookline, ils découvrent des secrets troublants sur les événements survenus entre ses murs… Brookline n’était pas un hôpital psychiatrique ordinaire.
TROUBLANTES EAUX TROUBLES
*Brookline exerce une emprise sur les gens.
Ça a toujours été le cas. C’est la prophétie
autoréalisatrice de la démence. Si quelqu’un
te dit assez souvent que tu es fou, au bout
du compte, ça devient la réalité.*
(Extrait : L’ASILE)
Vous avez sans doute lu le synopsis un peu plus haut, et vu la page couverture. C’est exactement ce qui m’a attiré et poussé à la lecture de ce livre, en plus du fait que je ne connais pas l’auteure. Comme j’aime découvrir de nouveaux auteurs, je me suis lancé. Je me suis vite rendu compte que ce livre n’est qu’une autre variation sur un thème surexploité en littérature et au cinéma.
En effet, l’action se déroule dans un ancien établissement de santé mentale qu’on appelait à une certaine époque *ASILE*, réservait à plusieurs de ses patients des traitements aussi barbares qu’inutiles au nom de l’expérimentation médicale bien sûr mais aussi trop souvent pour assouvir les passions de médecins sadiques et tordus. Des âmes prisonnières rôdent dans les sous-sols de l’établissement qui accueille des étudiants en pension.
Ce qui m’a gardé dans l’histoire, c’est surtout l’atmosphère qui s’en dégage. J’ai eu de la difficulté avec le reste. L’histoire tourne autour de Dan, 15 ans. Il se lie d’amitié avec Abby et Jordan. Le trio nouvellement formé est bizarre et désassorti. Je n’ai pas pu vraiment m’attacher aux personnages : Dan a été balloté de famille d’accueil en famille d’accueil pour finalement être adopté. Il devient parfois lunatique et a des blancs de mémoire.
Jordan est un homosexuel qui vient de faire son coming out et vit avec la peur constante d’être rejeté. Son caractère est un peu instable. Abby est une petite boute en train, drôle. L’intrigue prend le dessus sur une amourette mais a une misère noire à décoller et, finalement n’aboutira jamais, du moins pas dans ce tome. J’ai trouvé cet aspect de l’histoire frustrant, quelconque et simpliste.
Donc, pour ce qui est de l’histoire, c’est du déjà vu, tout comme le fait par exemple que les trois principaux personnages découvrent, pendant leur enquête qu’ils ont un lien mystérieux avec l’établissement et son passé. Je pense que l’auteure a fait un effort pour rendre le tout intéressant. L’intrigue est évolutive car le lecteur se posera la question jusqu’à la fin : Qui est l’auteur des meurtres ? Ce n’est pas simple je vous assure. Le mystère est bien entretenu jusqu’à la fin.
Et, ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce livre et qui vient compenser les faiblesses, c’est cette atmosphère…ce non-exprimé de mystère et ça s’épaissit au fur et à mesure que les jeunes descendent dans les sous-sols de l’établissement pénétrant ainsi dans les arcanes de la peur.
Évidemment, ça vient réactualiser les incroyables excès dont ont été victimes de nombreuses personnes handicapées mentales au milieu du 20e siècle. Dans la deuxième moitié du récit, le paranormal transpire presque dans chaque page.
Enfin, il y a deux finales dans ce livre : la petite, qui tient sur quelques chapitres, et la grande qui tient sur deux lignes et qui pourrait vous donner la chair de poule pour autant que l’histoire vous a vraiment accroché. Évidemment la grande finale appelle à une suite qui est d’ailleurs connue au moment d’écrire ces lignes, elle s’intitule LE SANCTUAIRE.
À la fin de L’ASILE, l’éditeur a pensé vous donné une idée de la suite en publiant le chapitre 1. Ça n’apprend rien sur rien sinon que Dan s’ennuie un ptit peu d’Aby et de Jordan. À mon avis, l’éditeur aurait dû s’abstenir ou mettre quelque chose d’un peu plus accrocheur.
Voilà…ça ne réinvente pas le genre paranormal…PARANORMAL ACTIVITY, CONJURING, BLAIR PROJECT, POLTERGEIST…il y a un peu de tout même si l’ensemble est quand même un peu moins paniquant et évoque sans y croire vraiment le syndrome de la personnalité multiple ou double-personnalité.
J’aurais souhaité que les relations interpersonnelles du trio de jeunes soient un peu moins insignifiantes, mais tout de même, l’intrigue est là et le mystère aussi. Ça se lit vite, chapitres courts sans trop de longueurs. Plume efficace.
Madeleine Roux est titulaire d’un baccalauréat en écriture créative et en interprétation du Collège Beloit en 2008. L’année suivante, elle a terminé un baccalauréat spécialisé proposant, rédigeant et présentant un roman de fiction historique complet. Peu de temps après, elle a commencé le blog de fiction expérimental Allison Hewitt Is Trapped qui s’est rapidement répandu dans toute la blogosphère, apportant une expérience unique de fiction en série aux lecteurs.
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Le vendredi
3 avril 2020